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11/08/2010
Giuseppe Verdi : La Traviata

Tiziana Fabbricini (Violetta Valéry), Nicoletta Curiel (Flora Bervoix), Antonella Trevisan (Annina), Roberto Alagna (Alfredo Germont), Paolo Coni (Giorgio Germont), Enrico Cossutta (Gaston, vicomte de Letorières), Orazio Mori (Le baron Douphol), Enzo Capuano (Le marquis d’Obigny), Francesco Musinu (le docteur Grenvil), Ernesto Gavazzi (Giuseppe, serviteur de Violetta), Ernesto Panariello (Serviteur de Flora), Silvestro Sammaritano (Le commissionnaire)
Coro del Teatro alla Scala di Milano, Roberto Gabbiani (chef de chœur), Orchestra Teatro Scala di Milano, Riccardo Muti (direction)
Enregistré en public à La Scala de Milan (29 et 31 mars, 2 et 7 avril 1992) – 133’45
Coffret de deux disques Sony 88697581422 – Synopsis trilingue (anglais, français et allemand) de Stefanie Schütte





Opéra-phare de Giuseppe Verdi (1813-1901), opéra par excellence, La Traviata est un chef-d’œuvre absolu depuis la création de sa version révisée en mai 1854. Inspiré de la pièce d’Alexandre Dumas fils La Dame aux camélias, bâti sur un livret de Francesco Maria Piave, cet opéra a connu, au fil des années, des interprètes légendaires au premier rang desquels, naturellement, Maria Callas. Depuis, Ileana Cotrubas (sous la direction agile de Carlos Kleiber), Teresa Stratas (dans une vidéo quelque peu vieillie mais quelle présence sous la direction de James Levine!), Montserrat Caballé, Renata Tebaldi ou Joan Sutherland ont également incarné avec une incontestable réussite le personnage de Marguerite Gautier, ici de Violetta Valéry, courtisane parisienne de haut rang qui finit ruinée et qui meurt après avoir rompu ses amours avec le bel Alfredo.


En l’espèce, le rôle-titre est tenu par la chanteuse italienne Tiziana Fabbricini qui, après avoir obtenu un triomphe en 1990 lors de sa prise de rôle sous la direction de Muti déjà, l’interpréta depuis à plus de 150 reprises. Autant dire qu’elle est en terrain connu et pourtant... Pourtant, au premier abord, on ne peut s’empêcher d’être déçu par sa prestation. Son timbre, plutôt fermé, manque de brillance et ne correspond pas véritablement à l’image que l’on est en droit de se faire de la jeune héroïne. Ce qui étonne surtout, dès ses premières interventions, ce sont les notes mal ajustées et les fréquents problèmes de justesse qui s’en suivent (de manière générale, elle chante un peu trop bas): écoutez son «Tra voi saprò dividere» (le brindisi de l’acte I), son «Dell’ universo intero» ou son «Sempre libera degg’io» dans la célébrissime cabaletta concluant le premier acte. Mais, et c’est une des magies du concert, Tiziana Fabbricini gagne en assurance au fil de la représentation, aidée par d’incroyables talents de comédienne qui transparaissent à chaque instant. Son duo avec Germont à la fin du deuxième acte («Morrò!... La mia memoria non fia») et, surtout, l’intégralité du troisième acte sont bouleversants (son «Teneste la promessa»): elle meurt sous nos yeux et nous pleurons avec les autres personnages!


Parmi ceux-ci, naturellement, Alfredo Germont, incarné par un Roberto Alagna qui tient là le rôle de sa vie, après l’avoir notamment chanté au festival de Glyndebourne quelques années auparavant. Force est de constater qu’il est l’interprète idoine pour ce rôle, enflammé dans le fameux toast «Libiamo ne’ lieti» (acte I), amant désespéré et attendri dans le troisième acte. Mais le meilleur personnage masculin est sûrement Paolo Coni, magnifique Giorgio Germont, père d’Alfredo. Son duo avec Violetta au deuxième acte («Ditte alla giovine») et, avant tout, son air «Di Provenza il mar, il suol» (acte II), émouvante déclaration d’amour d’un père envers son fils, sont des sommets de cette représentation. Quant aux seconds rôles, s’ils n’interviennent seuls qu’à de très rares occasions, force est de constater qu’ils s’insèrent parfaitement dans l’équipe déjà constituée.


Riccardo Muti avait déjà enregistré La Traviata au début des années 1980 avec Renata Scotto dans le rôle titre, Alfredo Kraus dans celui d’Alfredo et Renato Bruson dans celui de Giorgio Germont: ce disque a rapidement fait figure de référence (il est paru en 1982 chez EMI). L’Orchestre Philharmonia a ici laissé place à celui de La Scala: qui s’en plaindrait? L’orchestre italien et son chef titulaire d’alors nous donnent en effet une véritable leçon de style. Admirons tout d’abord la grâce des musiciens lorsque les flûtes accompagnent Giorgio Germont («Di Provenza il mar, il suol») ou la finesse des cordes, plus au bord de la rupture que de la suavité, dans le célèbre Prélude de l’acte III. Admirons également la direction de Riccardo Muti, tout en souplesse, qui jamais ne s’alanguit: tel est notamment le cas des chœurs «Noi siamo zingarelle» et «Di Madride noi siam mattadori» à l’acte III, appréhendés sans concession à l’égard du public (rappelons à ce titre que, dans l’extraordinaire Aida enregistré en concert à Munich et publié chez Orfeo, Muti ne cédait pas davantage à la facilité lors des passages triomphaux que nombre de ses collègues abordaient avec une pompe on ne peut plus vulgaire).


On possède donc là une très belle version de La Traviata, la cinquantième enregistrée depuis Rosa Ponselle en 1935 dans le rôle de Violetta, qui, sans surclasser Callas ou Scotto, n’en demeure pas moins hautement recommandable, surtout à ce prix!


Le site de Tiziana Fabbricini
Le site de Roberto Alagna
Le site de Paolo Coni
Le site de Riccardo Muti
Un site exhaustif consacré à la discographie de La Traviata de 1935 à nos jours


Sébastien Gauthier

 

 

 

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