About us / Contact

The Classical Music Network

CD

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

07/21/2010
Ludwig van Beethoven : Sonates pour piano n° 19, opus 49 n° 1, n° 20, opus 49 n° 2, et n° 29, opus 106 «Hammerklavier» – Für Elise, WoO 59

Jean-Frédéric Neuburger (piano)
Enregistré à la Ferme de Villefavard en Limousin (septembre 2008) – 64’ + 52’ DVD documentaire («Voyage au cœur de la Hammerklavier»)
Mirare MIR 080 (distribué par Harmonia mundi) – Notice de présentation en français, anglais et allemand





Réussir sa Hammerklavier à même pas vingt-deux ans n’est pas donné à tout un chacun. On s’en étonne à peine en écoutant le disque de Jean-Frédéric Neuburger, dont ConcertoNet a salué très tôt (lire ici, ici ou ici) les talents hors du commun, et l’on ne boude pas son plaisir face à ce nouveau jalon dans la discographie du pianiste français (né en 1986).


De l’intimidante Sonate en si bémol majeur, Jean-Frédéric Neuburger livre – sur un splendide Yamaha – une interprétation agile, fougueuse et joyeuse. L’Allegro avance sans temps mort ni noirceur, le soliste nous inondant dans la variété des climats et des rythmes. Cette énergie positive et débordante de vie convient moins à un Scherzo: Assai vivace qui manque d’épaisseur, comme si le morceau était moins inspiré que les mouvements qui l’encadrent… en total contraste avec la manière – passionnante et passionnée – dont Neuburger analyse ce mouvement dans le DVD documentaire. En parfaite cohérence avec les options interprétatives du pianiste, l’Adagio sostenuto est baigné d’un éclat qui grandit progressivement dans la résonnance d’une pédale superbement maîtrisée. S’il paraît manquer de chair, le finale vient couronner cette apologie du rythme et de la lumière: dans cette fugue survitaminée, la perfection digitale grise sans saouler («c’est l’écriture si riche de cette sonate que j’aimerais proposer à l’auditeur» écrit l’interprète dans la notice).


On ne peut que louer la construction irréprochable de la sonate, de même que la grande unité de style et de ton. L’absence de pathos évoque la vie qui débute plutôt que celle qui s’achève. Evidemment, cette version objective, sans déchirure ni violence, presque badine par moment, est loin d’épuiser le sujet de la Hammerklavier, qui s’approfondit aussi dans la puissance dévastatrice de Richter ou dans l’humanité de Gilels. En somme, voici une gravure de l’Opus 106 pleine de vitalité et d’espérance, mais où manque probablement la face obscure et douloureuse de l’existence humaine.


Si cette objectivité et cette lumière conviennent bien à une Lettre à Elise sobre et délicate, à la limite de l’indifférence, simplement émouvante, elles s’accordent moins, en revanche, aux deux Sonates de l’Opus 49 qui, noyées dans la pédale, semblent confondre Bach et Beethoven pour ramener ce dernier vers Haydn et Mozart, là où d’autres pianistes nous ont entrouvert les portes du Beethoven de la maturité.


Gilles d’Heyres

 

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com