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02/21/2010
Modeste Moussorgski : Tableaux d’une exposition – Souvenirs d’enfance – Rêverie – Près de la Côte d’Azur en Crimée
Robert Schumann : Kinderszenen, opus 15

Leif Ove Andsnes (piano)
Enregistré au Henry Wood Hall de Londres (15-16 décembre 2008 et 7-9 juin 2009) – 61’43 + DVD bonus de 93’
EMI 6 98360 2 – Notice de présentation en anglais





Le prix de cette parution ne se trouve pas dans le spectacle visuel qui l’accompagne et dont on a déjà rendu compte dans ces colonnes (voir ici), un DVD permettant de faire voir cette tentative d’illustrer les Tableaux d’une exposition par les images du plasticien sud-africain Robin Rhode, filmées dans divers lieux et configurations réelles ou symboliques. Un documentaire – utile et superbement réalisé – permet néanmoins d’expliciter la démarche du visionary concept artist tout en présentant les protagonistes (Moussorgski, Andsnes, Rhode) et leur conception de l’œuvre. Le prix de cette parution ne se trouve pas non plus dans les petites pièces de Moussorgski qui ne peuvent être appréhendées autrement que comme d’intéressants compléments. Et pas davantage dans de pâlichonnes Scènes d’enfants – dont l’élégance, la simplicité et la profondeur ne se révèlent qu’à la toute fin (à l’issue du parcours trop alangui d’un pianiste en mal d’inspiration schumannienne).


Non, s’il ne faut surtout pas passer à côté de ce disque, c’est parce qu’il contient une interprétation exceptionnelle des Tableaux d’une exposition. Leif Ove Andsnes – par sa frappe d’une insolente sûreté technique – offre un enregistrement magistral d’une partition qui semble écrite pour son jeu et pour sa sensibilité. De son toucher d’airain, le pianiste norvégien fait varier les sentiments dans chacune des cinq «Promenade». La richesse infinie des courtes «Tuileries» (si souvent transformées en intermède charmant et un peu creux), le crescendo implacable de «Bydlo» et les accords infaillibles de «Limoges. Le marché» (qui donnent le tournis), la vigueur folle de «Gnomus» ou du «Ballet des poussins dans leurs coques» (gallinacés sur-vitaminés, secoués d’un rythme et d’un doigté endiablés), l’agitation obsessionnelle de «Samuel Goldenberg et Schmuyle» (qui fait ressortir la modernité des dissonances moussorgskiennes dans un climat évoquant le mysticisme de La Khovanchtchina), la puissance sans hystérie de «La cabane sur des pattes de poule» (qui produit l’effet d’une tornade d’ivoire), les profondeurs abyssales creusées par des «Catacombae» où la résonnance des graves donne la chair de poule, comme si Leif Ove Andsnes ouvrait les portes de l’enfer… jusqu’à la naissance de cette petite voix dans l’aigu, au magnétisme lisztien, précédant une «Grande porte de Kiev» qui vient résumer les qualités entendues jusque là: tout respire l’évidence dans ce Moussorgski à la sonorité pleine et entière. Des Tableaux de maître, à l’image du pianiste.


Le site du projet «Pictures Reframed»
Le site de Leif Ove Andsnes
Le site de Robin Rhode


Gilles d’Heyres

 

 

 

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