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01/07/2010
«Europakonzert 2009»
Giuseppe Verdi : La Forza del Destino (ouverture)
Giuseppe Martucci : La Canzone dei ricordi, opus 68b
Franz Schubert : Symphonie n° 9 en ut majeur D. 944, «La Grande»

Violeta Urmana (soprano), Berliner Philharmoniker, Riccardo Muti (direction), Michael Beyer (réalisation)
Enregistré en public à Naples (1er mai 2009) – 97’14
Medici Arts 2057728 – Son PCM Stereo – Format NTSC 16:9 – Region Code 0






L’Orchestre philharmonique de Vienne a son Neujahrskonzert; l’Orchestre philharmonique de Berlin a pour sa part son Europakonzert, occasion pour lui de célébrer dans une ville européenne l’anniversaire de sa création qui remonte à 1882. A l’image du concert viennois, les représentations berlinoises sont l’occasion de faire appel aux plus grands chefs d’orchestre pour diriger ce qui demeure à chaque fois une splendide démonstration instrumentale. Après Claudio Abbado, Bernard Haitink, Mariss Jansons, Pierre Boulez et Sir Simon Rattle, voici donc Riccardo Muti pour l’édition 2009, de retour sur ses terres natales puisque le présent concert a été enregistré, le 1er mai, dans le magnifique Teatro di San Carlo de Naples.


Comme l’explique certes un peu rapidement la notice de Wolfgang Stähr, c’est une relative surprise de voir le concert dirigé par Muti. Le chef napolitain a très tôt dirigé le Philharmonique de Berlin (leur premier concert commun datant de juin 1972) au point de devenir un hôte régulier qui figurait parmi les favoris pour prendre la succession de Herbert von Karajan à la tête de la prestigieuse phalange. Or, comme le raconte notamment Norman Lebrecht dans son ouvrage Maestro, mythes et réalités des grands chefs d’orchestre, si un cycle Brahms dirigé par Muti au début de l’année 1989 l’avait même propulsé au premier rang des prétendants, le choix final s’est finalement et contre toute attente porté sur Abbado. Deux clans se formèrent alors, opposant les deux chefs en tous points, se livrant ainsi une véritable guerre de tranchées, les amis des uns étant alors considérés comme les ennemis des autres… Légitimement déçu, Muti choisit donc de se replier sur La Scala et sur la direction de quelques orchestres seulement à travers le monde (notamment le Philharmonique de Vienne, le National de France, l’Orchestre de la Radio bavaroise et le Symphonique de Chicago, dont il est d’ailleurs devenu le chef titulaire en 2008). Cet Europakonzert avait donc le goût de retrouvailles avec des musiciens profondément renouvelés et rajeunis depuis l’ère Karajan.


Le programme est tout à fait représentatif du répertoire chéri de Riccardo Muti. L’Ouverture de la Forza del destino, opéra que Giuseppe Verdi (1813-1901) composa en 1862 (et remania en 1869), fait depuis longtemps partie des partitions fétiches de Muti qui le programme soit en concert proprement dit, soit en bis (voir ici). Nerveuse et colorée, cette ouverture met, comme on le sait, parfaitement en valeur les bois (hautbois et clarinette notamment) et permet à l’Orchestre philharmonique de Berlin de briller dès son entrée en lice. Autre cheval de bataille de Riccardo Muti, la Grande symphonie de Franz Schubert (1797-1828) qu’il dirige depuis des années à la tête des plus prestigieuses phalanges (voir ici). L’interprétation à laquelle nous assistons ici s’avère on ne peut plus classique mais quelle tenue! L’orchestre est superlatif, guidé par un Riccardo Muti comme toujours attentif au dynamisme des tempi et à la diversité des couleurs et des sons. On admirera, naturellement, les deux cors dans l’introduction du premier mouvement (Andante – Allegro), le hautbois dans l’Andante con moto, la vivacité des cordes dans le mouvement final… La diversité des plans filmés nous permet ainsi de voir comme personne le merveilleux cadre du concert (le Teatro di San Carlo, le plus ancien théâtre lyrique du monde, ayant notamment connu la création d’œuvres majeures du répertoire lyrique de Rossini à Mercadante et Donizetti) ainsi que les sourires de connivence du chef à l’égard des musiciens, chacun connaissant parfaitement son rôle et sachant le tenir. Muti, laissant faire l’orchestre à plusieurs reprises, dirige parfois de façon un peu ostentatoire mais avec une gestique qui frappe tant par sa clarté que par sa beauté. Inévitablement, c’est un triomphe que le public napolitain (au premier rang desquels le président du conseil italien, Silvio Berlusconi) réserve à l’orchestre et, surtout, au chef, véritablement salué comme l’enfant du pays.


Comme souvent dans les programmes concoctés par Riccardo Muti, une rareté s’est introduite entre ces deux partitions fort connues: La Canzone dei ricordi de Giuseppe Martucci dont on fêtait presque l’exact centenaire de la mort puisque, né en 1856, il est décédé le 1er juin 1909, à Naples. Musicien prodige, compositeur accompli, chef d’orchestre reconnu (il dirigea la première italienne de Tristan und Isolde de Richard Wagner), Martucci s’est essentiellement illustré dans la musique de chambre et dans le répertoire symphonique, son œuvre la plus célèbre restant peut-être sa Seconde symphonie, tout en ayant évité de s’engager dans le domaine de l’opéra! La Canzone dei ricordi, cycle composé en 1886 et orchestré en 1900, sur des poèmes de Rocco Emanuele Pagliara (1856-1914), fait également partie des œuvres sans cesse défendues par Riccardo Muti, qui les dirige régulièrement à travers le monde (voir ici). Violeta Urmana s’engage pleinement dans les sept chants du cycle, sachant se fondre dans le doux paysage imposé par une subtile orchestration où Muti obtient du Philharmonique de Berlin de véritables merveilles notamment les cordes au début de «No, svaniti non sono i sogni» ou dans le passage dramatique (toujours dans la première chanson) «di sospir, di desío corre le vene!». On admirera également la finesse instaurée entre les sons détachés de la clarinette et les pizzicati des cordes au début de la troisième chanson, «Fior di ginestra», la voix chaude de Violeta Urmana étant habilement doublée d’une discrète flûte. Encore une fois, on ne peut que rendre hommage à Riccardo Muti (et à ses confrères) lorsqu’il permet de faire (re)découvrir une œuvre d’une aussi grande beauté.


Le site de Violeta Urmana
Le site de Riccardo Muti


Sébastien Gauthier

 

 

 

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