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08/21/2009
John Williams : Suite « Schindler’s list »
Ernest Bloch : Suite hébraïque – Concerto grosso N° 1

Alexandre da Costa (violon), Marc Pantillon (piano), Orchestre Symphonique de Bienne, Thomas Rösner (direction)
Enregistré à Bienne (mars 2008) – 51’
Atma Classique ACD2 2579 (distribué par Intégral)





Collaborateur fidèle de Steven Spielberg, John Williams a réussi à fabriquer en 1993 la musique de Schindler’s list de telle sorte qu’elle puisse perdurer indépendamment du succès du film correspondant. Au lieu de tomber dans le piège d’une appropriation basale du folklore yiddish (c’est là effectivement l’un des ingrédients de la recette, mais qui reste finalement discret), Williams a préféré récupérer habilement tout l’arsenal du post-romantisme sentimental, le truchement du violon solo, instrument ici tout autant «ethnique» qu’universel, se révélant essentiel pour bien réveiller tous les parfums mélodiques qui passent dans le champ. De fait, ce fameux thème de La Liste de Schindler qui continue à faire pleurer le monde entier n’est rien d’autre qu’une jolie mélodie puccinienne (on réécoutera par exemple utilement la fin de l’Acte I de Turandot : Povera Liù… ) habilement parfumée d’un rien d’intervalles « Mitteleuropa ». Et tout comme chez Puccini le résultat se révèle ravageur et lacrymogène, a fortiori quand on l’associe à un film psychologiquement fort, traitant d’un thème historique aussi névralgique que celui de la Shoah.


Rappelons que la bande originale du film, interprétée par Itzhak Perlman par ailleurs dédicataire de la partition, reste facilement accessible. Mais à présent c’est bien la Suite pour violon et orchestre en trois mouvements qui est en train de s’installer au grand répertoire classique, et ce à juste titre, car même si elle fait appel à de multiples réflexes auditifs passéistes voire éculés elle est aussi fort belle. Reste maintenant à chacun de réagir selon ses propres convictions, soit en remisant ses a priori au vestiaire et en se laissant entraîner, soit en opposant au phénomène des barrières plus cérébrales, tel un Stravinsky qui naguère quittait systématiquement la salle après l’Adagio de la 9e Symphonie de Beethoven, jugeant le dernier mouvement trop primaire et indigne d’intérêt.


Au registre de la sentimentalité reste quand même à ne pas trop en rajouter : Perlman a donné au disque l’exemple parfait à suivre, avec des phrasés d’une remarquable pureté, Gil Shaham aussi. Ici Alexandre da Costa paraît plus modeste (la partition n’est en rien ardue techniquement, mais toute sa difficulté réside précisément dans son dénuement) et l’accompagnement de l’Orchestre Symphonique de Bienne s’impose sans lustre particulier.


L’intérêt plus inattendu de ce disque est peut-être le couplage avec la Suite Hébraïque de Bloch, projet de folklore hébraïque réinventé d’une portée musicale infiniment supérieure. Et pourtant, en dépit d’une légitimité qui peut paraître indiscutable, l’œuvre ne fonctionne pas toujours bien et paraît datée, ce qui n’est en revanche pas le cas du superbe Concerto grosso N°1, assurément une page majeure de la musique du XXe siècle, ici fort bien interprétée.


Un disque intéressant, ne serait-ce que par les questions que son programme pose. Mais les vraies références pour ces différentes œuvres se trouvent ailleurs : Shaham/Williams pour la Suite de John Williams (DG), Lin/Starek pour le Concerto grosso (Hänssler), Schiff/Serebrier pour la Suite hébraïque (Naxos).


Laurent Barthel

 

 

 

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