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01/08/2011
«Viola di gamba»
Georg Philipp Telemann : Concerto pour flûte, viole de gambe et basse continue en la mineur – Sonate en mi mineur pour viole de gambe et basse continue TWV 41:e5 – Sonate en la majeur pour flûte traversière, violon, viole de gambe et basse continue TWV 43:A1 – Sonate en la mineur pour viole de gambe et basse continue TWV 41:a6 – Sonate en ré majeur pour viole de gambe TWV 40:1 – Concerto en sol mineur pour hautbois, violon, viole de gambe et basse continue TWV 43:g2

Michael Oman (flûte), Marc Hantai (flûte traversière), Alfredo Bernardini (hautbois), Armonico Tributo Austria, Lorenz Duftschmid (viole de gambe et direction)
Enregistré en l’église évangélique de Vienne (21-26 mai 1996) – 69’08
Disque Arcana A 312 (distribué par Harmonia mundi) – Notice multilingue exhaustive (italien, anglais, français et allemand) de Brit Reipsch





L’examen attentif du catalogue des œuvres composées par Georg Philipp Telemann (1681-1767) donne le tournis! Pour ne s’en tenir qu’au seul ensemble des œuvres concertantes, on constate que Telemann aura composé aussi bien pour la flûte (à bec ou traversière) que pour le hautbois (de chasse ou commun), pour la trompette que pour le chalumeau, pour le cor de chasse que pour l’alto... Autant dire qu’il a véritablement exploité l’ensemble du spectre instrumental que lui offrait son époque.


Au sein de cet ensemble, la viole de gambe occupe une place relativement réduite puisque, au sens strict, on ne compte, sauf erreur, que quatre concertos où la viole fait office de soliste. Outre le Concerto TWV 52 :a 1 en la mineur (pour flûte à bec et viole de gambe, cordes et basse continue) qui est ici interprété, on distingue en effet le Concerto TWV 51 : A 5 en la majeur, le Concerto TWV 52 : F A1 en fa majeur pour flûte à bec, viole de gambe, cornet, trombones, cordes et basse continue (quel aréopage!) ainsi que, à quelques variantes près en ce qui concerne l’instrument considéré, le Concerto TWV 53 : E 1 en mi majeur pour flûte traversière, hautbois d’amour, viole d’amour, cordes et basse continue. Par ailleurs, on décèle dans l’œuvre de Telemann un nombre important de pièces de musique de chambre où la viole de gambe est seule soliste ou fait au moins partie des instruments requis: il s’agit essentiellement de trios et de sonates.


Le présent disque nous offre ainsi un très beau panorama de ce que Telemann a pu offrir à la viole de gambe, dépassant en qualité les témoignages livrés notamment par Siegfried Pank (Raumklang) et, surtout, par Hille Perl, épaulée par le Freiburger Barockorchester dans un disque pourtant de haute volée (Deutsche Harmonia Mundi). D’où vient alors ce léger supplément d’âme qui vient ainsi couronner ce disque? En premier lieu peut-être, des conditions d’enregistrement qui donnent à chaque instrument une clarté et une individualité que ne possèdent pas toujours les deux disques précités. En second lieu, évidemment, de l’interprétation elle-même qui bénéficie de solistes inspirés. Dans le Concerto en la mineur, Michale Oman (flûte droite), Walther Rumer (au violone) et Lorenz Duftschmid (viole de gambe) instaurent une véritable discussion, aucun instrument ne tirant la couverture à lui, chacun participant aussi bien que possible à la réalisation d’ensemble. Le premier Allegro est ainsi exemplaire, les musiciens se moquant au surplus comme d’une guigne des difficultés technique de la partition, pourtant évidentes et nombreuses. Le second concerto présenté (il s’agit du TWV 43 : g 2) est tout aussi passionnant, Telemann prouvant une fois encore que le maître-mot permettant de caractériser son œuvre est bien la variété puisque, comme le souligne Gilles Cantagrel, «diversité et souplesse de la forme: chaque morceau invente son propre cadre» (Georg Philipp Telemann, Editions Papillon, collection «Mélophiles»). La lente et grave introduction, confiée au hautbois et au violon, la viole n’intervenant qu’en forme de contre-jour, n’est qu’un leurre pour l’auditeur tant la joie et la verve du Vivace qui lui succède instaurent un climat enjoué et insouciant. Quant au dernier mouvement, de nouveau un Allegro, saluons comme il se doit son caractère emporté et volontaire, fondé sur des motifs cycliques au charme immédiat.


Les quatre autres œuvres proposées sur ce disque, bien que toutes qualifiées de sonate, sont, en vérité, très différentes. Deux d’entre elles font intervenir la viole de gambe seule, accompagnée ou non d’une basse continue. Or, contrairement à ce que l’on pourrait éventuellement imaginer, ce n’est pas le dépouillement qui frappe l’oreille mais davantage la simplicité des interventions et des motifs, sans que cela n’altère d’ailleurs en rien la richesse de la mélodie et de la rythmique. Qu’il s’agisse ainsi de l’Allegro de la Sonate en mi mineur ou du Vivace de la Sonate en ré majeur pour viole de gambe seule, les sonorités dégagées par Lorenz Duftschmid s’avèrent apaisantes et emplies d’une véritable générosité sonore tant les graves résonnent longtemps dans notre esprit. De même, la Sonate en la mineur sait rapidement éviter l’austérité pour préférer se promener sur des thèmes enjoués ou doucement indolents, rien ne semblant pouvoir distraire l’instrumentiste de ces douces mélopées. Quant à la Sonate en la majeur, destinée à la flûte traversière, au violon, à la viole de gambe (ou au violoncelle comme le spécifient également la Sonate TWV 43 : A 3 ou certains quatuors), accompagnés comme il se doit d’une basse continue, il s’agit d’une pièce véritablement multicolore qui sait, avec adresse, passer du climat printanier du Soave à celui, plus mélancolique, de l’Andante, preuve encore une fois qu’avec peu de moyens à sa disposition, Telemann savait jouer admirablement sur le registre de la diversité.


Le site de l’ensemble Armonico Tributo Austria


Sébastien Gauthier

 

 

 

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