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06/27/2010
Jean Cras : Elégies – Trois mélodies (version pour quatuor à cordes) – L’Offrande lyrique – Fontaines – Image (version pour quatuor à cordes) – Trois Noëls
Ingrid Perruche (soprano), Philippe Do (ténor), Lionel Peintre (baryton), Pascal Cocheril, Olivier Chauvet (violon), Michel Perrin (alto), Olivier Lacour (baryton), Orchestre de Bretagne, Claude Schnitzler (direction)
Enregistré à la Salle Vilar, Rennes (juin-juillet 2009) – 64’09
Timpani 1C1160 (distribué par Naïve)


Jean Cras : La vie antérieure – Désirs d’hiver – Heures ternes – Chant d’automne – Mains lasses – L’espoir luit – Le son du cor – Chant d’amour – La chanson du souvenir – Correspondances – L’Offrande lyrique – Robaiyat de Omar Khayyam – Trois chansons bretonnes
Chloé Waysfeld (soprano), Philippe Cantor (baryton), Christophe Crapez (ténor), Laurent Wagschal (piano)
Enregistré en 2008 (lieu non précisé) – 75’38
Maguelone MAG111.176 (distribué par Intégral)





Sous l’impulsion de Stéphane Topakian, Timpani poursuit patiemment sa série consacrée à Jean Cras (1879-1932) qui mena de front et avec bonheur sa carrière de compositeur et de marin. Joliment illustré par une lithographie de Henri Rivière (La Plage), ce huitième volume regroupe des mélodies pour orchestre et vient en complément d’un disque plus ancien (1C1085) qui comporte, notamment, des versions alternatives de certaines enregistrées sur ce nouvel album (Fontaines, L’Offrande lyrique, Image).


Les Trois mélodies (textes de Rodenbach et Verlaine) proviennent d’un recueil de sept mélodies écrit entre 1900 et 1905 et à l’origine conçu pour le piano. La transcription des trois premières pour quatuor à cordes a été effectuée en 1923, année de la composition d’Image (Edouard Schneider), brève mais significative de la maturité du compositeur. A l’aube du siècle dernier, l’influence de Duparc, qui tenait Cras pour « le fils de mon âme » (voir ici), se ressent encore et l’écriture est encore dépourvue de l’aisance qui se manifestera plus tard. Sur des poèmes d’Albert Samain, librettiste du Polyphème composé peu après (et disponible sous la référence 3C3078), les Elégies (1910) évoluent à un tout autre niveau (concision, beauté des thèmes) et illustrent une science de l’orchestration particulièrement accomplie (richesse, clarté). Le ténor Philippe Do et Claude Schnitzler, à la tête de l’Orchestre de Bretagne, dont il occupa le poste de directeur musical de 1989 à 1995, créent le climat idoine et cernent remarquablement le désir et l’exaltation que recèlent ces pages,


Plus tardive et indéniable chef-d’œuvre (au même titre que le Journal de bord), L’Offrande lyrique (1920, orchestrée en 1924), sur un texte de Rabindranath Tagore, prouve à quel point Cras était parvenu à développer un langage propre et soucieux d’économie et à s’extraire de l’influence de son maître qui continuera malgré tout à lui prodiguer de précieux et bienveillants conseils. Ingrid Perruche et un orchestre décidément somptueux font prendre conscience de l’importance de ce cycle qui devrait figurer au grand répertoire. Illustrant l’intérêt prononcé de Cras pour l’Antiquité, les délicieuses Fontaines (également de 1923), sur des poèmes de Lucien Jacques, requièrent quant à elles une prestation dans l’esprit de la musique de chambre. Les Trois Noëls (1928, Léon Chancerel) constituent une curiosité. A la fois mélodies et petits oratorios, ils convoquent les trois chanteurs qui grâce à leur bagage, leur prononciation soignée (mais pas irréprochable) et leur implication se posent en ardents et convaincants avocats du compositeur. Ces petits scènes sacrées évoluent loin du grand large, si bien suggéré dans nombre de partitions laissées par Cras, mais leur finesse, leur netteté et leur efficacité dramatique ne cessent de fasciner.


Le texte de présentation superlatif (en français et en anglais) de Michel Fleury (« Les voix du large ») achève de hisser cette publication, dont le charme se renouvelle à chaque écoute, au rang de référence incontournable.






Mieux vaut en revanche éviter ce disque dont le seul atout réside dans la notice qui comporte (heureusement) le texte des poèmes ainsi qu’une fort satisfaisante introduction de Christine Prost. Les vingt-quatre mélodies écrites entre 1897 et 1932 (et certaines inédites) sont réparties entre trois chanteurs sans doute à contre-emploi. Prêtant à sourire au début puis consternant rapidement, leur diction médiocre et dépourvue de naturel dessert évidemment cette musique et, par conséquent, disqualifie cet enregistrement malgré la pauvreté de la discographie. La prise de son défavorise, en outre, le pianiste qui tente d’éviter le naufrage. La soprano, qui possède une voix opulente mais peu séduisante, hypertrophie trop souvent les fins de phrase. L’articulation du baryton est relativement plus satisfaisante mais ce dernier déclame plus qu’il ne chante (de façon instable) tandis que le ténor ne se distingue guère davantage, malmenant cette délicate musique autant que ses partenaires. La mélodie française demande un tout autre savoir-faire mais malgré l’écoute, pénible, de ce produit, il faut garder espoir que le chant en France se porte bien.


Sébastien Foucart

 

 

 

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