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03/11/2010 Ludwig van Beethoven : Concertos pour piano n° 1, opus 15, et n° 2, opus 19
Ensemble Cristofori, Arthur Schoonderwoerd (pianoforte et direction)
Enregistré à Arc-et-Senans (mai 2008) – 59’31
Alpha 155 (distribué par Harmonia mundi)
Avec ce troisième volume, Arthur Schoonderwoerd (né en 1966) achève son intégrale des six (sic) concertos pour piano de Beethoven, le deuxième disque ayant en effet associé au Troisième le rare Sixième, adaptation par le compositeur lui-même de son Concerto pour violon. Il est toujours accompagné d’un ensemble peu ordinaire, qui a emprunté son nom à Bartolomeo Cristofori (1655-1731), l’inventeur du pianoforte: de même que Joshua Rifkin estime qu’il ne doit y avoir qu’un seul chanteur par partie dans les chœurs de Bach, les cordes de l’orchestre sont ici limitées à deux violons, deux altos, un violoncelle et une contrebasse – et encore la présence de deux altos vient-elle d’une interprétation assez osée de la page de couverture de la première édition qui, rédigée en français, mentionne «2 Violons, Viole, Violoncelle et Basse».
Dès lors, malgré une acoustique réverbérée et face à des vents de bonne facture, où l’on retrouve certains des habituels «mercenaires» de ces formations «baroqueuses», les cordes ne peuvent paraître qu’étriquées, voire ridicules: l’ensemble fait parfois penser au Carnaval des animaux, ce qui n’est pas déshonorant, mais simplement hors sujet, même si le Deuxième concerto (1795), plus légèrement orchestré (une seule flûte, pas de clarinettes ni trompettes et timbales), souffre sans doute moins de cette réduction drastique.
Sur le facsimilé d’un Anton Walter de 1800, Schoonderwoerd se montre fidèle aux options désormais bien connues des reconstitutions «historiques» – ornementation, soutien de l’orchestre dans les tutti – mais il y ajoute une touche personnelle souvent horripilante: cadences brévissimes dans les premiers mouvements, partis pris semblant uniquement destinés à déstabiliser l’auditeur, maniérisme envahissant qui souligne le moindre détail en dépit du bon sens. Le comble est sans doute atteint dans les éléphantesques oum-pah-pah de la reprise du thème du Largo du Premier concerto (1798) qui, à eux seuls, suffiraient à disqualifier cet enregistrement.
Cela étant, comme toujours chez Alpha, et particulièrement pour sa collection «Ut pictura musica», l’habillage est somptueux et l’appareil critique remarquable, le pianiste néerlandais s’efforçant notamment d’y justifier ses choix instrumentaux et esthétiques.
Simon Corley
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