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06/22/2010
« Insolite »
Airs d’opéra transcrits pour alto et harpe
Laurent Vernet (alto), Emmanuel Ceysson (harpe)
Enregistré à Montréal (2008) – 56’51
XXI-21 Productions XXI-CD 2 1647 (distribué par Distrart)
Ce programme repose sur une idée très judicieuse : des transcriptions de pages d’opéra célèbres pour deux instruments aux sonorités merveilleuses, mais au répertoire trop réduit. Tout ici fait fondre le cœur, peut-être encore davantage dans ce cadre merveilleusement intime que lorsque un chanteur hurle pour remplir un vaste hall d’opéra : Sérénade de Don Juan de Mozart, airs de Purcell (mort de Didon), Rossini (La Cenerentola), Bizet (Carmen), Verdi (La Force du destin), Wagner (Tannhäuser), Johann Strauss (La Chauve-souris), Saint-Saëns (Samson et Dalila), Tchaïkovski (Eugène Onéguine et La Dame de Pique), Puccini (La Bohème). S’y ajoutent deux transcriptions extraites de ballet : Gisèle d’Adam et Coppélia de Delibes, et une Fantaisie pour harpe seule sur Eugène Onéguine de Tchaikovski, qui nous plonge dans une atmosphère de rêve.
Les interprètes sont issus des rangs de l’Orchestre de l’Opéra national de Paris et ont assuré eux-mêmes ces habiles transcriptions, qui ne cessent de nous combler musicalement. Le harpiste Emmanuel Ceysson nous éblouit par sa capacité à suggérer la totalité des sonorités de l’orchestre. L’altiste Laurent Verney a gravé des Sonates de Brahms avec Nicholas Angelich (Harmonia Mundi) et comme soliste Harold en Italie avec Myung-Whun Chung (DG). Il parvient souvent à rivaliser avec le cantabile des chanteurs, mais sa sonorité pourrait être plus fluide, d’une émission plus aisée : elle semble par moments un brin geignarde ou grincheuse. Peut-être l’alto moderne qu’il joue est-il en cause. Mais ce n’est qu’une infime réserve, car ce programme sans concurrence est un bonheur constant. Idéal en fond sonore pour un dîner aux chandelles en amoureux, il est surtout à déguster avec délectation en chaque moment d’apaisement.
Philippe van den Bosch
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