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08/24/2010 Franz Liszt : Sonate en si mineur
Maurice Ravel : Gaspard de la nuit
Marylin Frascone (piano)
Date et lieu d’enregistrement non précisés – 48’21
Intégral classics INT 221.168 (distribué par Intégral) – Notice de présentation en français, anglais et japonais
La pianiste française Marylin Frascone (née en 1987), dont les précédents disques avaient déjà été salués par ConcertoNet (lire ici et ici), propose un nouveau récital qui souffre deux critiques. Le premier défaut de ce disque est son minutage vraiment pingre (moins de cinquante minutes au total). Fort bref, l’album n’en présente pas moins deux œuvres très denses, de compositeurs réunis par le fait qu’ils «provoquent les interprètes», comme le souligne Stéphane Friederich dans la notice, en leur imposant «une réflexion autant littérale que musicale, une sincérité poétique et un engagement physique sans réserve». Le second défaut du disque est tout relatif: il réside dans l’invraisemblable concurrence discographique que ces deux chefs-d’œuvre ont générée.
Cela ne doit pas nous empêcher de saluer le piano vivant et convaincant de Marylin Frascone, l’élan et même la véhémence de son jeu, l’assurance de son toucher aussi. Mais, pour exister à côté des enregistrements les plus exceptionnels de la Sonate en si mineur (1853), il manque à ce Liszt une profondeur, une noirceur, à même de contrebalancer, à certains moments, la rapidité d’un discours qu’on suspecte d’être un peu expédié (cette version «TGV» ne dure que vingt-cinq minutes environ). Ainsi la fin de l’œuvre – indifférente et presque passive – échoue-t-elle à créer un climat cohérent avec l’esprit de son exécution. On en reste donc aux références traditionnelles dans cette partition dont on veut croire que les décennies 1970 (Arrau chez Philips, Argerich chez DG, Horowitz chez RCA) et 1980 (Economou chez Suoniecolori, Brendel chez Philips, Pollini chez DG, ainsi que, chez le même éditeur – mais en 1990 –, Zimerman et Pogorelich) n’ont pas épuisé le propos...
De Gaspard de la nuit (1908) de Ravel, la pianiste trentenaire offre une lecture objective et rythmée, claire et dynamique. «Ondine» frétille comme une jeune truite, manquant probablement de mystère et de fragilité, à l’image d’un «Gibet» un peu littéral – malgré ses graves profonds et bien sonnants – et d’un «Scarbo» probablement survitaminé quoique admirablement maîtrisé. Là encore, il est difficile d’imposer sa marque et de sortir de l’ombre des Gulda, Perlemuter, Michelangeli, François, Argerich...
Le site de Marylin Frascone sur myspace
Gilles d’Heyres
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