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02/21/2010
Modeste Moussorgski : Tableaux d’une exposition
Serge Rachmaninov : Variations sur un thème de Corelli, opus 42 – Vocalise, opus 34 n° 14

Wonny Song (piano)
Enregistré dans la salle Françoys Bernier du Domaine Forget, Saint-Irénée, Québec (printemps 2006) – 60’13
XXI-21 Records XXI-CD 2 1553 (distribué par DistrArt) – Notice de présentation en français et en anglais





Le pianiste Wonny Song, né en Corée du Sud et qui a grandi au Québec, ne manque pas de talent. On se demande néanmoins quelle raison l’a conduit à livrer une version aussi fade et peu engagée des Tableaux d’une exposition (1874) de Moussorgski, dont il existe quantité d’interprétations plus marquantes, à l’image de la récente et exceptionnelle gravure de Leif Ove Andsnes. On ne parvient à aucun moment, dans la frappe un peu anonyme de Wonny Song, à distinguer un fil conducteur ou une caractérisation cohérente de pièces qui se succèdent comme des éléments décoratifs, manquant d’identité et de profondeur. Tels ces silences, dans «Gnomus» comme dans «Catacombae», qui ressemblent à des tunnels d’ennui. Les éléments répétitifs de l’écriture d’«Il vecchio castello» manquent en tout point de corps et d’idées. Si «Bydlo» est bien construit (dans le crescendo comme dans le decrescendo), il est également si impersonnel qu’il laisse froid et indifférent. Il faut attendre l’ouverture du «Ballet des poussins dans leurs coques» pour sentir le début – sinon d’une conception personnelle – du moins d’un engagement… lequel retombe malheureusement vite à plat. En témoigne un «Samuel Goldenberg et Schmuyle» à court d’idées.


A l’absence de caractérisation et de profondeur, s’ajoute la lassitude d’une exécution sans prise de risques: une frappe trop légère et un poignet trop tendre empêchent ainsi de donner toute leur ampleur à «La cabane sur des pattes de poule» ou à «La grande porte de Kiev», échouant précisément là où Sviatoslav Richter était parvenu, lors du concert de Sofia en 1958 (Philips), à décomplexer des générations d’interprètes de la version originale du chef-d’œuvre pianistique de Moussorgski, comme le rappelle paradoxalement la notice signée Pierre Vachon. Fort heureusement, la légèreté et la tendresse de Wonny Song conviennent bien mieux à Rachmaninov, dont la célèbre Vocalise (1912) est appréhendée avec délicatesse et pudeur, quoique sans grand enthousiasme. Les Variations sur un thème de Corelli (1931) sont autrement plus investies, le pianiste exaltant enfin la passion et l’engagement dont la musique russe peut difficilement se passer.


Le site de Wonny Song


Gilles d’Heyres

 

 

 

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