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04/10/2010
«The Inaugural Concert»:
John Adams : City Noir
Gustav Mahler : Symphonie n° 1
Documentaire «¡Bienvenido Gustavo!»

Los Angeles Philharmonic, Gustavo Dudamel (direction), Brian Large [concert], Paul Fenkart [documentaire] (réalisation)
Enregistré en public à Los Angeles (8 octobre 2009) – 123’21
Deutsche Grammophon 00440 073 4531 (distribué par Universal) – Format NTSC 16:9 – Region code: 0 – PCM Stereo/DTS 5.1






«The Inaugural Concert», c’est la soirée de gala avec laquelle a officiellement débuté, devant un beau parterre de personnalités donnant parfois l’impression de trouver le temps long, le mandat de directeur musical de Gustavo Dudamel à Los Angeles. Consécration d’une ascension fulgurante: apparu en septembre 2005 pour la première fois aux Etats-Unis et à la tête de la formation californienne, il fut désigné dès avril 2007 pour succéder à Esa-Pekka Salonen. Pour l’anecdote, ce DVD laissera aussi un souvenir du très bref passage de Mathieu Dufour, qui, arrivé à Los Angeles au même moment que Dudamel, est retourné à Chicago quelques mois plus tard pour retrouver le pupitre de première flûte qu’il y avait occupé depuis 1996.


L’une des toutes premières décisions du chef vénézuélien fut de nommer John Adams titulaire d’une creative chair. Le compositeur américain était cependant déjà familier du Philharmonique de Los Angeles... et des occasions festives: The Dharma at Big Sur fut ainsi écrit pour l’inauguration du Walt Disney Concert Hall conçu par Frank Gehry. Faisant suite à El Dorado, cette œuvre constituait le deuxième volet d’une trilogie ayant pour thème la Californie. Dudamel a souhaité marquer son entrée en fonction en offrant la création du dernier volet, intitulé City Noir. Adams, qui vient de diriger salle Pleyel la première française de ce triptyque d’une durée de près de 35 minutes, parle à son propos de «musique de cinéma pour un film qui n’existe pas, le nec plus ultra du film noir tel qu’il existe dans mon esprit».


Rien de tel, pour la circonstance, que cette glorification du mythe de la City of Angels et de la ville du septième art au travers de l’univers des films noirs de la fin des années 1940 et du début des années 1950: voilà qui permet de magnifier un «style orchestral fondamentalement américain» infléchi par le jazz, certains instruments emblématiques se détachant d’un effectif très fourni – saxophone alto volubile, blues de la trompette, solo de trombone et percussions en vedette. Nostalgie? A peine, car c’est une énergie jubilatoire résolument urbaine et américaine qui a le dernier mot, loin de ces musiques hollywoodiennes signées par des émigrés d’Europe centrale, tels Korngold, Rózsa ou Steiner.


Ceux-ci étaient d’ailleurs les héritiers du postromantisme, notamment de Mahler, qui avait 28 ans lorsqu’il acheva sa Première symphonie (1888) – très exactement l’âge de Dudamel, né en 1981. Mais la partition est à son répertoire depuis déjà plus de dix ans et fin juin 2009, quelques semaines avant ce concert inaugural, il l’avait programmée à Pleyel avec le Philharmonique de Radio France (voir ici). On ne sera donc pas surpris de le voir ici tout aussi maître de ses moyens et d’y entendre trait pour trait les mêmes caractéristiques: un peu trop sage dans le premier mouvement, se prêtant à quelques excès inutiles dans les deux mouvements centraux et s’épanouissant dans le torrentiel Finale. S’y ajoutent la performance instrumentale et le confort sonore offerts par la Philharmonie de Los Angeles, captée de façon à la fois précise, transparente et naturelle, tandis que les caméras de Brian Large se font pédagogiques tout en s’attachant à mettre en valeur le charisme du chef. Après la standing ovation sitôt les dernières notes envolées puis la pluie de confetti, il ne faut pas non plus rater le générique final, jetant un œil en coulisse pour montrer le héros de cette soirée, visiblement ému, prendre le temps d’étreindre l’un après l’autre les musiciens de retour de la scène et retarder ainsi l’interview radiodiffusée qu’il s’était semble-t-il engagé à accorder à l’issue de sa prestation.


La notice (en anglais, allemand, français et espagnol) précise qu’en fait, le premier concert de Dudamel ès-qualité de directeur musical avait eu lieu cinq jours plus tôt au Hollywood Bowl, pour une Neuvième symphonie de Beethoven offerte à la community: les plus de 18000 places auraient été distribuées en moins d’une heure. Un coup d’envoi hautement symbolique d’une volonté d’ouverture et de démocratisation, corroborée par une «Gustavomania» qui a saisi la métropole californienne et dont témoigne, en bonus, le documentaire ¡Bienvenido Gustavo! de Paul Fenkart – le titre reprend le message de bienvenue qui s’affiche sur les panneaux publicitaires, les autobus et jusque sur les tee-shirts – à 10 dollars pièce, business is business. Aux côtés de Plácido Domingo et John Williams en guest stars pour de très brèves interventions, l’administration et les membres de l’orchestre mais aussi José Antonio Abreu, le fondateur du désormais célèbre «Sistema» dont est issu Dudamel, viennent tresser les lauriers du prodige vénézuélien – un coup de foudre dès la première rencontre – ou louer avec un zèle un peu convenu la jeunesse, le dynamisme et l’esprit d’ouverture inhérents à la côte Ouest. L’intéressé est également interrogé et fait valoir ses projets socio-éducatifs dans les banlieues défavorisées de Los Angeles. En revanche, bien que sans doute sincère, son admiration pour City Noir, qu’Adams vient lui-même présenter en quelques phrases éclairantes, s’exprime de façon assez stéréotypée.


Le site de l’Orchestre philharmonique de Los Angeles
Le site de Gustavo Dudamel


Simon Corley

 

 

 

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