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12/24/2009 Siegfried Matthus : Ariadne (*) – Manhattan Concerto – Air d’Holopherne (extrait de «Judith») – Nächtliche Szene im Park (extrait de «Graf Mirabeau») Aris Argiris (baryton), Württembergische Philharmonie Reutlingen, Ola Rudner (*), Siegfried Matthus (direction)
Enregistré au studio de la Württembergische Philharmonie Reutlingen (juin et novembre 2008) – 63’13
Genuin GEN 89144 (distribué par DistrArt)
Originaire de l’ex-Allemagne de l’Est, Siegfried Matthus a célébré le 13 avril dernier son septante-cinquième anniversaire, l’occasion pour Genuin de faire connaître quelques œuvres datées de 1985 à 2002 et reliées par la figure de Dionysos, comme l’explique le compositeur dans une notice (en anglais et allemand) fort succincte.
Ariadne (2002), fondé sur les Dithyrambes à Dionysos de Nietzsche, confie un rôle prépondérant au baryton et aux percussions. L’écriture, volontiers mélodique, se distingue par sa remarquable clarté qui relève par moments de la musique de chambre, pour preuve le duo particulièrement réussi entre le chanteur (Aris Argiris) et le violoncelle. Entièrement instrumentale, la magnifique «Danse de Dionysos» conclut l’ouvrage sur un ton extatique qui rappelle l’interlude exclusivement pour percussions du Nez de Chostakovitch. Elle introduit idéalement le Manhattan Concerto pour quatre percussionnistes et orchestre (1994), commande de la Manhattan School of Music créée par Kurt Masur, un des grands défenseurs du compositeur, qui voit une dimension dionysiaque dans la vitalité de New York. Cette partition réjouissante rappelle le tout aussi jubilatoire, mais plus spectaculaire, Concerto pour timbales «Der Wald» (1984). Imitation de bruits nocturnes ainsi que des cris d’oiseaux, citation amusante du fameux crescendo de clarinette de Rhapsody in blue, euphorie permanente, la partition n’ennuie pas une seconde et invite à s’y replonger. Extrait de Judith (1985), un de ses treize opéras, le bref air d’Holopherne prolonge le climat d’Ariadne. Enfin, extrait de Comte Mirabeau, Scène nocturne dans le parc (1988) s’inspire de la rencontre entre la reine Marie-Antoinette et le révolutionnaire, un tempérament dionysiaque selon Matthus.
Avec son écriture, ni conservatrice ni avant-gardiste mais élaborée, Siegfried Matthus s’affirme moins en épigone qu’en compositeur de synthèse. L’orchestration, particulièrement travaillée sans être surchargée, reste constamment lisible. A ce titre, la Philharmonie wurtembergeoise de Reutlingen, dirigée par le compositeur (et Ola Rudner dans Ariadne), présente d’incontestables qualités mais que donnerait cette musique par les Berliner Philharmoniker menés par sir Simon Rattle, qui créèrent en mai dernier le Concerto for Five?
Le site de la Philharmonie wurtembergeoise de Reutlingen
Sébastien Foucart
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