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09/29/2009
Johann Sebastian Bach : Cantates « Jesu, der du meine Seele », BWV 78, « Weinen, Klagen, Sorgen, Zagen », BWV 12, et « Nach dir, Herr, verlanget mich », BWV 150 – Motet « O Jesu Christ, meins Lebens Licht », BWV 118

Veronika Winter (soprano), Damien Guillon (alto), Marcel Beekman (tenor), Benoît Arnould (baryton), Akadêmia, Françoise Lasserre (direction)
Enregistré en l’église évangélique allemande, Paris (3-5 décembre 2008 et 5-7 janvier 2009) – 64’35
Zigzag Territoires (distribué par Harmonia Mundi) ZZT090502 – Traduction des textes chantés et notice bilingue (français et anglais) de Thierry Geffrotin






Bien qu’elles aient été déjà toutes enregistrées au cours des quatre ou cinq dernières décennies, les Cantates de Johann Sebastian Bach (1685-1750) ne laissent pas d’étonner tant elles diffèrent par leurs mélodies, leurs accents et leur message. Parmi les plus grandes réussites recensées au cours des derniers mois, il convient de souligner le présent disque édité par Zigzag Territoires qui confirme tant l’excellence des interprètes que celle de la ligne éditoriale poursuivie par ce label.


A destination du quatrième dimanche suivant la Trinité, la Cantate « Jesu, der du meine Seele » BWV 78 a été créée le 10 septembre 1724. D’emblée, elle étonne l’auditeur puisque ses premières notes font immédiatement penser non à Bach mais à son alter ego anglo-saxon Georg Friedrich Händel (1685-1759). La première impression se dissipe rapidement puisque l’entrée des voix remet les choses à leur place : aucun doute, c’est là l’œuvre du Cantor. Soutenu par le basson de Nicolas André (excellent sur la totalité du disque), le chœur introductif frappe par sa clarté et sa simplicité, que vient renforcer la diction exemplaire des chanteurs. Air célèbre (il a notamment fait les beaux jours de Maurice André et Marie-Claire Alain dans leurs adaptations d’œuvres baroques pour trompette et orgue...), le duo « Wir eilen mit schwachen » est un modèle d’interprétation : les voix de Veronika Winter et Damien Guillon se marient on ne peut mieux et mêlent très habilement la révérence (« Ach höre, wie wir die Stimmen erheben... ») et la joie du croyant. Impliqué dans le moindre mot, dans la moindre inflexion, le ténor Marcel Beekman se lance ensuite dans un long et séduisant récitatif avant de déclamer un récitatif contrasté, accompagné avec délicatesse par la flûte et l’orgue. Manifestation parmi d’autres de la richesse de cette cantate, le recours à de multiples instruments (signalons par exemple le hautbois et le basson qui virevoltent avec la basse dans une aria immédiatement séduisante) est ici effectué avec une grâce qui place indéniablement cette version parmi les plus recommandables qui soient.


Il en va de même pour la célèbre Cantate « Weinen, Klagen, Sorgen, Zagen » (« Pleurs, lamentations, tourments, découragement »), exécutée pour la première fois en avril 1714. Œuvre de jeunesse (Bach n’a pas trente ans), elle témoigne pourtant d’une maîtrise rythmique et mélodique tout à fait admirables : le propos initial, consécutif à une douce Sinfonia dominée par le hautbois, est confié à un chœur rassemblant sous forme de canon les quatre solistes. Après celle de Damien Guillon, irréprochable comme à son habitude, la tristesse qui innerve l’ensemble de la cantate met particulièrement en valeur les voix de Marcel Beekman et Benoît Arnould qui témoignent de toutes leurs qualités dans deux arias faisant en outre intervenir ici les cordes et le basson, là l’orgue et la trompette. L’air « Sei getreu, alle Pein » du ténor, doublé par la mélodie du choral « Jesu meine Freude », nous entraîne vers la consolation, terrain d’élection pour la transition avec le chœur conclusif où brille de nouveau une éclatante trompette.


La Cantate « Nach dir, Herr, verlanget mich » est certainement la plus mystérieuse de celles présentées ici puisque Bach n’en est peut-être pas le véritable auteur : en dépit des recherches effectuées, des doutes demeurent encore aujourd’hui sur son authenticité. Composée vers 1708 ou 1709, à une époque où Bach débute sa carrière à Weimar (il y réside entre 1708 et 1717), elle met en exergue de superbes chœurs, là encore réduits aux quatre solistes. Damien Guillon, Marcel Beekman et Benoît Arnould nous livrent un superbe trio (accompagnés par un orchestre enthousiasmant) avant que l’œuvre ne s’achemine vers un chœur aux motifs d’ostinato concluant de la plus belle manière une cantate aux tonalités indéniablement joyeuses.


Si la Cantate BWV 150 demeure entourée d’un halo d’incertitudes, tel n’est pas le cas en revanche du motet O Jesu Christ, meins Lebens Licht, dont les circonstances de la composition nous sont parfaitement connues. Œuvre destinée à une cérémonie funèbre (peut-être la mort du comte Friedrich von Fleming, décédé le 11 octobre 1740), ce motet a fait néanmoins l’objet d’une première version datant de 1736 ou du début de l’année 1737. Françoise Lasserre remet ici son métier sur l’ouvrage puisqu’en 1997, elle l’avait déjà enregistré avec son ensemble Akadêmia (Pierre Verany). La présente gravure surpasse de loin la précédente, Lasserre ayant gagné en souplesse, en sérénité, aidée il est vrai par un meilleur orchestre où dominent les deux litui (sorte de cors), les deux cornets et les trois trombones.


Ce nouvel opus édité par Zigzag Territoires constitue donc un superbe enregistrement qui, même si l’on possède déjà l’une de ces œuvres dans sa discothèque, mérite sans aucun doute d’être acquis.


Le site de l’ensemble Akadêmia
Le site de Marcel Beekman


Sébastien Gauthier

 

 

 

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