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09/27/2009
Franz Schubert : Moments musicaux, D. 780 – Impromptus, D. 899 – Allegretto, D. 915
David Fray (piano)
Enregistré au studio Teldex de Berlin (25-29 avril 2009) – 72’33
Virgin Classics 50999 694489 0 4 – Notice de présentation en français, anglais et allemand






Déjà salué dans ces colonnes (voir ici, ici et ici), David Fray (né en 1981) poursuit son jeune parcours discographique avec un album dédié à Franz Schubert, dont il publie les «notes de travail» dans le livret. Evoquant les quatre Impromptus D. 899 (1827), il analyse le «propre du génie de Schubert : donner l’impression qu’il ne compose pas un thème, mais qu’il fait parvenir à un plus grand degré de conscience une mélodie immémoriale qui nous habitait sans même que l’on s’en aperçoive ; un thème sorti de nous-mêmes, de notre propre silence, qui suggère un cheminement patient, une espérance en butte à la fatalité». De l’Impromptu en ut mineur, le pianiste français livre une vision peut-être plus beethovénienne que schubertienne, à force de bâtir une architecture à l’œuvre. Cherchant l’originalité à tout prix, Fray brutalise l’Impromptu en mi bémol majeur et l’abîme dans de curieux accelerandos qui font perdre tout naturel et toute fluidité à la pièce. Les Impromptus en sol bémol majeur et en la bémol majeur retrouvent une simplicité et une pudeur bienvenues.


David Fray semble vouloir déconstruire les six Moments musicaux (1824) par des options stylistiques radicales sinon extrêmes, avant de se recentrer, pour les deux derniers épisodes, dans l’axe de la tradition interprétative de l’œuvre. Dessinant des clairs-obscurs remplis de tendresse, presque trop dépouillé par moments, le Premier Moment musical donne le ton : celui du silence et de l’intimité. Il prépare, en réalité, le terrain au passage le plus étonnant de ce premier disque schubertien : la partie centrale de l’Andantino, laquelle dessine une sorte de «Clair de lune» fragile et délicat qui cherche à se faire tout petit et flirte autant avec le maniérisme qu’avec le génie. En revanche, l’Allegro moderato en fa mineur tout comme le Moderato en ut dièse mineur, volontairement déroutants par le choix d’un tempo qui se traîne et qui délaie la phrase musicale, n’intéressent qu’à la première écoute et finissent vite par lasser, leur lenteur tournant à la mollesse. Quant à l’Allegretto conclusif, il cherche à réconcilier l’audace des options interprétatives du début avec la simplicité du phrasé et la sobriété de la mélodie, celle-là même qui éclaire l’Allegretto en ut mineur (1828) qui paraît prolonger les Moments musicaux. Le résultat est à l’image du disque : en demi-teinte. Nul doute que David Fray aura l’occasion, au cours de la longue carrière qui s’ouvre à lui, de remettre Schubert sur le métier.


Gilles d’Heyres

 

 

 

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