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03/08/2010 Wolfgang Amadeus Mozart : Le Nozze di Figaro, K. 492
Uwe Kreyssig (Il Conte di Almaviva), Magdalena Falewicz (La Contessa di Almaviva), Jószef Dene (Figaro), Ursula Reinhardt-Kiss (Susanna), Ute Trekel-Burckhardt (Cherubino), Rudolf Asmus (Bartolo), Ruth Schob-Lipka (Marcellina), Barbara Sternberger (Barbarina), Frank Folker (Don Basilio), Werner Enders (Don Curzio), Helmut Völker (Antonio), Inge Haase, Annemarie Hoffmann (Due donne), Chor der Komischen Oper Berlin, Gerhard Wüstner (chef de chœur), Orchester der Komischen Oper Berlin, Géza Oberfrank (direction), Walter Felsenstein (mise en scène), Reinhart Zimmermann (décors), Eleonore Kleiber (costumes), Tom Schilling, Heinz Kretzschmann (chorégraphie), Georg F. Mielke (réalisation)
Enregistré en public à Berlin (juillet 1976) – 236’47
Album de deux DVD Arthaus 101 295 (distribué par Intégral) – Son PCM stereo – Format 4/3 – Region code: 0 – Notice en anglais et en allemand, sous-titres en anglais, allemand, français et espagnol
Dans le cadre de l’édition consacrée à Walter Felsenstein (1901-1975) par Arthaus (voir ici), ces Noces de Figaro (1786) de Mozart offrent l’occasion de découvrir en quelque sorte son testament, à savoir sa dernière production au Komische Oper de Berlin, captée en public l’année suivant son décès, «certaines scènes ayant ensuite été tournées à nouveau en playback en utilisant cet enregistrement sonore». Le metteur en scène autrichien, qui avait déjà monté l’œuvre à trois reprises, dont en 1950 déjà à Berlin(-Est), a lui-même traduit en allemand le livret de da Ponte, procédant notamment à quelques adaptations au dernier acte (outre la suppression habituelle des airs de Marcelline et de Basilio, l’inversion des airs de Figaro et de Suzanne).
Malgré quelques mouvements brusques de caméra, la réalisation traditionnelle mais subtile de Georg Mielke permet d’apprécier une minutieuse direction d’acteurs, quoique sans doute un peu statique au dernier acte, et devant compter sur les talents inégaux des chanteurs en matière de comédie. Pas de relecture extérieurement radicale, mais une fine analyse des personnages – tel ce comte plus complexe et ambigu qu’à l’accoutumée – et de leurs rapports, avec en même temps un souci de réalisme soutenu de façon point trop appuyée par les décors de Reinhart Zimmermann et un peu moins sobre par les costumes d’Eleonore Kleiber. Le plateau vocal est globalement honnête mais non dépourvu de faiblesses, tenant peut-être aussi à la prise sur le vif, et n’est pas toujours aidé par la direction lente et carrée du Hongrois Géza Oberfrank (né en 1936), alors chef principal du Komische Oper. Enfin, la présentation n’est pas exempte de reproches: le générique de fin est lancé pendant le tutti conclusif et la version française du sous-titrage n’est pas exempte d’erreurs ou même simplement de fautes d’orthographe.
Chacun des deux DVD est augmenté de bonus d’intérêt variable, d’une durée totale de plus d’une heure. Les «Remarques préliminaires concernant la conception», épouvantablement traduites – le comte devient... «le compte» ou «le duc», tandis que Susanne est dénommée «Anna» – donnent à lire quelques feuillets manuscrits de Felsenstein; les «Notes manuscriptes [sic] sur la mise en scène» de la première scène du premier acte, non traduites, montrent le travail qu’il effectuait, mesure par mesure, tant sur le texte que sur la musique; dans l’«Extrait original de piano de la mise en scène de Walter Felsenstein», défilent à l’écran plusieurs extraits de la partition piano et chant annotés par Felsenstein en même temps que la musique correspondante. Le plus intéressant des compléments du premier DVD demeure toutefois un entretien radiophonique de 1963 sur le «théâtre musical réaliste», correctement sous-titré, dans lequel le patron du Komische Oper souligne que son appareil théorique est né essentiellement de considérations pratiques. Le second DVD s’achève sur neuf brefs extraits de mises en scène de 1945 à 1961: certains sont commentés (et sous-titrés), constituant ainsi du même coup un passionnant témoignage sur les grandes heures de la RDA... et de sa langue de bois.
Simon Corley
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