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10/01/2008
Robert Schumann : Le Paradis et la Péri, opus 50
Dorothea Röschmann (la Péri), Christoph Strehl (le Récitant), Malin Hartelius (la Jeune Fille), Rebecca Martin (mezzo-soprano), Bernarda Fink (l’Ange), Werner Güra (le Jeune Homme), Christian Gerhaher (Gazna), Chœur et Orchestre de la Radio bavaroise, Nikolaus Harnoncourt (direction)
Enregistré à Munich (18-22 octobre 2005) – 101’10
Coffret de deux disques RCA 88697 27155 2 (distribué par Sony/BMG) – Notice et livret en allemand et en anglais






Le temps est loin où Nikolaus Harnoncourt jetait le trouble dans le monde de la musique. S’est-on habitué ? S’est-il assagi ? Le Paradis et la Péri de Schumann ne lui inspire pas, en tout cas, des audaces iconoclastes. Même s’il exploite, en bon « baroqueux », le pathétique de certaines situations, il dessine souvent, en particulier dans les premières mesures, des courbes gracieuses, que l’on qualifierait presque, si l’on se trouvait dans le répertoire français, de sulpiciennes. Mais le chef de théâtre sait bien que cet oratorio, qui tient de la ballade, touche aussi à l’opéra alors qu’il jette presque une passerelle entre la musique chorale du XVIIIe siècle et le drame wagnérien : dans l’ultime numéro, où jaillit la lumière de la rédemption pour la Péri bannie du paradis, s’esquisse déjà la jubilation d’Elsa à la fin du premier acte de Lohengrin. Voici en effet une histoire très romantique de déchéance et de salut, tirée de Lalla Roukh de Thomas Moore, qui fait évidemment aussitôt penser à la Marguerite de Goethe, que l’on retrouvera dans les Scènes de Faust. Harnoncourt bénéficie de surcroît de la richesse des timbres de l’Orchestre de la Radio bavaroise – et de son magnifique chœur. Il devrait donc rallier tous les suffrages, à ceci près que sa direction manque parfois de tension, comme si tout allait de soi dans cette partition lumineuse, qu’il tire peut-être un peu trop vers Mendelssohn sans y mettre cette touche d’orientalisme pittoresque essentielle à l’œuvre. Un John Eliot Gardiner (Archiv) semblait plus inventif et plus excitant, tandis qu’un Henryk Czyż (EMI), pourtant un peu appuyé, bénéficiait de solistes à la personnalité d’exception, comme Edda Moser, éblouissante, Brigitte Fassbaender et Nicolai Gedda. Ceux du chef néerlandais font partie de son habituelle écurie. Convenons en tout cas que Dorothea Röschmann trouve dans la Péri persane un de ses meilleurs emplois, où elle fait valoir un timbre rond – ce n’est pas toujours le cas quand elle chante certains rôles mozartiens -, une tessiture homogène, une composition émouvante – dans le « Verstossen » comme dans le « Freud’, ew’ge Freude » final. Le Récitant de Christopher Strehl, en revanche, paraît sec et routinier, très inférieur au Jeune homme de Werner Güra. Mais la Jeune Fille de Malin Hartelius est délicieuse, l’Ange de Bernarda Fink superbe et le Gazna de Christian Gerhaher phrase « Jetzt sank des Abends » avec un legato digne des meilleurs Liedersänger. Tout cela forme donc un très bel ensemble ; nous gardons cependant une tendresse pour Czyż et Gardiner, non sans déplorer la modestie du minutage.


Didier van Moere

 

 

 

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