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02/28/2010
François-Joseph Gossec : La grande chasse de Chentilli – Chant funèbre sur la mort de Féraud (arrangement Mathieu Lussier) – Marche victorieuse (arrangement Mathieu Lussier) – La Bataille – Andante – La Chasse d’Hylas et Silvie – Quatre hymnes à la Liberté (arrangements Mathieu Lussier) – Simphonie à 6
Claude-Joseph Rouget de Lisle: La Marseillaise (arrangement et orchestration de Gossec arrangés par Mathieu Lussier)
Bécourt: Ah ! Ça ira (arrangement Mathieu Lussier)
Pierre Gaveaux: Le réveil du peuple contre les terroristes (arrangement Mathieu Lussier)
Charles Simon Catel: Hymne à l’Etre suprême (arrangement Mathieu Lussier)
Etienne Nicolas Méhul: Hymne pour la fête de Bara et Viala (arrangement Mathieu Lussier)

Les Jacobins: Jane Booth, Martin Carpentier (clarinette), Louis-Philippe Marsolais, Julie-Anne Drolet (cor), Mathieu Lussier, Nadina Mackie Jackson (basson), Mathieu Lussier (direction)
Enregistré en l’église Saint-Augustin à Mirabel, Québec (9-11 avril 2008) – 57’08
Atma Classique ACD2 2595 (distribué par Intégral)






On ne joue plus guère les pages écrites par François-Joseph Gossec (1734-1829), né sous Louis XV et mort sous Charles X, fondateur du Conservatoire de Paris avec André-Modeste Grétry, et compositeur ayant connu quatre rois, la tourmente révolutionnaire, le Directoire, le Consulat et l’Empire, favorable aux idées nouvelles et contraint à la retraite lors de la seconde Restauration. On se souvient à peine de sa Missa Pro Defunctis (1760), qui annonce pourtant le Requiem (1791) de Mozart, dont il fut un proche, et même la notice du disque indique que finalement sa vie de musicien quasiment officiel de la Révolution fut plus intéressante que son œuvre. Faut-il pour autant ignorer celle-ci? Nullement: elle constitue un rare témoignage musical de l’époque révolutionnaire et d’une période charnière entre classicisme et romantisme français; au surplus, elle est remarquablement bien écrite. Et c’est donc une heureuse initiative qu’a pris l’ensemble canadien à géométrie variable Les Jacobins, sous la direction du bassoniste Mathieu Lussier, en s’attachant à faire revivre ce répertoire ancré dans son temps mais aussi les œuvres de contemporains de Gossec. Les artistes jouent ainsi, sur instruments anciens, des pages finalement assez variées mais parfois au travers d’arrangements pour vents, et même d’arrangements d’arrangements (La Marseillaise) dont la notice, fort pauvre, ne nous dit malheureusement quasiment rien.


Beaucoup de pièces de l’époque révolutionnaire sont de circonstance et font partie d’épais recueils qui sont largement passés à la trappe. Les compositions ne sont en effet pas toujours très sophistiquées et les paroles, quand il y en a, à l’instar de celles de La Marseillaise, sont souvent d’une délicatesse limitée, un peu comme celles de nombre de chansons de la guerre d’Espagne. Certaines pièces sont restées néanmoins célèbres. Pas forcément leurs auteurs: chacun connaît le compositeur de La Marseillaise (Claude-Joseph Rouget de Lisle), on ignore largement les auteurs du Chant du départ (Méhul), de Ah! Ca ira (paroles d’un certain Ladré et contredanse d’un violoniste dénommé Bécourt), et évidemment de La Carmagnole (auteur inconnu). Le disque présente quelques-unes de ces pièces mais les accompagne de pages plus ambitieuses, de Gossec, éventuellement arrangées comme cela se faisait à l’époque. L’instrumentation retenue est évidemment idéale pour évoquer les grandeurs des chasses de l’ancien monde (La grande chasse de Chentilli ou La Chasse d’Hylas et Silvie) mais convient aussi, paradoxalement, pour évoquer l’héroïsme des soldats de la liberté du nouveau (La Bataille ou Marche victorieuse). Elle n’étonnera pas si l’on sait que Gossec, comme Mozart, était franc-maçon et que les vents furent un temps privilégiés dans les compositions des auteurs francs-maçons. Le tout est enregistré avec une grande clarté, les cors, souvent placés en arrière, n’écrasant pas les clarinettes et les bassons acides. Mais certaines pièces tirées vers le classicisme gagnent en élégance ce qu’elles perdent parfois en allant. C’est notamment le cas, par exemple, de la «Mêlée» de La Bataille. L’approche est en revanche exemplaire pour le Chant funèbre sur la mort de Féraud ou le délicat «O Salutaris», dignes des meilleures pages de Mozart, ou la superbe et diaprée Symphonie à 6 qui couronne le disque, Gossec étant considéré comme le père de la symphonie en France.


De la musique vraiment à découvrir sans attendre le tricentenaire de la Révolution française. Des enregistrements assurément à prolonger pour exhumer ce qui mérite de l’être. Mais cela fait partie de l’ambition affichée de l’ensemble Les Jacobins, aidé en cela par le gouvernement du... Canada par l’entremise du ministère du Patrimoine canadien.


Stéphane Guy

 

 

 

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