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08/21/2009 Leonide Polovinkine: Suite « Dziuba » – Danse lyrique, opus 21 n°2 – Humoresques – Suite « Les Attraits » - Septième Evènement – Valse, opus 30 n°4 – Berceuse, opus 30 n°5 – Deux Evènements, opus 5 – Sonate pour piano n°4, opus 18 Anait Karpova (piano)
Enregistré au Conservatoire royal de Bruxelles (août 2007 et janvier 2009) – 60’08
Fuga Libera FUG555 (distribué par Harmonia mundi)
Leonide Alexeïevitch Polovinkine (1894-1949) : à moins d’être incollable en musique russe, ce nom ne vous dit probablement rien. Cet élève de Miaskovski, Catoire, Glière et Malko au Conservatoire de Moscou, où il enseigna également, n’a pas quitté l’Union soviétique mais sa musique, à cheval entre modernisme et néoclassicisme, échappa à la condamnation du régime. Le répit dont bénéficia ce compositeur, au mode de vie quelque peu bourgeois, n’a pas empêché son œuvre de sombrer dans l’oubli, peut-être, en partie, parce qu’elle n’a jamais été publiée par la firme d’Etat Melodiya. C’est du moins ce que suggère Frans C. Lemaire dans l’excellent texte de présentation (en français, anglais et russe) de cette nouvelle réussite éditoriale de Fuga Libera, manifestement jamais en panne de bonnes idées.
Eclairant une facette méconnue de la musique soviétique des années 20 et 30, cette publication propose une sélection significative de ses œuvres pour piano, défendue avec conviction par Anait Karpova, élève de l’Ecole Gnessine et du Conservatoire de Moscou avant de rejoindre celui de Bruxelles. A l’exception de la Quatrième Sonate, dont le mouvement lent est étonnamment court (un peu plus de deux minutes), il s’agit de pièces brèves, assez peu développées mais suscitant malgré tout quelque intérêt. La Suite « Dziuba » (1936) provient d’un spectacle du Théâtre pour enfants de Moscou dont Polovinkine dirigea l’orchestre pendant une dizaine d’années et pour lequel il conçut, avec Nathalie Sats, sa directrice, et par ailleurs compagne, des opéras et des contes fantastiques : musique plaisante, habilement ouvragée mais manquant un peu d’épaisseur. Il est probable que la Suite « Les Attraits » (1933), dont deux morceaux s’inspirent de la musique populaire, soit également issue d’un spectacle oublié.
Influencé par Scriabine et Prokofiev, le Septième évènement (1928) se distingue pas des effets sonores impressionnants. Les autres courtes pièces (Danse lyrique, Valse, Berceuse, les Humoresques, qui font d’ailleurs penser à Schumann) s’oublient aussi vite une fois entendues. Ce programme foncièrement original s’achève sur la saisissante et tumultueuse Quatrième Sonate (1927), de loin la composition la plus personnelle et intéressante de l’album. Elle encourage à connaître le reste de la production, en particulier les quatre autres Sonates et le Concerto pour piano, de ce musicien que Frans C. Lemaire rapproche d’Arthur Lourié, Nicolas Roslavets et Anatole Lounatcharski mais qui, en fin de compte, n’occupa guère l’affiche des grandes scènes soviétiques.
Un disque recommandé aux spécialistes de musique russe et aux incorrigibles curieux.
Sébastien Foucart
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