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09/29/2009 Carl Philipp Emanuel Bach : Concerto pour violoncelle et orchestre en la majeur Wq. 172, H. 439
Friedrich Hartmann Graf : Concerto pour violoncelle et orchestre en ré majeur
Johann Adolph Hasse : Concerto pour violoncelle et orchestre en ré majeur
Johann Michael Haydn : Concerto pour violoncelle et orchestre en si bémol majeur
Jan Vogler (violoncelle), Münchener Kammerorchester, Reinhard Goebel (direction)
Enregistré en 2007 – 77’19
Sony Classical 88697119972 – Notice trilingue (anglais, allemand, français) de Reinhard Goebel
Bien que le violon fasse figure d’instrument privilégié dans les concertos composés au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, plusieurs autres instruments ont également fait l’objet de l’attention des compositeurs. Le clavier (clavecin ou pianoforte), le chalumeau, la trompette, le cor, la flûte (traversière ou à bec) ont ainsi donné lieu à de splendides pages musicales : évidemment, le violoncelle ne pouvait être tenu à l’écart. A côté de nombreux autres disques (consacrés spécifiquement à tel ou tel compositeur ou formant une anthologie quelconque), voici donc quatre concertos, dont trois enregistrés en première mondiale, qui nous rappellent à quel point le violoncelle a pu être magnifiquement servi aux époques baroque et classique.
Commençons notre panorama par le compositeur et l’œuvre les plus connus de ce disque. S’il est l’auteur de maints concertos pour clavecin (on en dénombre près d’une cinquantaine), Carl Philipp Emanuel Bach (1714-1788) n’a en revanche composé que trois concertos pour violoncelle et orchestre ; le premier (Wq. 170) fut composé en 1750, les deux autres (respectivement Wq. 171 et Wq. 172) le furent vraisemblablement en 1753. Le jeune violoncelliste Jan Vogler a choisi d’enregistrer ici le dernier des trois (peut-être le plus célèbre) qui, à l’instar des deux autres, a été transcrit aussi bien pour le clavecin (Wq. 29) que pour la flûte (Wq. 168). Une jambe dans le monde baroque (on soulignera l’importance de la basse continue et de certains motifs propres au concerto italien tel qu’avaient pu le développer Vivaldi ou Albinoni), le fils le plus doué de Johann Sebastian Bach a indéniablement l’autre jambe dans le monde classique, ses concertos étant très proches de ceux composés par Joseph Haydn (1732-1809) ou Leopold Hofman (1738-1793). Vogler allie avec beaucoup de grâce une technique remarquable et une grande musicalité, soutenu (et peut-être aidé) par un Reinhard Goebel rompu à ce répertoire lorsqu’il dirigeait du violon puis de l’alto son fameux Musica Antiqua Köln.
S’il est un contemporain de Carl Philipp Emanuel Bach, Friedrich Hartmann Graf (1727-1795) est beaucoup moins célèbre. Surtout connu pour être l’auteur de pièces destinées à la flûte (trios et quatuors notamment), il a donc également composé quelques concertos dont ce Concerto pour violoncelle en ré majeur qui date vraisemblablement des années 1780. Fondamentalement classique dans sa conception (ne serait-ce la présence d’une basse continue confiée au clavecin), articulé en trois mouvements on ne peut plus communs (Allegro, Andante, Rondo – allegro), il recourt à un petit orchestre à cordes épaulé par deux hautbois et deux cors. Comment, là encore, ne pas penser aux deux Concertos de Joseph Haydn ? L’âpreté des sons que Jan Vogler tire de son violoncelle accentue le contraste entre un soliste « terrien » et un orchestre beaucoup plus léger, volontiers galant. Si l’Andante est le plus beau mouvement du concerto (on soulignera sa légère mélancolie, magnifiquement portée par l’ensemble des musiciens), l’Allegro final est certainement le plus révolutionnaire puisque, comme le souligne Goebel dans la notice du disque, il est le premier concerto pour violoncelle de l’Histoire à requérir l’emploi des harmoniques de l’instrument. Le jeu de Vogler sur les dissonances est surprenant pour l’époque mais, avouons-le, contribue totalement au charme du mouvement.
Plus connu pour ses œuvres de musique sacrée et pour ses opéras que pour sa musique instrumentale, Johann Adolf Hasse (1699-1783) a néanmoins laissé quelques belles compositions pour flûte et orchestre, vraisemblablement sollicité par son ami Joachim Quantz qui, au sein de la Cour de Dresde, passait pour un des flûtistes les plus talentueux de son époque. Ce Concerto pour violoncelle, également dans la tonalité de ré majeur, s’avère de facture assez classique. Pouvant dater des années 1730, il joue habilement sur l’opposition entre l’orchestre et le soliste, les motifs étant identiques, les uns répondant à l’autre en ajoutant quelques fioritures à chaque nouveau propos. Si l’influence italienne peut se deviner dans le premier mouvement, elle est tout à fait évidente dans le Largo : les concertos de Vivaldi avaient, il est vrai, depuis longtemps franchi les Alpes. Le troisième mouvement met parfaitement en valeur l’orchestre qui ravit la préséance au soliste tant Goebel le fait briller avec un entrain communicatif.
Moins célèbre que son illustre frère aîné (de cinq ans), Michael Haydn (1737-1806) officia essentiellement à Salzbourg où il fut un intime de Mozart. Laissant derrière lui une production abondante (dont une quarantaine de symphonies), il livre ici un splendide Concerto en si bémol qui, contrairement aux trois précédents, a définitivement tourné le dos au monde baroque. La texture orchestrale ainsi que le jeu confié aux violons ou aux bois (hautbois et bassons) nous ramènent au tournant des XVIIIe et XIXe siècles ; à ce titre, signalons immédiatement l’avertissement de Reinhard Goebel dans sa notice qui nous précise que ce Concerto n’est peut-être par l’œuvre de Michael Haydn, le manuscrit ne permettant en aucune façon de l’assurer… Peu importe : Jan Vogler se joue des difficultés et privilégie le climat bucolique d’un concerto tout à fait charmant.
A défaut de révolutionner notre vision du violoncelle comme instrument soliste, force est de constater que ce disque remplit parfaitement sa mission en nous permettant d’écouter des pièces séduisantes servies avec conviction par des interprètes impeccables.
Le site de Jan Vogler
Le site de Reinhard Goebel
Le site de l’Orchestre de chambre de Munich
Sébastien Gauthier
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