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11/07/2008
Antonio Vivaldi : Concertos pour violon, cordes et basse continue opus 8, n° 1 à 4, « Le Quattro Stagioni »
Giuseppe Tartini : Sonate pour violon et basse continue en sol mineur « Il Trillo del Diavolo »

Joshua Bell (violon), John Constable (clavecin)
Academy of St. Martin in the Fields
Enregistré à Londres (1er-2 mai 2007 [Vivaldi], 2 mai 2008 [Tartini]) – 53’38’
Sony Classical 88697 11013 2






Au-delà de la question que pose l’intérêt d’un nouvel enregistrement des Quatre saisons, le premier sentiment qu’on éprouve est celui de la circonspection. En effet, le disque nous présente en couverture Joshua Bell en smoking, faussement négligé (de face et de dos), l’intérieur de la jaquette nous le montre en chemise (regard ténébreux en prime), le livret nous le montre en t-shirt (parfois, tout de même, avec les musiciens de l’Academy of St. Martin in the Fields). Ne s’agirait-il pas davantage d’un instrument promotionnel (dans le sens le plus commercial du terme) en faveur d’un artiste que d’un disque de musique classique à proprement parler ? Quant à la notice sans aucun intérêt de Linda Kobler (en anglais, allemand, français), elle s’attache davantage à reproduire les propos de Bell sur les pièces au programme qu’à nous donner un nouvel éclairage sur des œuvres dont les enregistrements (pour ce qui est de Vivaldi en tout cas) se comptent par dizaines… Les doutes initiaux semblent se confirmer.


Une fois le cap psychologique passé, la question de départ se pose de nouveau : quel est l’intérêt de ce disque ? N’a-t-on pas tout dit, tout écrit, tout joué sur l’œuvre emblématique d’Antonio Vivaldi (1678-1741) au point de la reléguer au rang de « musique d’ascenseur » ? A défaut d’avoir fait le tour de ces quatre concertos (dont la richesse est la meilleure justification au nombre impressionnant de gravures aujourd’hui disponibles), force est de constater que ce disque n’apporte pas grand-chose à l’édifice existant. Si la technique de Joshua Bell s’avère tout à fait à la hauteur des traquenards tendus par le Prêtre roux dans une partition trop rapidement considérée comme étant facile, la tonalité globale qui en ressort est l’ennui. «Le Printemps » est abordé dans un tempo très mesuré qui n’offre que peu de surprise : un jeu de violon affecté au second mouvement, quelques libertés prises par le clavecin au troisième… « L’Été », comme « L’Hiver » d’ailleurs, sont également joués avec une trop grande retenue qui convient mal aux emportements de ces deux saisons : où sont les tourbillons de poussière générés par la chaleur aoûtienne ? Où sont les bourrasques de vent qui font tourbillonner les flocons de neige ? Quant à « L’Automne », il mêle le statisme du deuxième mouvement au martial du troisième ; là encore, en guise de distraction, on s’amusera des fioritures jouées par le clavecin (notamment à 1’05’’) qui suggèrent davantage l’époque de Mozart que celle de Vivaldi… Au final, une interprétation honorable, jouée sans aucune prise de risque ni véritable passion, qui rejoint les dizaines de ses consœurs dont on oublie l’existence sitôt leur parution advenue.


Le Trille du Diable passe pour une de ces montagnes que les violonistes n’osent franchir qu’après avoir déjà vaincu plusieurs sommets impressionnants. On connaît la légende de ce morceau de bravoure composé par Giuseppe Tartini (1692-1770) : « J’ai rêvé une nuit que j’avais scellé un pacte avec le Diable pour le prix de mon âme. Tout obéissait à ma volonté, mon nouveau serviteur connaissait d’avance tous mes souhaits. Alors me vint l’idée de lui confier mon violon et d’attendre ce qu’il en tirerait ». Le Trille du Diable désigne, de façon spécifique, le moment où, dans la seconde partie du morceau, le violoniste doit triller sur une corde tout en continuant de jouer sur une autre corde. Joshua Bell s’acquitte de sa tâche avec une facilité déconcertante mais là encore, où sont les emportements ? Où se trouve le côté sarcastique du thème ? Pas dans ce disque en tout cas qui fait bien pâle figure à côté de l’interprétation autrement magnétisante d’Andrew Manze (Harmonia Mundi)…


Le site de Joshua Bell
Le site de l’Academy of St. Martin in the Fields


Sébastien Gauthier

 

 

 

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