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10/25/2010
Georg Friedrich Haendel : Le Messie (arrangement : W.A. Mozart)
Felicity Lott (soprano), Felicity Palmer (alto), Philip Langridge (ténor), Robert Lloyd (basse), Huddersfield Choral Society, Brian Kay (direction), Royal Philharmonic Orchestra, Sir Charles Mackerras (direction)
Enregistré à Londres en 1988 – 127’
Album de deux disques Signum Classics SIGCD074 (distribué par Intégral)





Il est certes passionnant de savoir que Mozart s’est intéressé, à une époque où ce genre d’attitude était vraiment exceptionnel, à de vieux maîtres du passé considérés comme démodés : œuvres de Bach et Haendel surtout, consultées dans la bibliothèque de Gottfried van Swieten, collectionneur éclairé de textes anciens. Cela dit le travail auquel Mozart s’est livré sur certaines de ces partitions pour les populariser doit-il vraiment nous paraître essentiel aujourd’hui ?


Cette révision mozartienne du Messie de Haendel, par exemple, réorchestration à la mode classique d’une oeuvre baroque, n’est-elle pas aussi contestable selon nos critères actuels que l’effet de grossissement monstrueux de la même partition opéré en son temps par Sir Adrian Boult ? Le regretté Sir Charles Mackerras, qui n’en est pourtant pas à son coup d’essai discographique en ce qui concerne ce Messie en version Mozart, peine à rendre l’expérience vraiment justifiable. L’hybride sonne gros et alourdi, contresens flagrant pour nos oreilles désormais habituées à des pratiques historiquement informées. Et qu’une telle erreur d’appréciation ait naguère été commise en toute bonne foi par un compositeur par ailleurs génial ne change pas grand-chose à l’affaire.


L’orchestre de ce Messie sonne souvent… comme celui du Requiem de Mozart, l’ajout de nombreuses parties intermédiaires (cors, trombones, clarinettes et cor) modifiant totalement les couleurs d’origine. Ce résultat opulent devait apparaître à l’époque comme le perfectionnement indispensable d’une écriture orchestrale jugée lacunaire, mais pour nous le Messie ainsi dopé paraît trop bien portant voire joufflu, ce qui n’exclut cependant pas ici ou là des moments d’un charme très particulier, les talents d’orchestrateur de Mozart restant hautement remarquables.


Intérêt relatif, donc, du moins par rapport à l’original haendelien. Mais informativité certaine pour qui souhaite en apprendre davantage sur Mozart confronté à l’héritage de maîtres plus anciens. Reste à souligner la qualité de cette interprétation, d’une finition chorale et instrumentale soignée, et à remarquer la personnalité exceptionnelle de ses quatre solistes, encore que d’attrait d’inégal. La présence de Dame Felicity Lott alors à l’apogée de ses moyens (l’enregistrement date de 1988) constitue évidemment un luxe supplémentaire, même si on a davantage l’impression d’entendre une Maréchale du Rosenkavalier qu’une soliste d’oratorio. Le regretté Philip Langridge est parfait, de même que Felicity Palmer (dont le He was despised d’une belle intériorité est l’un des sommets de cet enregistrement, les clarinettes et les bassons rajoutés par Mozart apportant ici, on l’avoue, un supplément d’ambiance très intéressant). En revanche, Robert Lloyd, avec ses graves caverneux et ses vocalises savonnées, reste franchement discutable.


Pour les mozartiens fervents. Et pour les curieux de tout.


Laurent Barthel

 

 

 

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