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11/18/2010
Georg Friedrich Händel : Rinaldo, HWV 7a

Paul Esswood (Goffredo), Ileana Cotrubas (Almirena), Carolyn Watkinson (Rinaldo), Charles Brett (Eustazio), Ulrik Cold (Argante), Jeanette Scovotti (Armida), Armand Arapian (Un mage chrétien, Un hérault), Sophie Boulin (Une femme, Une sirène), Marie-Françoise Jacquelin (Une sirène), La Grande Ecurie et La Chambre du Roy, Jean-Claude Malgoire (direction)
Enregistré en l’église Notre-Dame-du-Liban, Paris (19-23 mai 1977) – 171’33
Coffret de trois disques Sony («The Sony Opera House») 88697576412 – Synopsis trilingue (français, anglais, allemand)





Même si certains trouvent aujourd’hui de bon ton de railler, voire de mépriser de manière ostensible, Jean-Claude Malgoire, figure passéiste de la musique baroque et classique dans notre pays, comment oublier son travail précurseur? Qui n’a jamais été séduit par sa Water Music publiée voilà près de trente ans chez CBS? Qui n’a jamais jeté une oreille attendrie à son Serse, enregistré en 1979 avec une distribution dominée par Carolyn Watkinson et Barbara Hendricks, ou à son Tamerlano gravé en 1983, témoignant ainsi d’un indéniable esprit de découverte et de profondes affinités avec le répertoire de Georg Friedrich Händel (1685-1759)? Enfin, qui n’a jamais abordé Rinaldo avec Malgoire, lui qui l’a également si souvent dirigé à la scène à la tête de son ensemble légendaire La Grande Ecurie et La Chambre du Roy? Enregistré en mai 1977, cet opéra ne connaissait alors qu’une seule autre gravure concurrente, réalisée quelques mois plus tôt (décembre 1975) par Lawrence Foster avec l’immense Marilyn Horne dans le rôle-titre. Depuis, plusieurs enregistrements ont été effectués, dominés aujourd’hui par les versions dirigées par Christopher Hogwood (chez Decca avec une Cecilia Bartoli et un David Daniels superlatifs) et, surtout, René Jacobs chez Harmonia mundi, Vivica Genaux chantant le rôle-titre. Est-ce à dire pour autant que la version Malgoire est totalement dépassée et ne mérite plus qu’une oreille distraite, voire un regard condescendant?


Certes, le style orchestral en vigueur en 1977 peut parfois prêter à sourire. Il n’est naturellement pas question de nier la qualité des instrumentistes: quel pupitre de cuivres (cors et trompettes) et quelles timbales (notamment à la scène 5 de l’acte I dans l’air d’Eustazio «Sibillar gli angui d’Aletto» ou dans l’air de Rinaldo «Or la tromba in suon festante» à la scène 9 de l’acte III) qui rappellent des Royal Fireworks endiablés par les mêmes interprètes. De même, le pupitre de hautbois est excellent (l’air de Rinaldo «Abbruccio, avvampo e fremo» à la scène 7 de l’acte II), sans compter des bassons, flûtes et cordes tout aussi impliqués dans le fourmillement sonore d’une partition extrêmement riche. Pour autant, on ne peut pas adhérer pleinement à l’interprétation de Malgoire, qui est trop souvent enclin à adopter un rythme retenu nuisant à l’atmosphère de tel ou tel passage et finissant par desservir l’intrigue. C’est notamment le cas au premier acte dans le superbe air de Goffredo «No, no, che quest’alma scontenti non dà» (scène 3) et dans le non moins célèbre air d’Almirena «Augelletti che cantate» (scène 6). A l’évidence, l’élan (et, parfois, l’excessive rapidité) qui est aujourd’hui de mise dans le répertoire baroque n’était visiblement pas la règle de conduite de Malgoire même si, dans plusieurs autres passages de l’opéra, la vivacité est bien présente et entraîne sans difficulté l’auditeur.


Les chanteurs sont également éloignés de l’esthétique et du style baroques que nous connaissons aujourd’hui. Il n’empêche: quelle équipe! Carolyn Watkinson campe un superbe Rinaldo: sa voix qui, ne serait-ce son prénom, ne permet pas à la seule écoute de savoir s’il s’agit d’une femme ou d’une haute-contre (ceci est particulièrement frappant dans l’air «Ogn’indugio d’un amante è una pena» à la scène 1 de l’acte I), est d’une stupéfiante beauté. Elle donne ainsi ses lettres de noblesse aux airs qui lui sont dévolus et demeure à ce jour une des grands interprètes du rôle. Dans les voix masculines, Ulrik Cold (qui chante le rôle d’Argante) est excellent de bout en bout: sa voix puissante fait véritablement merveille dans ses airs «Sibillar gli angui d’Aletto» (scène 3 de l’acte I) ou «Vieni, o cara, a consolarmi» (scène 4 du même acte). Ileana Cotrubas (Almirena) chante avec doigté sa partie (le fameux «Lascia ch’io pianga mia cruda sorte», scène 4, acte II) sans pour autant nous bouleverser et, compte tenu de ses prestations dans d’autres œuvres, il faut bien avouer qu’elle nous déçoit franchement. Jeanette Scovotti, en revanche, se révèle dans le personnage d’Armida (notamment dans la scène 8 de l’acte II) et tient toute sa place au sein de l’équipe vocale conduite par Jean-Claude Malgoire. On regrette néanmoins que ce dernier dirige certains airs trop lentement: dans l’exercice de la comparaison, le duo Almirena–Rinaldo incarné par David Daniels et Cecilia Bartoli surpasse très largement la prestation livrée ici par Ileana Cotrubas et Carolyn Watkinson. Autant de raisons pour lesquelles on préfèrera recommander une des versions les plus récentes, la gravure effectuée par Jean-Claude Malgoire devant surtout être appréciée au regard de l’époque à laquelle elle a été enregistrée.


Le site de Jean-Claude Malgoire et de l’ensemble La Grande écurie et La chambre du Roy
Le site de Paul Esswood


Sébastien Gauthier

 

 

 

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