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01/07/2009
Johann Sebastian Bach : « Qui sedes » et « Agnus dei » extraits de la Messe en si mineur, BWV 232 – « Von den Stricken » et « Es ist Vollbracht » extraits de la Passion selon saint Jean, BWV 245 – « Du lieber Heiland du… Buß und Reu », « Erbarme dich » et « Erbarm’es Gott !... Können Tränen » extraits de la Passion selon saint Mathieu, BWV 244 – Extraits des cantates « Ich habe Genug », BWV 82a, « Vergnügte Ruh, beliebte Seelenlust », BWV 170, et « Was mir behagt, ist nur die muntre Jagd ! », BWV 208

David Daniels (contre-ténor), The English Concert, Harry Bicket (direction)
Enregistré en 2008 – 66’48
Virgin Classics 50999 519037 2 5 – Notice et traduction des textes chantés trilingues de Simon Heighes






David Daniels multiplie les récitals chez Virgin Classics. Après avoir consacré deux disques à Georg Friedrich Händel (le premier rassemblant des arias tirés d’oratorios, le second des arias issus d’opéras) et un disque d’œuvres composées par Antonio Vivaldi (sous la direction alerte de Fabio Biondi), voici un disque consacré à Jean-Sébastien Bach (1685-1750). Si l’on peut comprendre la logique d’enregistrer aujourd’hui des extraits de quelques-unes des œuvres emblématiques du Cantor de Leipzig (les deux Passions, la Messe en si mineur…), poursuivant ainsi l’exploration des grands compositeurs de l’ère baroque, on s’étonne en revanche de l’approche personnelle manifestée par David Daniels…


En effet, à la veille d’un concert donné à la Halle aux Grains (Toulouse) le 20 octobre 2008, celui-ci accorde un entretien à La Dépêche dans lequel il dit notamment que : « S’il est stupide de penser que j’aurais un jour l’opportunité de graver l’intégrale des œuvres vocales de Bach, je crois qu’il est important pour ma discographie et ma carrière de contre-ténor d’avoir enregistré ces importants arias ». Et il poursuit : « Comme les arias de Bach sont d’un tempo assez lent, j’ai senti qu’il serait ennuyeux, pour le public et pour moi, de leur consacrer un concert entier. Avec Harry Bicket, nous avons donc décidé de consacrer la seconde partie à des extraits d’opéra de Haendel ». Au-delà de l’étonnement (pour ne pas dire plus) que peuvent susciter de tels propos, qu’on nous permette de dire qu’on a tout de même connu musicien plus impliqué dans son répertoire… C’est donc avec un certain raidissement que l’on aborde ce disque qui, dans l’ensemble, s’avère (sans grande surprise pourrait-on dire) moyennement convaincant.


Les premiers morceaux sont tous deux issus de la Messe en si mineur : il s’agit respectivement du « Qui sedes » (issu du Gloria) et de l’« Agnus dei » qui est chanté dans la dernière partie de cette œuvre gigantesque que Bach n’a cessé de travailler et de retravailler de 1724 à 1749… Si la technique du chanteur est irréprochable (quelle facilité d’émission et de souffle !), son timbre s’avère, en revanche, beaucoup plus contestable. De façon générale, la théâtralité du chant dans le premier extrait s’avère fréquemment hors de propos alors que dans un autre répertoire, certains oratorios de Haendel par exemple, elle conviendrait à merveille. Quant au second extrait, l’excessive réserve dont David Daniels souhaite faire preuve confère au morceau un certain statisme qui se mue à la longue en véritable ennui…


Le disque se poursuit en rendant hommage aux deux grandes cathédrales musicales bâties par Jean-Sébastien Bach : la Passion selon saint Jean et la Passion selon saint Mathieu, respectivement données pour la première fois en 1724 et 1729 (les deux ouvrages ayant été, comme beaucoup d’autres, remaniés à de nombreuses reprises par la suite). Naturellement, chaque mélomane se doit d’acquérir les deux Passions dans leur intégralité tant elles sont l’archétype du chef-d’œuvre : il est donc toujours délicat d’en tirer un ou plusieurs extraits qui, ne s’insérant pas dans l’ensemble, perdent ainsi de leur force et de leur attractivité. Les airs tirés de la Passion selon saint Jean sont magnifiquement interprétés par les musiciens de l’English Concert ; Daniels s’y montre également convaincant, notamment dans la partie « Der Held aus Juda siegt mit Macht » où la fébrilité gagne l’ensemble de la partition. S’il en va de même pour l’orchestre dans les extraits de l’autre grande Passion (mention spéciale aux flûtes de Lisa Beznosiuk et Guy Williams), tel n’est en revanche plus le cas de David Daniels qui adopte un timbre trop clair et qui, en dépit d’une diction exemplaire, s’avère peu en phase avec le discours énoncé.


La Cantate « Ich habe genug » BWV 82a est une des plus célèbres du Cantor. L’œuvre, créée le 2 février 1727, est initialement composée pour basse mais Bach en confie également l’interprétation à une voix de soprano dès 1731 et à une mezzo-soprano en 1735. L’oreille, habituée à écouter la version originelle pour basse (Peter Kooij, Klaus Mertens mais aussi, plus anciens, Hans Hotter, Hermann Prey et Dietrich Fischer-Dieskau), a du mal à entendre avec la même volupté la voix de haute-contre… David Daniels donne ici seulement deux des trois arias de la cantate : là encore, à l’instar de ce qui précède, les facilités techniques n’empêchent pas d’être dubitatif et, finalement, assez peu convaincu de l’appréhension d’une œuvre censée être optimiste et pleine d’espoir…


Si la précédente est habituellement interprétée par une voix de basse, la Cantate « Vergnügte Ruh, beliebte Seelenlust » BWV 170 (qui date du début de l’année 1726) est, dès l’origine, confiée à un alto. Daniels ne donne ici que la première des trois arias que comporte la cantate : c’est fort dommage car il l’interprète avec noblesse même si certains accents ont de nouveau tendance à dévier vers l’univers de l’oratorio… Alfred Deller (sous la direction de Gustav Leonhardt) hier, Andreas Scholl (avec Philippe Herreweghe) ou Robin Blaze (avec Masaaki Suzuki) aujourd’hui ont montré qu’on pouvait aller beaucoup plus loin dans l’émotion tout en respectant davantage l’apparente simplicité de la partition.


Le disque se conclut avec la Cantate « Was mir behagt, ist nur die muntre Jagd ! » BWV 208. Cette cantate dite de la chasse a été donnée pour la première fois en février 1713 ; composée à l’occasion des fêtes organisées pour l’anniversaire du duc Christian de Saxe-Weissenfels, elle frappe par son caractère naturaliste et sa coloration fortement pastorale (en témoigne l’effectif orchestral important, comprenant notamment trois cors de chasse, deux hautbois et un basson). L’aria donnée par David Daniels, accompagné de deux flûtes à bec, est plein de félicité, renvoyant à l’image nostalgique de l’âge d’or : « Schafe können sicher weiden, wo ein guter Hirte wacht ! » (« Les brebis peuvent paître en sûreté là où veille un bon berger ! »). Dans une atmosphère digne de la légendaire Arcadie chantée par Virgile dans Les Buccoliques, Daniels donne une superbe interprétation d’un air qui conclut un disque pourtant en demi-teinte et qui gagnerait à bénéficier d’une plus grande sobriété.


Le site de David Daniels


Sébastien Gauthier

 

 

 

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