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10/31/2008
Claude Debussy : En blanc et noir
Michel Merlet : Musique pour deux pianos
Olivier Messiaen : Visions de l’Amen

Rikako Murata et Pascal Devoyon (pianos)
Enregistré au Yamaha Piano Test Studio (12-14 mars 2008) – 76’25
Regulus RGCD-1024 (distribué par Intégral) – Notice de présentation de Michel Merlet en japonais, anglais et français






Pascal Devoyon et son épouse Rikako Murata forment depuis 2006 un duo de pianos qui semble tout particulièrement convenir à ce programme de duos français à deux pianos. Leur interprétation transparente, sensible et poétique ne manque ni de puissance ni d’éclat, le subtil équilibre établi entre les deux pianos tel celui d’un seul être aux mains mirifiques, créateur de sonorités fertiles et lumineuses, les fines couleurs jaillissantes comme d’une même source.


Les trois Caprices En blanc et noir, «veulent tirer leur couleur et leur émotion des «gris» de Velasquez» écrivit Debussy. Grâce à leur technicité, leur souplesse et leur musicalité, les deux pianistes semblent toucher à l’essence de l’œuvre, donnant libre cours à la respiration ample et aux ruissellements et envols aériens de la première pièce, nuançant de jais et d’acier les demi-teintes de la profondeur subtile et des sombres évocations de la deuxième, laissant virevolter les rubans fluides et mystérieux, les audaces et les volte-face de la troisième, la fin en suspens miraculeux. Leur interprétation délicate gagne en élégance et en fine émotion ce qu’il peut éventuellement perdre en traits affirmés et résolus.


L’interprétation des Visions de l’Amen gravée par Yvonne Loriod et Olivier Messiaen en 1962 ne peut que rester la version de référence, toutes les intentions du compositeur respectées au plus près, les riches couleurs et la puissance du second piano en contraste avec le vif-argent rythmé et fantasque du premier, l’expérience mystique et musicale vécue en profondeur. Toutefois, une interprétation proposée par des sensibilités forcément autres en devient d’autant plus intéressante. Si la partition accuse la différence entre les deux pianos, la cohésion, c’est à dire l’unicité du Duo Devoyon-Murata reste parfaite. L’approche est plus sage, peut-être, moins intrépide, moins extrême, moins apocalyptique, mais l’ensemble se tient admirablement, le caractère des différents Amen du recueil scrupuleusement respecté. Les deux pianistes en font ressortir l’audace, l’intensité et l’exquise douceur, sachant en atteindre la démesure, ce jusqu’à la joie éclatante de l’Amen de la Consommation, merveille de la plume du compositeur visionnaire.


Entre ces deux chefs-d’œuvre, chacun d’une originalité transcendante, inégalable, point la belle luminosité de la suite Musique pour deux pianos de Michel Merlet, compositeur né en 1939, autrefois élève d’Olivier Messiaen et aujourd’hui professeur à l’Ecole Normale de musique et au Conservatoire national supérieur de Paris (CNSMDP). Composée en 1964, la Musique pour deux pianos, pièce brillante et habile en trois mouvements, permit à son auteur d’emporter le Premier Prix de composition dans la classe de Tony Aubin au CNSMDP et, au-delà, plusieurs prix nationaux et internationaux. On peut regretter que l’œuvre, sans doute en marge de l’esthétique plus expérimentale de son époque, n’ait pas encore plus fermement sa place dans le répertoire plus ouvert des duos de pianos. Attentifs au moindre détail, les deux pianistes virtuoses illuminent tour à tour la sombre opale du Prélude, ses feux dardant un vif allegro, la gracieuse perle fine à la douceur satinée de l’Andante, et les multiples éclats de diamant du bref Scherzo final, gerbe d’étincelles endiablées tout à fait impressionnante.


Ecoutées à la suite, les trois œuvres, à la fois complémentaires et contrastées, offrent à l’auditeur sédentaire un programme de concert privé tout à fait cohérent et agréable. Moins sédentaire, il profitera peut-être, en novembre 2008, de la série de concerts que Pascal Devoyon et Rikako Murata donneront au Japon en célébration du centenaire d’Olivier Messiaen.


Le site du Duo Murata-Devoyon
Le site de Pascal Devoyon


Christine Labroche

 

 

 

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