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07/05/2009
Johann Sebastian Bach : Concertos pour deux violons en ré mineur BWWV 1043 (*), pour violon en la mineur BWWV 1041 et en mi majeur BWV 1042 et pour violon et hautbois en ut mineur BWV 1060

Tedi Papavrami (*) (violon), Maurice Bourgue (hautbois), Camerata de Lausanne, Pierre Amoyal (violon et direction)
Enregistré à La Chaux-de-Fonds (24-27 mai 2008) – 58’31
Cascavelle VEL 3121 (distribué par Abeille musique) – Notice en français, allemand et anglais






Fallait-il une nouvelle interprétation des concertos pour violon de Johann Sebastian Bach alors que le marché offre déjà une pléthore d’enregistrements ? Telle est la question soulevée par le disque proposé par Pierre Amoyal. La réponse est probablement négative tant y est absente toute idée de renouvellement.


Les tubes italianisants du Cantor, datés des années 1720 comme les Quatre saisons et repris dans le disque ont été en effet enregistrés maintes fois, les pochettes mettant en avant tantôt les solistes (Heifetz, Menuhin, Mutter, Hahn), tantôt les ensembles et leurs chefs (Harnoncourt, Pinnock, Sigiswald Kuijken, Koopman), les solistes étant alors parfois complètement passés sous silence. En l’espèce, l’enregistrement est certes impeccable, la clarté des plans sonores exemplaire, mais son écoute n’est à aucun moment marquée par la surprise : nul rebond, nulle vision particulière, nulle sculpture ouvragée, baroque. C’est lisse, propre, et l’ennui guette.


Comparons. Non pas aux versions baroqueuses, insistant justement sur les lignes de force dynamiques, la pulsation, celles qui sont réputées tenir le haut de la discographie depuis quelque temps déjà, mais plutôt à celle du maître de Pierre Amoyal, Jascha Heifetz (enregistrements d’après-guerre publiés par Naxos). Il y invite d’une certaine manière en rappelant dans la notice toute sa dette envers Heifetz alors qu’on aimerait éviter d’évoquer les maîtres lorsque l’on parle des artistes, lesquels sont eux-mêmes avant d’être des disciples. Ceci est surtout vrai pour un violoniste de la qualité et la probité d’Amoyal.


Les tempos sont moins contrastés chez Amoyal, l’engagement moindre mais l’équilibre, froid, y est mieux assuré entre solistes et ensemble instrumental, parfaitement dans l’esprit du concerto grosso, les jeunes membres de la Camerata de Lausanne créée en 2002 à l’instigation de Pierre Amoyal exprimant leur parfaite syntonie avec les premiers et Tedi Papavrami violoniste albanais (et traducteur d’Ismail Kadaré) se révélant du même niveau qu’Amoyal dans le Double concerto. Evidemment, chez Heifetz, le violon est royal et joue « perso ». Son vibrato est passé de mode tandis qu’Amoyal trouve le bon compromis à cet égard. Le Kochanski, le plus célèbre Stradivarius à la suite de son vol à Palerme conté par Amoyal lui-même dans les premières pages, glaçantes, de Pour l’amour d’un Stradivarius (Robert Laffont, 2004), est limpide et d’une belle élégance mais ses aigus sont parfois métalliques tandis que, dans un style très proche finalement, le violon d’Heifetz, son legato, sa finesse, restent absolument confondants. Chez Heifetz, le problème, c’est l’Orchestre philharmonique de Los Angeles dirigé par Alfred Wallenstein qui scie fréquemment du bois et se révèle parfois bien pataud, et naturellement la prise de son. Chez Amoyal, on peut ne pas apprécier la réverbération mais l’ensemble est très aérien et constamment distingué et la clarté du discours apparaît encore plus nettement dans le Concerto pour violon et hautbois, celui-ci étant tenu par un Maurice Bourgue absolument souverain.


Stéphane Guy

 

 

 

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