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10/07/2008
Antonio Vivaldi : Concerto en ré majeur RV 234 « L’Inquietudine » – Concerto en mi mineur RV 273 – Sonate pour deux violons et basse continue opus 1, n° 12, RV 63 « La Follia » – Concerto en mi majeur opus 8, n° 5, RV 253 « La Tempesta di mare » – Aria « Sovvente il sole » – Concerto en ré mineur opus 3, n° 11, RV 565

Daniel Hope (violon), Anne Sofie von Otter (mezzo-soprano), Chamber orchestra of Europe, Lorenza Borrani (violon principal)
Enregistré en l’église Saint-Paul de Londres (mars 2008) – 57’44
Deutsche Grammophon 00289 477 7463 (distribué par Universal) – Notice trilingue de Michael Church






Daniel Hope est un violoniste de talent : chambriste renommé (il a fait partie du Beaux-Arts Trio aux côtés du légendaire Menahem Pressler et d’Antonio Meneses), il est également un soliste recherché qui joue aussi bien Carter que Mendelssohn. Après une première incursion chez Jean-Sébastien Bach, le voici qui poursuit son exploration du répertoire baroque dans un disque consacré à Antonio Vivaldi (1678-1741).


Sur les quelques 500 concertos que le maître vénitien nous a laissés, 220 sont écrits pour le violon seul (ce qui exclut notamment les nombreux concertos pour deux, trois ou quatre violons) ! Le choix était donc large pour Daniel Hope : pourtant, plutôt que de rechercher une œuvre rare, il a préféré interpréter certains jalons connus de la discographie vivaldienne à commencer par le célèbre Concerto en ré majeur RV 234 surnommé L’Inquietudine. Vraisemblablement composé par Vivaldi lorsque celui-ci était en poste à la Cour de Mantoue (1718-1720), il fait partie d’un ensemble de concertos censés illustrer les différents états de l’âme, qu’il s’agisse de L’Amoroso RV 271, d’Il Riposo RV 270 ou d’Il Sospetto RV 199. S’il ne souffre aucune critique quant à la technique, on peut, en revanche, reprocher à Hope de privilégier parfois l’effet sur la musicalité, donnant ainsi quelques accents aigres à son instrument qui cadrent mal avec le climat instauré par Vivaldi.


Le Concerto RV 273 est un des onze concertos pour violon écrits dans la délicate tonalité de mi mineur (Concertos RV 272 à RV 281). Merveille de coloris et de non-dits, c’est une œuvre subtile qui ne souffre aucun à peu près : Daniel Hope s’y montre très convaincant, jouant notamment le Largo avec une belle retenue, renforcée par les interventions millimétrées de la guitare baroque. En 1703 (ou 1705, la date fait encore débat), l’éditeur vénitien di Sala fait paraître l’Opus 1 de Vivaldi : une série de douze Sonates en trio pour deux violons et violone (contrebasse) ou clavecin. A l’instar de son aîné Arcangelo Corelli, Vivaldi inclut dans son ensemble une série de variations sur le thème en vogue de La Follia, danse espagnole hypnotique proche de la sarabande. Daniel Hope et Lorenza Borrani interprètent avec justesse ce morceau de bravoure où les atmosphères différentes (dix-neuf variations) se succèdent dans une rythmique resserrée.


Libellé également célèbre, La Tempesta di Mare est un titre donné à au moins quatre concertos de Vivaldi : le Concerto pour flûte à bec RV 98, le Concerto pour flûte traversière en fa majeur RV 433, le Concerto pour plusieurs instruments en fa majeur RV 570 et le présent opus pour violon solo (sans compter un Il Mare Tempesto RV 309 malheureusement perdu). Partition virtuose alliant rudesse technique et théâtralité des climats, elle est jouée avec une élégance tourbillonnante par Daniel Hope et ses partenaires, dans une ambiance néanmoins beaucoup plus apaisée que celle qu’ont pu adopter Fabio Biondi et Europa Galante chez Virgin Veritas.


Récemment tiré de l’oubli dans lequel il était totalement tombé, le drame Andromeda liberata fut vraisemblablement composé par Vivaldi en 1726 ; l’aria « Sovvente il sole » (« Souvent le soleil… ») a été retrouvé par le musicologue Olivier Fourès, en 2002, au Conservatoire Benedetto Marcello de Venise. Seul élément dont on soit certain qu’il ait été effectivement composé par le Prêtre roux, il servit de base à la reconstitution de l’ensemble (qui est peut-être l’un de ces multiples « pasticcio » en vogue au XVIIIe siècle), enregistré en première mondiale par Andrea Marcon chez Archiv Produktion. L’aria dont il s’agit est, pour l’essentiel, un dialogue entre une voix (initialement une haute-contre, ici une mezzo-soprano) et un violon, tous deux accompagnés par quelques instrumentistes. N’ayons pas peur de le dire : c’est le sommet absolu de ce disque ! Anne Sofie von Otter fait encore une fois montre de ses talents multiples : clarté de la diction, émotion qui transparaît à chaque instant, musicalité sans cesse en éveil… L’accompagnement est à la hauteur, à commencer par le violon de Daniel Hope, au bord de la rupture à chaque instant, dont le son plaintif (mais nullement larmoyant ou caricatural comme « savent » le faire certains) émeut de bout en bout. Bien que, ici encore, joué avec justesse et conviction, le Concerto en ré mineur RV 565 tiré du recueil L’Estro Armonico fait bien pâle figure, tant l’écho du morceau précédent emplit encore nos oreilles…


Au-delà des seuls amateurs de Vivaldi, un disque qu’il faut acquérir !


Le site de Daniel Hope


Sébastien Gauthier

 

 

 

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