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10/08/2009
Gabriel Fauré : Requiem, op. 48 – Cantique de Jean Racine, op. 11

Sandrine Piau (soprano), Stéphane Degout (baryton), Christophe Henry (orgue), Luc Héry (violon), Maîtrise de Paris, Patrick Marco (direction), accentus, Membres de l’Orchestre national de France, Laurence Equilbey (direction)
Enregistré à la Basilique Sainte-Clotilde (orgue Cavaillé-Coll), Paris (janvier 2008) – 41’17
Naïve Classique V 5137 – Notice en français et en anglais






Le Requiem de Fauré semblait un choix évident pour le chœur de chambre accentus, dont le son et le style, maintenant reconnaissables entre tous, ne pouvaient que convenir à ce chef-d’œuvre de raffinement sonore, troublant de dépouillement, de transparence et de pureté. Pour ce nouvel enregistrement en tant que chef d’orchestre et chef de chœur, Laurence Equilbey a franchi ce pas tant souhaité par certains musiciens et mélomanes depuis la captation de l’interprétation recueillie et lumineuse des Requiem(s) de Dusapin en février 2000.


Commencé dès 1877, le Requiem fut le compagnon de route du compositeur pendant une vingtaine d’années jusqu’à la complétion de la version symphonique de 1901 qui devint la version officielle pendant près d’un siècle. La version retenue ici est celle de 1893, publiée seulement en 1994 grâce au musicologue Jean-Paul Nectoux, c’est-à-dire la version originale définitive souhaitée par Fauré, à l’effectif orchestral restreint. A la fois fervente et intimiste, sa différence par rapport aux requiem en vogue à l’époque découle des convictions profondes du compositeur : Fauré, attribuait sa pleine valeur au mot latin requiem, ressentant la mort comme un repos éternel, «une délivrance heureuse» et non comme un «passage douloureux» et dramatique. Habitué à accompagner à l’orgue les services d’enterrement, il voulut de son propre aveu «sortir du convenu», ce qu’il fit musicalement et sans craindre de couper le texte liturgique. Du dramatique «Dies iræ», par exemple, il ne retint que le «Lux æterna», et au «Benedictus» il substitua un «Pie Jesu» d’une beauté éthérée. Peut-être contre toute attente, l’originalité, la force intérieure et la profonde humanité de l’œuvre ne s’en trouvent que renforcées.


Les qualités d’accentus conviennent bien à cette vision : maîtrise et rigueur alliées à une grande musicalité, un phrasé impeccable et un son aéré, diaphane et pourtant généreux. L’orchestre sans bois et sans violons hormis le violon solo du «Sanctus» (belle prestation de Luc Héry), accentue le relief de l’œuvre et soutient le chœur avec efficacité au gré des humeurs du texte, les beaux cuivres, dramatiques, les timbres orchestraux, alliés au plan rigoureux de régistrations de l’orgue, apportant une palette nuancée de fines couleurs changeantes et expressives. Le chœur est sublime, touchant, troublé ou grave, chaque pupitre mis en valeur par l’écriture de Fauré, les sopranos séraphiques, les autres pupitres à la fois veloutés et lumineux, les tutti retenus, amples ou d’une puissance impressionnante. La voix claire et intimiste du baryton Stéphane Degout, au léger vibrato de bon aloi, s’accorde parfaitement à la pureté de l’écriture de Fauré : elle met en valeur le texte de l’«Hostias» et, toujours belle, glace d’effroi au «Libera me» qui ouvre sur l’inquiétude et la clameur du court «Dies iræ, dies illa» du chœur. La sensibilité de Sandrine Piau, son intériorité, la candeur et la transparence de sa voix parfaitement contrôlée illuminent un «Pie Jesu» touché par la grâce.


En complément, le court Cantique de Jean Racine d’un jeune Fauré de dix-neuf ans à peine. Ecrit à l’origine pour chœur à quatre voix, quintette à cordes et harpe, c’est ici la version avec orchestre, celui-ci plus fourni que pour le Requiem. L’interprétation est encore une fois au diapason de cette pièce mélodieuse, souriante et apaisée aux belles lignes amples en souples crescendi/diminuendi exquis, l’orchestre d’une réconfortante douceur et accentus d’une chaleureuse simplicité moelleuse et juste.


Malheureusement, cet enregistrement ne dure qu’une petite quarantaine de minutes, ce qui ne peut que laisser quelques regrets.


Le site d’accentus


Christine Labroche

 

 

 

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