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02/13/2009
Claudio Monteverdi: Selva Morale e spirituale
La Venexiana, Claudio Cavina (direction musicale)
Enregistré à Cuenca (2005) – 203’
Album de 3 disques Glossa GCD 92091 (distribué par harmonia mundi)





Pendant presque quatre ans, le label Glossa a caché ses enregistrements de la Selva morale e spirituale par La Venexiana, dirigés par Claudio Cavina. Avant et après ceux-ci, ils ont accompli ce que l’on peut considérer comme une prouesse, l’intégrale des Madrigaux de Monteverdi, c’est-à-dire les Huit (Neuf) Livres, enregistrés entre 2001 et 2007. Le Cinquième Livre, le dernier paru dans les bacs, vient de recevoir le prix du MIDEM du meilleur enregistrement de musique ancienne.



Au même temps, Cavina et sa troupe chantaient un peu partout, donnaient des concerts, et enregistraient d’autres musiciens, comme Gesualdo, pour Glossa également. Nous étions présents pour la Selva, au cours d'une glaciale semaine de musique religieuse au mois de mars 2005 à Cuenca, ville de Castille, ancienne, historique qui rampe vers une espèce d’acropole autour de la rencontre de deux fleuves. En haut, à quelques pas de la cathédrale de Cuenca se trouve une petite église sécularisée, l’ancienne église de Saint Michel. C’est là qu’a été jouée et enregistrée pendant trois jours (Jeudi, Vendredi, Samedi Saints) la version que La Venexiana et Cavina nous propose de la Selva morale e spirituale que Monteverdi achève en 1641 comme un ensemble de pièces sacrées, deux ans avant sa mort, tandis que la Guerre de Trente Ans battait son plein, onze ans après la destruction de sa Mantoue bien aimée (et, en même temps, haïe à cause de l’ingratitude des Gonzaga).



A la fin de 2006, La Venexiana préparait un Orfeo qui ne pouvait être comme les autres, le disque sortait au début de l'année 2007 pour le quatrième centenaire de la première de cet opéra à la cour de Mantoue. C’est encore Glossa qui nous en faisait le cadeau. Pendant ce temps-là, la Selva restait dans l'ombre. En 2005, Cavina nous promettait, à Cuenca, que le groupe allait enregistrer le Vespro della Beata Vergine. La promesse n'a pas été tenue, mais on murmure qu’ils sont en train de préparer, Il ritorno d’Ulisse in patria, peut-être même L’Incoronazione di Poppea. Mais nous ne renonçons point au Vespro.




La collection sacré de la Selva morale e spirituale fait pendant au Huitième Livre de Madrigaux profanes de 1638. Mais ces pièces sont indépendantes les unes des autres. Konrad Junghänel (avec Cantus Cölln et Concerto Palatino, harmonia mundi) enregistra les 40 pièces de la Selva, l'une après l’autre, sans les intégrer à un office ou un rituel religieux, ni dans une destination religieuse concrète. Simplement la musique composée par le musicien de Cremona. Quelle beauté ! Gabriel Garrido, plus tard, enregistra la Selva avec l’Ensemble Elyma et quelques formidables solistes. Mais la démarche de Garrido est pratique : il a divisé la Selva en quatre sections, quatre « spécialités » sacrées : Spiritualité et liturgie, Psaumes des vêpres, Vespro dei Martiri et L’Eloquence divine.



On peut imaginer une petite communauté religieuse dont les membres cherchent un office, celui de Noël par exemple. Ils puisent dans la Selva, ils y trouvent cinq psaumes de Noël avec ses antiennes, et pour finir, un Magnificat. Il faudrait un hymne, au moins, peut-être deux. On peut toujours avoir recours au contra factum, bien sûr, c’est-à-dire, une musique dont le texte est différent de celui d’origine; comme par exemple le Lamento de la Madonna de la Selva qui est un contra factum du Lamento d’Arianna (un hit de l’époque, tiré de l’opéra perdu Ariane - Mantoue, 1608). Tout cela est disponible ici, à la Selva.



Donc, si on interprète une version de la Selva, il faut faire un choix. Cavina et La Venexiana ont consulté la collection, ils ont sélectionné, excluant un peu, parfois très peu, et ont constitué trois offices très concrets et en faisant preuve parfois d'une très grande liberté : Saint Gabriel Archange, Saint Joseph, et une Missa Solemnis. La démarche est légitime et le résultat d’une beauté incontestable : sons vraiment spirituels, sacrés, accord des voix, introspection, théâtralité, sens historique des voix et des instruments, écho et résonances des pierres anciennes, voix modernes qui rapprochent les siècles et les niveaux de conscience sonore. Avec la série complète des Madrigaux, la Selva de Cavina est un trésor pour les admirateurs d’un des musiciens les plus grands de l’histoire.


Le site de Glossa


Santiago Martín Bermúdez

 

 

 

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