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05/08/2010
Wolfgang Amadeus Mozart : Le Nozze di Figaro KV 492

José van Dam (Figaro), Mirella Freni (Susanna), Frederica von Stade (Cherubino), Tom Krause (Le comte Almaviva), Elizabeth Harwood (La comtesse Almaviva), Jane Berbié (Marcellina), Michel Sénéchal (Basilio), Paolo Montarsolo (Bartolo), Zoltan Kelemen (Antonio), Elke Schery (Barbarina), Willy Caron (Don Curzio), Chor der Wiener Staatsoper, Walter Hagen-Groll (chef de chœur), Wiener Philharmoniker, Herbert von Karajan (direction)
Enregistré en public au Festival de Salzbourg (1974) – 168’51
Coffret de trois disques Opera d’Oro OPD 7018 (distribué par DistrArt) – Notice et traduction des textes chantés en anglais de Andrew Farach-Colton





Si Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) faisait partie des compositeurs de prédilection de Herbert von Karajan (1908-1989), le grand chef autrichien entretenait plus particulièrement une véritable passion pour Le Nozze di Figaro, opéra qui l’a accompagné tout au long de sa carrière. En effet, il faut se souvenir que c’est le tout premier opéra qu’il a été conduit à diriger lorsqu’il a pris son premier poste au théâtre d’Ulm, à la demande de l’intendant du théâtre Erwin Dietrich : cela se passait le 2 mars 1929 et, comme cela était alors la règle, l’opéra était chanté non en langue d’origine mais en allemand... Karajan le dirige de nouveau au Festival de Salzbourg à l’été 1948 (Elisabeth Schwarzkopf chantait le rôle de la comtesse, Giuseppe Taddei celui du comte, Sena Jurinac celui de Chérubin) puis à La Scala en 1954 (un live de ces représentations a d’ailleurs été diffusé aussi bien par l’éditeur Walhall que par Myto). Surtout, lorsqu’il prit les rênes de l’Opéra de Vienne en septembre 1956, il eut à cœur de le programmer plusieurs fois, même si ce fut relativement tardif, la priorité étant donnée aux opéras de Wagner et de Verdi. Ainsi, l’Opéra de Vienne affiche Les Noces le 25 janvier 1958, la production étant donnée à de multiples reprises au cours des années suivantes (la dernière ayant précisément lieu le 19 mai 1962, Karajan ayant quitté la direction de l’Opéra de Vienne en août 1964) et étant même exportée puisqu’il dirige l’œuvre à Bruxelles (le 5 mai 1958), à Wiesbaden et à La Scala de Milan en mai 1960. Le plateau qui était alors réuni fait rêver : Eberhard Wächter incarnait le comte Almaviva, Elisabeth Schwarzkopf la comtesse, Irmgard Seefried Suzanne, Erich Kunz Figaro, Christa Ludwig Chérubin et Hilde Rössel-Majdan Marcelline !


Le présent enregistrement a été effectué au cours du festival de Salzbourg 1974 (la notice ne précisant pas la date exacte), Herbert von Karajan ayant alors dirigé l’œuvre à quatre reprises (les 31 juillet, 10, 13 et 24 août) cette année-là dans une mise en scène signée Jean-Pierre Ponnelle, cette production datant de 1972 ayant par ailleurs été reprise les deux années suivantes (en 1976, Karajan partagera la direction des représentations avec Bernhard Klee). Signalons pour mémoire que, ce même été 1974, et pour se limiter aux seuls opéras, Karajan dirigeait également La Flûte enchantée, Karl Böhm dirigeant quant à lui Così fan tutte (et La Femme sans ombre de Richard Strauss) et Leif Segerstam L’Enlèvement au sérail.


Précédant de quelques années l’enregistrement officiel effectué par Decca avec la même équipe, la présente version frappe en premier lieu par sa vivacité, par son emportement, par la folie qui règne sur le plateau (les rires que l’on peut parfois percevoir laissent d’ailleurs entendre que la mise en scène était au diapason de la conception voulue) : on se reportera à cet effet à l’ensemble « Voi, signor, che giusto siete » qui conclut le deuxième acte. L’Orchestre philharmonique de Vienne brille de mille couleurs en dépit d’un enregistrement au son très imparfait qui gâche tout de même la finesse dont est coutumière la prestigieuse phalange ainsi que les prestations des solistes (hautbois et clarinette en premier lieu), ce qu’on ne peut que regretter. Signalons également le son trop souvent métallique du clavecin lorsqu’il accompagne les récitatifs, ce qui contribue à dissiper le caractère magique que devait sans nul doute revêtir cette soirée.


En effet, et comme on pouvait s’y attendre à la seule lecture de la jaquette, les chanteurs sont extraordinaires à commencer par José van Dam, superbe Figaro (il a pris le rôle en 1972, le partageant alors avec Walter Berry avant de se retrouver seul à compter de 1973), interprète de tant d’airs de bravoure (comment passer sous silence son « Se vuol ballare » ou son « Non più andrai » à l’acte I ?) qui transportent un public acquis à sa cause. Si Tom Krause campe un honnête comte Almaviva (avec même quelques moments d’anthologie comme la célèbre aria « Hai già vinta la causa » au début de l’acte III), on retiendra également les trop brèves prestations de Paolo Montarsolo et de Michel Sénéchal dont l’art de la comédie s’avère être un régal de chaque instant. Parmi les artistes féminines, aucune surprise lorsqu’on aura dit que, très légitimement Frederica von Stade triomphe à l’acte II (« Voi che sapete »), accompagnée par un orchestre faisant véritablement dans la dentelle. Elizabeth Harwood incarne pour sa part une très belle comtesse, meurtrie et digne, qui nous donne de véritables frissons lorsqu’elle intervient à l’acte III (« Dove sono », les applaudissements couvrant même les dernières secondes de musique...) ou à l’acte IV (mais, de toute manière, comment ne pas succomber à la scène finale « Contessa, perdono » ?). Quant à Mirella Freni, il suffit d’écouter ses premiers duos avec Figaro à l’acte I ou, mieux encore, le fameux duo « Sull’aria » qu’elle entonne à l’acte III avec la comtesse pour se souvenir combien sa voix était souple, claire et expressive. A elle seule, et sans négliger les chanteuses et chanteurs actuels, on voit combien certaines époques passées apparaissent comme de véritables âges d’or pour l’opéra... On regrette d’autant plus le manque de travail qui a été fait sur le son de ces bandes qui, heureusement, nous ont tout de même été restituées : sachons faire la part des choses.


Sébastien Gauthier

 

 

 

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