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12/31/2009
«Villa-Lobos, piano music», volumes 1 et 2
Heitor Villa-Lobos : Três Danças Características Africanas – Bachianas Brasileiras n° 4 – As Três Marias – Ciclo Brasileiro – Rudepoema – Suite Floral (#) – A Prole do Bebê, livres I «Bonecas» et II «Os bichinhos» (#) – Choros n° 1 «Tipico» (arrangement : Gao)

Joanna Brzezinska (piano)
Enregistré au château Fallot de Lausanne (23-26 février 2006 (#) et 28-31 octobre 2008) – 67’08 (#) et 70’27
Deux disques Claves 50-2709 (#) et 50-2913 (distribués par Intégral) – Notice de présentation en français, allemand et anglais






Alors qu’Heitor Villa-Lobos mériterait, depuis longtemps déjà, d’être traité en auteur «classique», sa musique demeure toujours aussi peu jouée et a fortiori enregistrée. Si la France devrait être aux avant-postes de l’entreprise de promotion et de diffusion de l’œuvre de son fils adoptif – particulièrement au moment où l’on célèbre le cinquantenaire de son décès –, ce sont le label suisse Claves et la pianiste polonaise Joanna Brzezinska qui viennent enrichir la discographie du compositeur né à Rio de Janeiro en 1887, par un choix exemplaire de partitions qui sont presque toutes des chefs-d’œuvre, à l’image de l’hypnotique «Plantio do Caboclo» (La Plantation du paysan) qui ouvre le Ciclo Brasileiro (1936) : Etienne Barilier décrit si bien cette pièce, dans la notice, comme une «splendeur désolée et méditative» qui revêt la beauté inouïe de la terre battue des paysans du Nordeste brésilien. De même, quand on réalise à quel point les épisodes du deuxième livre (1921) – «Os bichinhos» («Les petits animaux») – de A Prole do Bebê sont supérieurs à ceux du premier livre (1918) – «Bonecas» («Les poupées») –, pourtant plus connus bien que déjà confondants de créativité colorée, on se met à rêver à une redécouverte de la partition perdue du livre III («Les Jeux»).


Le jeu comme la sensibilité artistique de Joanna Brzezinska entretiennent d’évidentes affinités avec l’univers de Villa-Lobos, dont elle anime les folles secousses avec une énergie frénétique et toujours contrôlée, faisant rayonner l’«Aria» comme la «Dança» de la Bachianas Brasileiras n° 4 (1941) et s’exalter les furieuses «Festa no Sertão» et «Dança do Indio Branco» du Ciclo Brasileiro. Le sommet de ces enregistrements revigorants réside peut-être dans un Rudepoema (1926), maîtrisé vingt minutes durant jusqu’aux coups de poing finaux, conçu comme un moment de transe obsessionnelle au point qu’on est effectivement tenté d’y reconnaître «un portrait de la musique de piano telle que le vingtième siècle était en train de la réinventer, défrichant de nouveaux territoires harmoniques tout en glorifiant la puissance percussive de l’instrument» (E. Barilier). L’artiste polonaise dévore avec gourmandise ce morceau dédié à son illustre compatriote Arthur Rubinstein, qui le créa à Paris en 1927.


S’il peut sembler que la frappe, impeccable par son mélange de motorisme et de légèreté dans des pièces comme As Três Marias (1939) ou les trois Danças Africanas (1915), manque de poids et de démesure (…davantage de mystère et de solennité rendrait le sage «Prelùdio» de la Bachianas Brasileiras n° 4 probablement plus marquant), c’est que l’approche est effectivement plus proche d’Arthur Rubinstein que de Nelson Freire, ce dernier sachant créer la transpiration, la moiteur, la suffocation qui font par moments défaut. Rien ne parvient pourtant à altérer l’enchantement virtuose que dégage le jeu aux multiples facettes de Joanna Brzezinska, qui donne une voix propre à chaque Boneca comme à chaque Bichinho. On saluera donc avec force la parution du deuxième disque que la pianiste polonaise consacre au compositeur brésilien (… tout comme la reparution du premier volume), formant le vœu qu’il corresponde au début, non pas tant d’une intégrale en bonne et due forme, mais plutôt d’un engouement durable pour Villa-Lobos, le Bartók brésilien.


Le site de Joanna Brzezinska


Gilles d’Heyres

 

 

 

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