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06/05/2009
Jean Sébastien Bach : Inventions, BWV 772-786 – Symphonies BWV 787-801 – Suite anglaise N° 5 BWV 816
Till Fellner (piano)
Enregistré à Vienne (2007) – 66’
ECM 476 6355 (distribué par Universal)





Dans les Inventions à deux voix et Symphonies à trois voix Bach compose à visée pédagogique mais au plus haut niveau, dans un esprit qui n’est pas éloigné du Clavier bien tempéré : même exploration de multiples tonalités (en excluant celles trop surchargées à l’armature, niveau limité de l’exécutant oblige…), même variété d’ambiances et de styles abordés, sous l’apparente contrainte d’une écriture essentiellement contrapuntique. Bref ces deux recueils faussement modestes méritent une véritable considération, même si le disque continue à les réserver prioritairement au monopole des pianistes qui ont enregistré Bach de façon «encyclopédique» (Gould, Schiff, Koroliov…).


Seul véritable écueil: la brièveté de ces pièces peu développées, où Bach dissémine beaucoup de matériel brut mais ne s’accorde pas le temps d’échafauder de véritables architectures. La défi lancé au pianiste est bien de créer d’emblée un monde expressif, dès les premières notes, car passées les trois ou quatre premières mesures il sera déjà un peu tard. Un art de l’instantané où Evgeni Koroliov excelle, à la constante recherche d’une sonorité pianistique particulière, très « dégraissée », investissant autant dans le rebond moteur que dans la qualité du timbre. Till Fellner, que l’on retrouve ici dans Bach après un 1er Livre du Clavier bien tempéré très remarqué chez le même éditeur, en reste à une approche plus conventionnelle, toute en vélocité et en déliés, qui restitue parfaitement le texte mais ne crée en définitive pas grand chose, si ce n’est l’admiration devant un jeu techniquement aussi propre. Quelques exemples ? L’Invention en fa majeur, brillante, véloce, impeccablement tricotée et… terminée alors qu’elle semble à peine avoir commencé. Les deux parties relativement lentes et sobrement ornées de l’Invention en mi majeur : au début de la seconde reprise un Andras Schiff paraît avoir encore de multitudes de choses à dire, alors que cette même reprise fait l’effet chez Fellner d’une simple et trop longue redite. L’Invention en ut mineur enfin, relativement banale chez Fellner, et même chez Schiff, alors qu’elle apparaît prodigieuse chez Koroliov, d’un intérêt relancé à chaque note sans aucune distorsion du texte. On aura délibérément évité de citer ici Glenn Gould, encore plus discutable dans ces pièces peu chargées que dans les grands recueils plus monumentaux de Bach, avec des tempi arbitraires, une très irritante manie d’aborder les cycles dans le désordre, et puis, bien sûr, des moments de pur génie qui tentent de faire passer l’ensemble en force, mais là, à notre avis, sans y parvenir vraiment.


Références inchangées pour ces deux « petits » cycles : Koroliov (Hänssler, dans le cadre de la précieuse « Bach-Edition » de cet éditeur) et Andras Schiff (dont l’ensemble des Bach est accessible aujourd’hui chez Decca à tout petit prix). Dans la 5e Suite anglaise accordée en complément Till Fellner se révèle à nouveau impeccable mais pas vraiment grisant. Son interprétation soignée et sobre conserve cependant sa valeur, apport utile dans la discographie de ce recueil de Suites anglaises que d’autres pianistes de haut vol (Argerich, Anderszewski, Pogorelich…) n’ont eux aussi abordé que de façon parcellaire.


Laurent Barthel

 

 

 

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