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10/01/1999
Karol Szymanowski : Król Roger, opus 46 – Symphonie n° 4, opus 60
Thomas Hampson (Le Roi Roger), Elzbieta Szmytka (Roxana), Philip Langridge (Edrisi), Ryszard Minkiewicz (Berger), Leif Ove Andsnes (piano), City of Birmingham Symphony Orchestra, Simon Rattle (direction)
Enregistré en 1996
2 disques EMI – Livret traduit en français


Le Roi Roger (1926) appartient à une époque - l'entre-deux-guerres - où l'opéra comme forme se cherche. Les modèles légués par la fin du XIXe siècle (Wagner, Verdi, Moussorgski) ont atteint une perfection et un accomplissement insurpassables et quasiment tous les compositeurs s'en détournent et expérimentent différentes solutions. De Cardillac (1926) de Hindemith au Docteur Faust (1925) de Busoni, de Mahagonny (1930) de Weill au Nez (1930) de Chostakovitch, de L'Amour des trois oranges (1921) de Prokofiev à Die tote Stadt (1920) de Korngold, les coups de génie foisonnent. Mais une oeuvre mettra tout le monde d'accord et s'imposera par sa réussite absolue, au point de tétaniser une grande partie de la génération suivante des compositeurs, Wozzeck (1925) de Berg. Le Polonais Karol Szymanowski (1882-1937) ne participe pas directement à ce mouvement, cet homme profondément cultivé voyage à travers l'Europe et en Afrique du Nord (il en gardera une fascination pour les musiques orientales) avant la Première guerre, entre 1908 et 1914. Ensuite, la Révolution russe lui fera perdre sa propriété familiale en Ukraine, et ses moyens, et il demeurera la plupart du temps en Pologne. Contrairement aux œuvres précitées, Le Roi Roger affronte timidement la modernité en se déployant dans un ample et mélodique tissu musical ou l'orchestre et les choeurs prennent une place déterminante. Un admirable art des nuances, un grand sens de la progression dramatique - et une interprétation somptueuse (Rattle, Hampson !) - confèrent au second opéra de Szymanowski (après Hagith, 1922) un grand charme. Mais il manque aux angoisses du Roi Roger troublé par un jeune berger (parabole de la lutte en Apollon et Dionysos) un peu d'épices, de sel dans cette trame symphonique un peu trop confortable. On pourrait rapprocher l'œuvre de L'Amour des Trois Rois (1913) de Montemezzi par sa générosité symphonique qui regarde encore un peu vers le siècle précédent. Sa Symphonie n° 4 (1932), une symphonie concertante pour piano en complément dans le coffret, sait faire preuve de plus d'audace. Mais on ne boudera pas son plaisir devant la réelle splendeur d'un opéra qui ne mérite pas l'oubli quasi complet dans lequel il est tombé depuis sa création à Varsovie en 1926.


Philippe Herlin

 

 

 

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