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03/16/2009
Evarísto Felíce Dall’Abaco : Concertí a píù instrumentí, Opera sesta

Il Tempio Armonico (Orchestra barocca di Verona), Alberto Rasi (direction)
Enregistré à la Villa Veritá de San Pietro di Lavagno, Vérone (31 octobre–3 novembre 2007) – 89’45
Album de deux disques Stradivarius STR 33791 (distribué par DistrArt) – Notice trilingue (italien, anglais et français) de Francesco Passadore






Sans vouloir être désobligeant à son égard, force est de constater que l’histoire de la musique n’a pas accordé une très grande place à Evarísto Felíce Dall’Abaco (1675-1742) dont la carrière a été éclipsée par celle, plus brillante et féconde, d’Antonio Vivaldi. Né comme ce dernier en Italie (à Vérone), décédé comme lui en terre « allemande » (Vivaldi meurt à Vienne en 1741, Dall’Abaco disparaît à Munich une année plus tard), il découvrit la musique par le violoncelle alors que son illustre cadet (Vivaldi naît en 1678) fut essentiellement violoniste. Evarísto Felíce Dall’Abaco, entré dès 1696 au service du duc Rinaldo d’Este, fait publier ses premiers concertos en 1705, année où il est attaché à la cour du prince électeur Maximilian II Emanuel de Bavière, établie à Munich, où il entretenait, aux dires des contemporains, un orchestre de grande qualité. A la mort de son protecteur en 1726, notre compositeur doit se plier aux exigences modernes de son nouveau maître Karl Albert (qui, sous le nom de Charles VII, fut empereur du Saint Empire romain germanique de 1742 à 1745) : c’est dans ce cadre et à son intention que Dall’Abaco publie en 1735 ses Concertí a píù instrumentí opus 6, objet du présent disque.


Le style d’Evarísto Felíce Dall’Abaco est, comme on pouvait s’en douter, marqué par Vivaldi et ses contemporains : si le premier concerto du disque (Concerto XII in re) fait, notamment dans l’Allegro ma non troppo, indéniablement penser au troisième mouvement du concerto Il Riposo RV 270 et l’Aria cantabile du Concerto II in mi rappelle également plusieurs opus tirés de l’Estro Armonico du célèbre Vénitien, on peut trouver dans le Concerto IV in si minore quelques accents propres cette fois à Pietro Locatelli (1695-1764), né à Bergame avant de devenir amstellodamois à partir de 1729. Dans un cas comme dans l’autre, les musiciens de l’ensemble Il Tempio Armonico servent cette musique avec enthousiasme, la virtuosité des violons étant, et c’est tant mieux, souvent masquée par une très grande attention portée à la musicalité. Généralement, au sein de ce petit orchestre (quatorze musiciens dont un luth et un clavecin, les autres étant tous des instrumentistes à cordes), on ne compte que peu de parties solistes. A la différence cette fois de Vivaldi qui privilégiait le dialogue entre soliste et ensemble, Dall’Abaco opte en effet davantage pour la conversation généralisée où trois groupes de violons s’entremêlent, se répondent ou, au contraire, jouent de concert.


Il serait donc faux de dire que Dall’Abaco n’a été qu’un pâle imitateur de compositeurs italiens de son époque. En effet, au-delà de son traitement du violon, on peut remarquer certains traits qui mettent en évidence l’influence, sinon du classicisme naissant, du moins d’une époque qui, par certains côtés, marque le déclin de la musique orchestrale baroque italienne telle qu’on a pu la connaître depuis Arcangelo Corelli (1653-1713). Ainsi, le largo du Concerto X in do, par ses accents rustiques et le jeu qu’il déploie avec les silences de la partition, est-il éclairé d’une lumière particulière. Il faut surtout écouter le Concerto V in sol, dont le premier mouvement s’apparente fortement à certaines compositions de Carl Philipp Emanuel Bach, voire de Joseph Haydn.


Au total, il s’agit donc d’un disque plaisant, naturellement pas indispensable, très bien réalisé, qui montre une fois encore le véritable foisonnement musical de l’Italie baroque et honore un compositeur dont les réalisations, c’est le moins que l’on puisse dire, n’encombrent pas les bacs.


Le site de l’ensemble Il Tempio Armonico


Sébastien Gauthier

 

 

 

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