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05/14/2009
Gustav Mahler : Symphonie n° 8

Viktoria Yastrebova, Ailish Tynan, Liudmila Dudinova (sopranos), Lilli Paasikivi, Zlata Bulycheva (mezzo-sopranos), Sergey Semishkur (ténor), Alexey Markov (baryton), Evgeny Nikitin (basse)
Choir of Eltham College, Choral Arts Society of Washington, London Symphony Chorus, London Symphony Orchestra, Valery Gergiev (direction)
Enregistré en public dans la St Paul’s Cathedral de Londres (9 et 10 juillet 2008) – 77’22
SACD hybride LSO Live LSO0669 (distribué par harmonia mundi) – Notice trilingue (anglais, français, allemand) de Michael Kennedy






Ce spectaculaire témoignage sur le vif de la Huitième symphonie de Mahler ose un pari risqué : enregistrer cette œuvre-monde dans un espace sonore à côté duquel la résonance de la Basilique de Saint-Denis apparaîtra d’une grande sécheresse. Capté dans la cathédrale Saint Paul de Londres, ce live se révèle donc problématique, plombé qu’il est par une acoustique à la limite du supportable (l’écho final du Veni, Creator spiritus dure onze secondes). L’orchestre fait face à cette acoustique avec plus de réussite que les chanteurs, souvent noyés dans un halo sonore générateur de migraine. Ainsi de l’«Infirma nostri corporis», pris par ailleurs dans un tempo trop alangui… suffisamment du moins pour créer un contraste à donner le tournis avec l’«Accende lumen sensibus».


Comme pour les précédents volets de cette intégrale Mahler en technicolor (les Première, Troisième, Sixième et Septième symphonies), on se rend néanmoins à une évidence : celle de l’entente exceptionnelle entre l’Orchestre symphonique de Londres et son directeur musical, Valery Gergiev. Ainsi du début de la scène finale du Faust de Goethe, où l’orchestre se meut dans le Poco adagio avec mobilité voire indolence, Gergiev exaltant la liberté et la puissance de la partition dans un geste très nietzschéen. De même, l’infinie délicatesse de l’apparition de Mater Gloriosa dans le ciel bénéficie de la grande tendresse des cordes et du calme inouï de la harpe comme de l’harmonium, qui relèvent le défi d’un tempo immobile montant très progressivement en puissance. L’«Alles Vergängliche» final témoigne des mêmes qualités de construction, malgré la liberté des accelerandos et des crescendos.


Le bilan des prestations vocales est beaucoup moins glorieux. Les interventions des Pater Ecstaticus (Alexey Markov, méritant mais vraiment trop timide) et Pater Profundus (Evgeny Nikitin, souvent pris en défaut de justesse, franchement faux par moments) tombent totalement à plat, engloutis qu’ils sont dans la cathédrale sonore. On saluera l’intervention très convaincante de Zlata Bulycheva plutôt que le chant bien prosaïque de Viktoria Yastrebova et on relèvera des anges bien propres sur eux (alors qu’ils sont censés planer dans les cieux et porter l’élément immortel de Faust) et un chœur d’enfants bienheureux plutôt garnement et criard face à celui des enfants blessés. Plus appliqués que touchés par la grâce des «höhern Sphären» évoquées par Goethe, le Doctor Marianus de Sergey Semishkur et la Pénitente d’Ailish Tynan gagnent chacun leur combat contre les aigus imposés par Mahler.


Cette symphonie reste l’une des plus délicates à enregistrer. Si l’on tient à entendre une formation londonienne, on en restera aux versions plus probes – et bien mieux enregistrées – de Tennstedt avec l’Orchestre philharmonique de Londres en 1986 (EMI) et de Sinopoli avec le Philharmonia en 1990 (Deutsche Grammophon). Si l’on recherche un live enflammé et démiurge, le concert de Bernstein avec le Philharmonique de Vienne au festival de Salzbourg 1975 (Deutsche Grammophon) demeure incontournable.


Gilles d’Heyres

 

 

 

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