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11/16/2010
Henry Purcell : Cease, anxious World – A new Irish tune Z. 646 – Soft Notes, and gently rais’d – A New Ground Z. T682 – Amidst the Shades – A Prince – When first Aminta’s su’d for a kiss – Here the Deities – Prelude – Sweeter than roses – Ground Z. D221 – Music for a while – Dear pretty youth – O let me weep – Sonate en trio Z. 780
Gottfried Finger : Sonate à trois

La Rêveuse: Julie Hassler (soprano), Stéphan Dudermel (violon), Florence Bolton (dessus et basse de viole), Angélique Mauillon (harpe triple), Bertrand Cuiller (clavecin et orgue), Benjamin Perrot (théorbe et direction)
Enregistré au Temple de Lourmarin (février 2007) – 60’
Mirare MIR 033 (distribué par harmonia mundi) – Notice de Florence Bolton et traduction trilingues (français, anglais, allemand) des textes chantés





«Odes & Songs»
John Blow : An Ode on the Death of Mr. Henry Purcell (+ *)
Henry Purcell : Here let my Life (+) – But ah, I See Eusebia Drown’d in Tears (*) – Symphony for the Flutes – Strike the Viol (+) – Her charming Strains (*) – Chaconne for two flutes and continuo – A Song in the Prophetess (+) – Symphony for the Flutes – No, no Resistance is but Vain (+ *) – I Loved Fair Celia (+) – Sweetness of Nature (+ *)
Carlos Mena (+), Damien Guillon (*) (contre-ténors), Ricercar Consort: Kees Boeke, Gaëlle Lecoq (flûtes à bec), Eduardo Egüez (théorbe), Maude Gratton (clavecin), Philippe Pierlot (basse de viole et direction)
Enregistré au Temple de Lourmarin (octobre 2009) – 58’
Mirare MIR 109 (distribué par Harmonia mundi) – Notice exhaustive de Alan J. Howlett et traduction trilingues des textes chantés (français – anglais – allemand)





Qui peut aujourd’hui croire que Henry Purcell (1659-1695) est tombé dans l’oubli pendant près de deux siècles, les Anglais n’ayant redécouvert son œuvre qu’en 1895, année de lancement des festivités pour le bicentenaire de sa mort? Ainsi, après que le critique (également compositeur) Donald F. Tovey eut avoué qu’il ne connaissait «aucun cas comparable d’un génie musical tombé si manifestement au mauvais endroit et au mauvais moment», le compositeur Gustav Holst déclara publiquement admirer «le don de Purcell pour la mélodie». La réhabilitation était en marche. Pour autant, le disque n’a jamais fait beaucoup d’honneur à ses multiples petites pièces vocales et instrumentales, préférant les ors de ses grandes œuvres, qu’il s’agisse des opéras Dido and Aeneas ou The Fairy Queen ou des grandes odes comme la fameuse Hail, bright Cecilia!.


Il faut bien avouer que, au premier abord, ces deux disques offrent une mélodie qui peut sembler fruste, aride, voire simple (sans jamais être simpliste), la voix n’étant généralement accompagnée que d’un ou deux instruments dans la gravure réalisée par le très bon ensemble La Rêveuse. Au sein du premier opus proposé, on trouve quelques pièces purement instrumentales destinées au clavecin, à la harpe triple (A new Irish tune, pièce rappelant l’atmosphère de cour, bercée d’un doux rythme ternaire) ou au violon: les mélodies sont généralement sans grande surprise, sans recherche d’effet, mais touchantes dès la première note. Pour autant, ces lignes ne possèdent pas la richesse évocatrice que peuvent avoir certaines compositions de Telemann ou Händel pour prendre l’exemple de deux contemporains de Purcell. Le chant est plus intéressant, magnifiquement servi par la voix pure et délicatement théâtrale de Julie Hassler. Celle-ci sait, de manière très adroite, varier les climats requis par l’œuvre: ainsi, dans Amidst the Shades, elle déclame un chant triste qui devient gai avant, de nouveau, d’être vaincu par la gravité retrouvée (à partir des mots «But what can his sad Soul inspire»). De même, Julie Hassler sait parfaitement dialoguer avec les instruments lorsque certains morceaux offrent ainsi l’occasion d’un échange (écoutez notamment Here the Deities). Surtout, on écoutera avec un réel plaisir les autres pièces chantées de Purcell qui se caractérisent par une certaine naïveté, notamment dans le contenu des paroles ou de l’histoire ainsi narrée (le chant teinté d’allégresse de When first Aminta’s su’d for a kiss raconte ainsi comment une jeune femme a perdu sa virginité avec le héros Aminta, Sweeter than roses qui illustre les changements d’état d’âme d’une jeune femme ayant reçu un baiser de la part de son amant...). Naïveté également dans la métaphore des interventions instrumentales qui, dans l’air Soft Notes, and gently rais’d, permet ainsi au théorbe de marquer délicatement la pulsation, strict parallèle au battement du pouls chanté par la voix toujours aussi expressive de Julie Hassler.


Le second disque débute certainement par sa plus belle pièce qui, à défaut d’être de la plume de Purcell, a été écrite en son hommage. Il s’agit en effet de l’Ode sur la mort de M. Henry Purcell composée en 1696 par John Blow (1649-1702), élève puis ami du compositeur. Cette œuvre justement célèbre, destinée à deux contre-ténors et deux flûtes à bec, a fait l’objet de nombreux enregistrements dominés par les versions gravées par Alfred et Mark Deller en 1970 (Harmonia mundi), par René Jacobs et James Bowman (Seon) et par Michael Chance et James Bowman de nouveau (Hyperion). Il faudra désormais compter avec la présente version. Carlos Mena et Damien Guillon allient savamment la capacité à donner son sens à chaque mot tout en énonçant un discours avec un naturel confondant: l’exposition alternée de chaque voix, le dialogue, la diversité et la théâtralité des climats (le guilleret côtoyant la déploration) sont merveilleusement rendus. Il faut bien avouer que la participation (plus que l’accompagnement) des deux flûtes à bec, respectivement tenues par Kees Boeke et Gaëlle Lecoq, contribue pleinement à éblouir l’auditeur dans un tempo plutôt allant, la présente version étant plus brève de plus de deux minutes par rapport à la version de Jacobs et Bowman (22’02 contre 24’45). La voix légèrement plus chaude de Carlos Mena, l’approche peut-être plus intellectuelle de Damien Guillon offrent ensuite une passionnante confrontation entre les deux chanteurs au fil des différentes pièces qu’ils sont appelés à chanter. On retiendra tout particulièrement l’air Strike the Viol (extrait de l’ode célèbre Come, ye sons of Art, away), Carlos Mena étant accompagné de flûtes plus que jamais virtuoses, et Her charming Strains où la voix de Damien Guillon semble véritablement suspendue en l’air avant d’être peu ou prou reprise par le petit accompagnement instrumental. Quant aux pièces strictement instrumentales, elles mettent pleinement en valeur les talents déjà confirmés de Maude Gratton au clavecin et des deux flûtistes Kees Boeke et Gaëlle Lecoq, à la fois virtuoses (quelles volutes sonores dans la chaconne à partir de 5’40!) et sachant parfaitement s’effacer lorsque cela s’avère nécessaire. En un mot, tout un art de la suggestion et de la délicatesse.


Le site de Bertrand Cuiller
Le site de La Rêveuse
Le site de Damien Guillon
Le site d’Eduardo Egüez
Le site du Ricercar Consort


Sébastien Gauthier

 

 

 

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