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06/27/2009 Piotr Ilyitch Tchaïkovski: Concerto pour violon, opus 35
Dmitri Chostakovitch: Concerto pour violon n°1, opus 99
Wolfgang Amadeus Mozart: Concerto pour violon n°4, K. 218
Giuseppe Tartini: Sonate « Trille du diable » (arrangement Fritz Kreisler)
Niccolo Paganini: Concerto pour violon n°1, opus 6
Ludwig van Beethoven: Sonate pour violon et piano n°10, opus 96
Claude Debussy: Sonate n° 3 pour piano et violon
Eugène Ysaÿe: Sonate pour violon seul, opus 27 n°6
Claude Ledoux: V...
Cho Eun-Hwa: Agens Ray Chen, Lorenzo Gatto, Ilian Gârnet, Kim Suyoen, Nikita Borisoglebsky, Yoon Soyoung, Chen Jiafeng (violon), Eliane Reyes, Dana Protopopescu, Thomas Hoppe (piano), Orchestre royal de chambre de Wallonie, Paul Goodwin (direction), Orchestre national de Belgique, Gilbert Varga (direction)
Enregistré au Conservatoire royal et à la Salle Henry Le Bœuf, Bruxelles (mai 2009) – 221’29
Coffret de 3 disques QEC2009
Une semaine, top chrono, après la proclamation des prix, les inconditionnels du Concours Reine Elisabeth peuvent revivre cette manifestation largement relayée, du moins en Belgique, par la presse écrite, internet, la radio et la télévision, au moyen d’une publication discographique reprenant une sélection des meilleurs moments. Un coffret de trois disques – à quand des DVD ? – immortalise la dernière session, consacrée cette année au violon. Rédigée en français, néerlandais et anglais, la notice, par ailleurs soignée, ne mentionne pas si les prestations retenues ont été livrées durant les soirées de finale, qui se sont tenues du 25 au 30 mai dans la Salle Henry Le Bœuf, ou lors de la demi-finale (du 11 au 16 mai, au Conservatoire royal).
Ce digipack, produit par le concours lui-même, dévoilera quelques belles personnalités à ceux qui n’ont pas suivi les épreuves avec assiduité, notamment Kim Suyoen (née en 1987) qui remporta le quatrième prix. Accompagnée par l’Orchestre royal de chambre de Wallonie dirigé par Paul Goodwin, la Coréenne avait livré en demi-finale un Quatrième Concerto de Mozart admirable de finesse et de clarté, tandis que sa magnifique Sonate de Debussy, aux côtés d’Eliane Reyes, captive dès les premières mesures. D’origine moldave, Ilian Gârnet (né en 1983), troisième prix, fit également forte impression, ce qu’illustre un Premier Concerto de Chostakovitch profond, intense, d’une indéniable justesse de style mais entaché de quelques furtives instabilités et impuretés. Le plus jeune finaliste, Ray Chen (1989), de nationalité australienne, remporta le premier prix avec un autre tube du répertoire russe, le Concerto de Tchaïkovski. Son approche, plutôt consensuelle, ne saurait être remise en question, au même titre que sa tenue d’archet, spectaculaire et sans faille.
Evidemment très soutenu par ses compatriotes, le Belge Lorenzo Gatto (1986) renouvelle l’exploit de Yossif Ivanov qui remporta le deuxième prix en 2005. Le Premier Concerto de Paganini révèle un musicien accompli qui fera sans aucun doute encore parler de lui. Si cet ancien élève de Véronique Bogaerts, Augustin Dumay et Boris Kuschnir semble s’y amuser, il est regrettable de ne pas l’entendre dans un concerto offrant davantage de substance. Celui de Beethoven ou de Brahms lui conviendrait à merveille.
Cinquième prix, Nikita Borisoglebsky, Russe né en 1985, se perfectionne actuellement à la Chapelle musicale Reine Elisabeth qu’il convient de ne pas confondre avec le concours, même si les finalistes y logent obligatoirement une semaine avant la finale, en particulier pour préparer l’imposé qu’ils découvrent seulement à leur arrivée. Soutenu par l’incontournable Dana Protopopescu, il offre une lecture contrastée et vivante, mais sans (bonne ni mauvaise) surprise, de la Dixième Sonate de Beethoven. Quant au sixième prix, Yoon Soyoung, une des quatre finalistes coréennes, elle n’est représentée que par la Sonate « Trille du diable » de Tartini/Kreisler dans laquelle elle témoigne d’une solide maîtrise instrumentale. Parmi les six finalistes non primés, seul le Chinois Chen Jiafeng, né en 1987, a été retenu : tout en restant musicale, sa Sixième Sonate pour violon seul d’Ysaÿe ne manque pas d’abattage.
Les amateurs de musique contemporaine prêteront une attention particulière au troisième disque qui comporte les imposés des demi-finale et finale: V... de Claude Ledoux, dans l’interprétation de Ray Chen, accompagné par Thomas Hoppe, et, suscitant davantage d’intérêt, Agens de Cho Eun-Hwa, également d’origine coréenne et lauréate du Concours Reine Elisabeth de composition de 2008. Nikita Borisoglebsky impose brillamment sa partie, susceptible d’être noyée au sein d’une orchestration foisonnante. Cette œuvre, qui mérite que l’on s’y attarde, sera-t-elle défendue dans d’autres circonstances après l’avoir été à douze reprises durant la finale ?
Il convient de saluer le travail des accompagnateurs et, plus encore, de l’Orchestre national de Belgique, placé sous la direction du fiable et flexible Gilbert Varga, qui aura accompagné, six soirs de suite, les finalistes dans six concertos différents, sans oublier les répétitions en journée.
Le site du Concours Reine Elisabeth
Sébastien Foucart
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