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01/04/2011
Robert Schumann : Variations Abegg, opus 1 – Toccata, opus 7 – Scènes d’enfants, opus 15 – Etudes sur un thème de Beethoven – Carnaval, opus 9 – Trois Romances, opus 28 – Arabesque, opus 18 – Albumblätter, opus 124 – Blumenstück, opus 19 – Sept pièces en forme de fughettes, opus 126 – Thème et variations « Geistervariationen »
Eric Le Sage (piano)
Enregistré à l’heure bleue, La Chaux-de-Fonds (avril 2010) – 153’26
Double album Alpha 169 (distribué par Harmonia mundi)
Avec ce onzième volume, la série «Klavierwerke & Kammermusik» de Schumann par Eric Le Sage arrive à son terme. Illustré par une superbe peinture de Ferdinand Georg Waldmüller finement commentée par Denis Grenier, ce double album propose un échantillon représentatif de la production pianistique du compositeur, de l’alpha (Variations Abegg) à l’oméga (Geistervariationen). En effet, la programmation bien pensée de chaque volume évite que ce digipack ne recèle que des œuvres mineures et négligées. Le pianiste se retrouve donc seul après avoir été accompagné par Frank Braley, Paul Meyer ou Gordan Nikolitch, pour ne citer que quelques compagnons de routes parmi ceux remerciés dans la notice (en français et anglais).
Cet ultime rendez-vous sera apprécié à sa juste valeur par les schumanniens fervents grâce à une interprétation de premier ordre. Celle-ci porte une attention égale à chaque ouvrage, que cela soit les Variations Abegg, qui allient souplesse et fermeté, ou un Carnaval éloquent, à la fois fouillé, cohérent et plein d’esprit. Chopin n’aurait pas désavoué le lyrisme qu’y déploie le pianiste aixois qui pousse très loin la réflexion sur le texte, ce qui se perçoit tout particulièrement dans les Scènes d’enfants dont les émotions sont exprimées avec retenue et authenticité. Caractérisée de la sorte, empreinte de tendresse et d’espièglerie, cette version irrésistible renforce son pouvoir évocateur et descriptif – sans doute une référence moderne. La déclamation reste, en outre, toujours simple et naturelle, une qualité qui se manifeste dans les Trois Romances, l’Arabesque et le Blumenstück. Autres constantes, la variété de la dynamique, l’articulation et le sens de la forme, illustrés dans une Toccata robuste et entraînante et les Sept pièces en forme de fughettes, sorte d’hommage tardif à Bach. Eric Le Sage en révèle la résignation humble et bouleversante, pour reprendre les termes si pertinents de Brigitte-François Sappey dans son texte de présentation passionné et passionnant.
Assemblées seulement en 1976 à partir de manuscrits datés de 1831 à 1835, exécutés avec conviction, les Etudes sur un thème de Beethoven méritent d’être mieux connues. Les Feuillets d’album forment en comparaison un cahier plus disparate mais le pianiste peaufine chaque pièce et passe avec aisance de l’une à l’autre. Point final de cette entreprise magnifique, le Thème et variations, ultima verba de Schumann, qui, grâce à un jeu aussi peu spectaculaire que possible, semble inerte et presque éteinte. Eric Le Sage et Alpha pensent-ils maintenant à une autre intégrale équivalente? Pourquoi pas Brahms?
Sébastien Foucart
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