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04/20/2009
Richard Strauss : Le Chevalier à la rose
Anne Schwanewilms (la Maréchale), Kurt Rydl (le Baron Ochs), Anke Vondung (Octavian), Hans-Joachim Ketelsen (Faninal), Maki Mori (Sophie), Sabine Brohm (Marianne), Oliver Ringelhahn (Valzacchi), Elisabeth Wilke (Annina), Roberto Saccà (Un chanteur italien), Chœur de l’Opéra de Dresde, Orchestre de la Staatskapelle de Dresde, Fabio Luisi (direction), Uwe Eric Laufenberg (mise en scène), Eiji Yoshida (réalisation)
Enregistré au NHK Hall de Tokyo (25 novembre 2007) – 212’
2 DVD Medici Arts 2056918 – Format : 16:9. Region code : 0 (worldwide) – Notice trilingue
Le problème, lorsqu’on met sur le marché un DVD du Chevalier à la rose, tient en un nom : celui de Carlos Kleiber qui, à Munich et à Vienne, dirigea d’inoubliables soirées avec des distributions superlatives – il y a Karajan avec Schwarzkopf à Salzbourg, mais en play-back. Presque cent ans après avoir assuré la création de l’œuvre, la Semperoper de Dresde, en tournée à Tokyo, n’offre pas d’affiche aussi prestigieuse. Kurt Rydl, par exemple, à la voix blanchie par les ans, assure comme il peut, sans que le métier puisse tout : à force d’osciller entre le parlando et le chant, la justesse devient souvent approximative, le vibrato envahissant. La composition, de plus, s’en tient à l’image trop classique du Baron : un rustre sans manières, sans truculence non plus. Il est vrai que la production d’Uwe Eric Laufenberg ne va pas chercher bien loin, s’en tenant aux facilités de la convention, assez juste en tout cas dans sa caractérisation des personnages une fois admise cette approche, ne tombant pas dans une vulgarité excessive. Cela dit, les scènes d’ensemble sont parfois assez désordonnées, en particulier au deuxième et au troisième acte. Quant à la transposition après la Seconde Guerre Mondiale, elle n’apporte guère, dans la mesure où le metteur en scène ne semble pas avoir une idée particulière de l’œuvre. Fabio Luisi non plus, malheureusement, alors qu’il dirige une Staatskapelle de Dresde d’une souplesse, d’une fluidité et d’une finesse de couleurs remarquables, aux cordes satinées et aux bois ronds : la baguette semble trop sage, à la limite de l’indifférence, comme si elle abandonnait l’orchestre à lui-même, insensible aux viennoiseries de la partition, à son humour, à sa fièvre tourbillonnante, à sa sensualité capiteuse aussi. Le chef venait de prendre ses fonctions : sans doute n’avait-il pas encore trouvé ses marques.
L’intérêt du DVD réside ainsi dans le trio féminin. Parfaite comédienne, qui met beaucoup de choses dans le moindre regard ou le moindre sourire, Anne Schwanewilms s’affirme comme une très belle Maréchale, une des meilleures du moment, d’emblée mélancolique et secrète, raffinée et simple à la fois, se coulant avec art dans le phrasé particulier de la conversation en musique straussienne grâce à l’équilibre entre le chant et les mots, plus proche d’une Felicity Lott que d’une Renée Fleming. Surtout au premier acte : le troisième ne la révèle pas moins « classe », comme on dit, un peu moins à l’aise néanmoins, manquant un rien de hauteur. A son sourire un rien énigmatique Anke Vondung oppose le feu frémissant de la jeunesse, un timbre plus lumineux mais avec des reflets, aussi crédible en Chevalier qu’en soubrette grise, sûre de ligne, mezzo jamais gêné par la tessiture du rôle, au legato intact dans les grands élans du fougueux Octavian. Toutes deux convainquent donc beaucoup plus qu’à Bastille. Sophie affirmée et pas mièvre que son Faninal de père, l’excellent Hans-Joachim Ketelsen, a du mal à tempérer, la charmante Maki Mori, Japonaise volontiers affichée sur les scènes internationales, sans avoir le timbre le plus séduisant du monde, maîtrise plus qu’honorablement ses pianissimi aigus et modèle joliment sa ligne. Les autres tiennent leur rang, à commencer par le Chanteur impeccable de Roberto Saccà. Grâce à eux, on passe une bonne soirée.
Didier van Moere
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