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04/09/2009 Johann Friedrich Fasch : Ouverture en ré majeur FWV K:D3 – Concerto pour trompette en ré majeur FWV L:D1 – Ouverture en sol mineur FWV K:g3 – Concerto pour plusieurs instruments en ré majeur FWV L:D4a Giuliano Sommerhalder (trompette), Kammerorchester Basel, Julia Schröder (violon principal et direction)
Enregistré à l’église Saint-Martin de Bâle (16-18 avril et 11 juillet 2008) – 61’40
Deutsche Harmonia Mundi 88697446412 (distribué par Sony Music) – Notice trilingue de Hans-Georg Hofmann
A l’image de plusieurs de ses contemporains (on pense notamment au grand Telemann), Johann Friedrich Fasch (1688-1758) ne se destinait pas à la musique : sur le conseil de ses aînés, il s’était en effet engagé dans des études juridiques. Néanmoins, la voie du jeune homme, doué tant pour le chant que pour le violon, s’est rapidement réorientée à tel point qu’il compose ses premiers opéras dès 1711. Organiste à Greiz, il arrive à Prague en 1721 où il devient compositeur à la cour du Comte Wenzel von Morzin, célèbre pour avoir entretenu un orchestre qui fut le dédicataire des Quatre saisons de Vivaldi. Partageant ensuite son existence entre Zerbst et Dresde (où il rencontre Pisendel, Stötzel et quelques autres parmi les multiples talents qui y ont travaillé), Fasch laisse derrière lui une œuvre importante que les éditeurs publient patiemment depuis quelques années. Ce disque est donc une nouvelle pierre apportée à l’édifice, deux œuvres (l’Ouverture FWV K:g3 et le Concerto FWV L:D4a) étant d’ailleurs ici enregistrées en première mondiale.
L’Ouverture FWV K:D3 a déjà été gravée par l’Academia Daniel, couplée avec quelques cantates du même compositeur (un disque paru chez cpo). Destinée à un large orchestre (trois hautbois, un basson, deux trompettes, cordes et basse continue), elle est l’archétype des compostions du même genre qu’ont pu réaliser Graupner, Veracini ou, là encore, Telemann. Succession de mouvements lents et rapides, mettant tour à tour chaque pupitre en valeur, celle-ci mérite d’être signalée en raison d’une Bourrée tout à fait originale qui, à bien des égards, préfigure la future Marche en ré majeur K. 335 de Mozart.
Plus connu, le Concerto FWV L:D1 fait depuis longtemps partie des partitions baroques chéries par les trompettistes : rappelons-nous que le premier enregistrement connu date de 1963 (un recueil de « Concertos virtuoses pour la trompette » par Adolph Scherbaum chez Deutsche Grammophon) et que, depuis, les gravures se sont multipliées, de Ludwig Güttler à Wynton Marsalis. Comportant des accents visiblement puisés chez les compositeurs vénitiens, il s’agit d’un concerto tout à fait plaisant, élégamment joué par le jeune Giuliano Sommerhalder (récemment nommé première trompette solo de l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig). Même si c’était la mode au XVIIIe siècle, on ne voit pas trop l’utilité du recours excessif aux fioritures instillées par le soliste dans une page qui, lorsqu’elle est interprétée avec simplicité, ne perd pas pour autant son élégance (à ce titre, on écoutera la très belle version jouée par Mark Bennett et dirigée par Trevor Pinnock chez Archiv Produktion).
L’Ouverture FWV K:g3 et le Concerto FWV L:D4a constituent l’intérêt principal de ce disque puisqu’il s’agit, comme on l’a déjà signalé, de deux œuvres enregistrées pour la première fois. De nouveau, et ce de façon assez classique, l’Ouverture alterne les rythmes et les danses où dominent hautbois et bassons. Un point mérite d’ailleurs d’être souligné : au regard des compositions qui nous sont aujourd’hui parvenues, il semble que Fasch devait particulièrement aimer le basson puisqu’il figure comme principal instrument d’autres ouvertures bâties sur le même modèle (on écoutera, par exemple, l’Ouverture en sol mineur FWV K:g2). C’est relativement exceptionnel, même si Vivaldi a composé quelques concertos à son attention, le basson n’étant en effet pas fréquemment mis en valeur en tant que soliste à cette époque. Quant au Concerto, il s’agit de la composition la plus brillante du disque : il est vrai que l’intervention de trois trompettes n’y est pas étrangère. Mais, et comme le précise utilement la notice, il s’agit surtout d’une œuvre « historique » dans la mesure où la partie de violon solo, principal acteur de la pièce, aurait été composée à l’attention du virtuose et compositeur Johann Georg Pisendel (1687-1755), qui officia principalement à la Cour de Dresde. Julia Schröder déjoue avec maestria les nombreux pièges techniques d’une partition qui allie les vents (cuivres et bois) éclatants des rives de l’Elbe et les traits d’un violon tout droit inspiré de Vivaldi, compositeur auquel était d’ailleurs très lié Pisendel, ce dernier ayant fait connaître l’œuvre du vénitien sur les rives de l’Elbe : la boucle est donc bouclée...
Le site de l’International Fasch Society
Sébastien Gauthier
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