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11/27/2009 Ludwig van Beethoven : Symphonies n° 6 “Pastorale”, opus 68, et n° 2, opus 36
Die Deutsche Kammerphilharmonie Bremen, Paavo Järvi (direction)
Enregistré au Funkhaus Köpenick de Berlin (15-17 décembre 2007 [Sixième] et 18-20 décembre 2007) – 72’51
RCA 88697542542 (distribué par Sony/BMG) – Notice et traduction bilingues (anglais et allemand) de Peter Schleuning
La parution de précédents volumes de cette nouvelle intégrale des symphonies de Ludwig van Beethoven (1770-1827), gravée cette fois par la Deutsche Kammerphilharmonie de Brême, sous la direction de Paavo Järvi, a déjà été précédemment saluée dans nos colonnes (voir ici). Les mêmes compliments sont aujourd’hui de mise à l’écoute d’un disque qui allie une de symphonies les plus connues de Beethoven, la «Pastorale», et une symphonie de jeunesse, la Deuxième. La parenté entre ces deux œuvres n’est pas évidente, même si peu d’années les séparent, la Deuxième datant en effet de 1802-1803 et la Sixième n’ayant été créée que cinq années plus tard, en décembre 1808. Quels changements en effet dans la maîtrise de la ligne, dans le mariage des timbres, dans l’utilisation même de l’orchestre ! Pourtant, en dépit de ces différences absolument fondamentales, l’une comme l’autre requièrent un orchestre léger et vif : c’est exactement ce que nous entendons dans ce disque.
Dans la « Pastorale », Järvi, qui ne néglige aucune reprise, nous donne une interprétation tout à fait enthousiasmante, d’une fraîcheur et d’une spontanéité rares. L’orchestre fait ainsi preuve d’une constante implication technique et musicale (les clarinettes dans le dernier mouvement, les cors dans le troisième, …), le chef portant quant à lui une attention toute particulière aux contre-chants (les violoncelles dans le dernier mouvement là encore) ce qui enrichit considérablement notre écoute d’une œuvre pourtant célébrissime. Les tempi choisis ne suscitent quant à eux aucune interrogation particulière tant ils vont de soi : le naturel de la partition est ainsi particulièrement mis en exergue, à rebours de certaines gravures qui la « surinterprètent » au détriment de son évidence. Parfaite synthèse entre les interprétations traditionnelles et le renouveau baroque, Järvi prouve ici encore que l’on peut tout à fait renouveler le genre sur instruments modernes !
La Deuxième est également d’une très grande qualité. Le premier mouvement ne traîne en aucune façon, faisant ainsi une belle place à la clarté des lignes et aux arêtes tranchantes d’une partition faussement facile. Faisant preuve d’une très grande souplesse, l’orchestre interprète l’œuvre avec un entrain communicatif, concluant le premier mouvement dans une gradation sonore admirablement conduite. Le Larghetto est pris à une allure qu’on n’a pas l’habitude d’entendre ici mais, contrairement à ce que l’on pourrait penser, les couleurs nostalgiques de cette magnifique page orchestrale (qui n’est d’ailleurs pas sans préfigurer certains passages symphoniques chez Schubert) ne sont pas gommées pour autant, Järvi prenant à juste titre le temps de faire respirer son orchestre. Quant à la deuxième partie du mouvement, elle illustre à merveille, clarinettes et cors aidant, ces lustige Bauer (joyeux paysans) comme aimait à dire Sir Georg Solti, soulignant par là même le côté à la fois festif et rustique de la musique ! Le dernier mouvement, Allegro molto, est, à l’image de la symphonie tout entière, magnifiquement interprété. Il conclut ainsi de la plus belle manière ce disque, nouvel élément de cette intégrale qui, à n’en pas douter, figure d’ores et déjà au sommet de la discographie. Compte tenu de la concurrence existante, ce n’est pas le moindre des compliments qu’on puisse lui adresser.
Sébastien Gauthier
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