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07/21/2010 Frédéric Chopin : Vingt-quatre préludes, opus 28 – Sonate n° 2, opus 35
Hélène Tysman (piano)
Enregistré en l’église évangélique Saint-Marcel, Paris (27-30 décembre 2008) – 72’14
Oehms classics OC 752 (distribué par Codaex) – Notice de présentation en allemand et anglais
Frédéric Chopin : Vingt-quatre préludes, opus 28 – Sonate n° 3, opus 58 – Douze études, opus 25 (#) – Impromptus n° 1, opus 29, n° 2, opus 36, n° 3, opus 51, et n° 4, opus 66 «Fantaisie-Impromptu» (#) – Scherzo n° 1, opus 20 (#) – Barcarolle, opus 60 (#)
Philippe Giusiano (piano)
Enregistré à Paris (10-12 février 1997 (#) et 17-19 octobre 1998) – 70’20 (#) et 63’08
Deux disques Alphée 9703008 (#) et 9810010 (distribués par Intégral) – Notice de présentation en français, anglais et allemand
Frédéric Chopin : Sonate n° 3, opus 58 – Prélude, opus 45 – Trois mazurkas, opus 63 – Fantaisie, opus 49 – Allegro de concert, opus 46 – Tarentelle, opus 43 – Trois écosaisses, opus 72
Véronique Bonnecaze (piano)
Enregistré à Ivry-sur-Seine (octobre 2009) – 75’
Polymnie POL 151 167 (distribué par Intégral) – Notice de présentation en français et anglais
Frédéric Chopin : Mazurkas, opus 7 n° 1, opus 17 n° 4, opus 24 n° 1, opus 67 n° 4 et opus 68 n° 4 – Préludes, opus 28 n° 4, 15 et 20 – Polonaises, opus 26 n° 1 et opus 40 n° 1 – Nocturnes, opus 37 n° 1 et opus posthume en ut dièse mineur – Valse, opus 69 n° 1
Didier Castell-Jacomin (piano)
Enregistré (26-29 mars 2009) – 59’25
Cristal Records Classics CRC906 (distribué par Codaex) – Notice de présentation en français, allemand et anglais
La célébration du bicentenaire de la naissance de Chopin (1810-1849) charrie un déluge de nouveaux enregistrements et de rééditions d’une qualité très inégale, à l’image de ces gravures de quatre pianistes français.
La moins convaincante d’abord, avec le disque de la jeune Hélène Tysman (née en 1982), qui déroute quasiment du début jusqu’à la fin. La Deuxième sonate est le prétexte à une débauche d’énergie et de fluctuations rythmiques qui défigure l’œuvre bien davantage qu’elle n’en offre un nouveau visage. On a du mal à comprendre le sens du minutieux travail de mise en pièce du Scherzo ou du Presto, qui paraît relever de l’hystérie plus que de l’emphase, ou, à l’inverse, l’immobilité décharnée de la «Marche funèbre». Parsemés de bonnes idées et de fulgurances dignes d’intérêt, les Vingt-quatre préludes ne sont pas pour autant dénués d’excentricités et de coups de massue qui plombent l’harmonie comme la poésie du recueil.
Contraste absolu avec Philippe Giusiano (né en 1973), «pianiste-poète», premier nommé au concours Chopin de Varsovie 1995 (dont il remporte le deuxième Grand prix) mais qui demeure un artiste rare sur scène (lire ici ou ici) comme en studio. A l’occasion de la reparution d’enregistrements datant de 1997 et 1998, on apprécie à quel point les Préludes méritent un autre traitement que celui infligé par Hélène Tysman: variété des nuances et grande sensibilité, sens du contraste et de la mesure. Ces options interprétatives exercent toutefois une fascination moindre que celle qui s’épanouit dans des univers pianistiques plus singuliers (Arrau) ou plus expressifs (Argerich). Mais le Chopin de Philippe Giusiano sait se faire sensible et distingué. Ainsi met-il beaucoup de soin dans un fort original Opus 25, variant les couleurs et les styles, concevant les Douze études comme autant de miniatures musicales uniques et autonomes. Un tempérament qui convient bien à une Barcarolle au souffle continu et à l’articulation élégante et délicate, ainsi que, dans une moindre mesure, à un Premier scherzo et une Troisième sonate dont on apprécie la sobriété et la douceur, mais qu’on aimerait plus conquérants. On espèrerait davantage de feu dans ce piano parfois moins captivant, à l’image de ces Impromptus qui manquent de fantaisie – même l’Opus 66, pris bien mollement – bien qu’ils révèlent un travail sur le rythme qui évoque Schumann.
Par comparaison avec celle de Philippe Giusiano, la Troisième sonate de Véronique Bonnecaze apparaîtra, malgré ses belles couleurs automnales, bien trop alanguie – au point que les climats en paraissent uniformes (Scherzo) ou pesants (Finale). C’est cette tendance au ralentissement du tempo qui empêche les Mazurkas ou au Prélude en ut dièse mineur de capitaliser sur la délicatesse du toucher de la pianiste française et sur son indéniable sensibilité artistique. De même, la Fantaisie en fa mineur est restituée de manière légèrement heurtée. Un défaut qui ne gêne pas dans la Tarentelle, ni dans le si rare Allegro de concert, interprété avec fraîcheur mais sans démesure. Ce disque est celui d’une artiste intègre qu’on souhaiterait entendre dans d’autres répertoires.
Si les tempos de Véronique Bonnecaze paraissent trop traînants, que dire de ceux de Didier Castell-Jacomin (né en 1970) dans un disque au minutage déjà bref? On n’a jamais entendu de Polonaise en la majeur aussi amorphe voire fainéante... et ce, pendant plus de sept minutes! La sélection de Mazurkas n’offre pas davantage de souffle – sinon des excentricités ou des affèteries difficiles à défendre. Malgré une prise de son maladroite (qui nous fait profiter de chaque coup de pédale), les trois Préludes laissent apparaître une sensibilité et une poésie qu’on aurait aimé entendre mieux transparaître dans ce disque, lequel fait la part belles aux tonalités mineures et ne s’imposera malheureusement pas comme un jalon majeur de cette «année Chopin».
Le site d’Hélène Tysman
Le site de Véronique Bonnecaze
Le site de Didier Castell-Jacomin
Gilles d’Heyres
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