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09/26/2008
Ludwig van Beethoven : Symphonies n° 1, opus 21, et n° 5, opus 67

Die Deutsche Kammerphilharmonie Bremen, Paavo Järvi (direction)
Enregistré à Berlin (31 août-1er septembre et 27-29 août 2006) – 54’51
SACD RCA 88697 33835 2 (distribué par Sony/BMG)






Directeur artistique de la Philharmonie de chambre allemande de Brême depuis 2004, Paavo Järvi a entrepris avec cette formation d’enregistrer les neuf Symphonies de Beethoven. Après les deux premiers volumes (Troisième et Huitième, Quatrième et Septième), dont la parution chez RCA avait suscité un accueil aussi enthousiaste qu’inattendu pour une entreprise somme toute assez peu originale, celui-ci associe les Première (1800) et Cinquième (1808). La sortie des trois dernières symphonies est annoncée pour 2009, l’orchestre et le chef devant d’ailleurs présenter l’intégrale en concert au Théâtre des Champs-Elysées du 28 au 30 mars prochain.


Ces interprétations passionnantes transcendent les querelles entre «anciens» et «modernes», associant un orchestre jeune (fondé en 1980) et de taille restreinte (vingt-huit cordes) avec un chef «traditionnel», une volonté de revenir aux sources de cette musique (y compris en se fondant sur la nouvelle édition Bärenreiter) avec une qualité instrumentale qui est trop souvent le point faible des «baroqueux». Il y a certes belle lurette que Weingartner, Toscanini, Szell ou Karajan (première manière) ont défendu un Beethoven alerte et dégraissé, mais Järvi adopte une démarche plus radicale, nettement affirmée dès la Première.


La poésie de l’introduction Adagio molto n’annonce en rien ce qui va suivre. Car si Järvi surprend en respectant de façon «intégriste» toutes les reprises dans le da capo du Menuetto, sa conception s’attache bien moins à mettre en valeur l’esprit encore haydnien de l’œuvre, comme se plaisent à le faire bon nombre de versions de toutes obédiences, qu’à en souligner le caractère dramatique et péremptoire, abrupt et parfois même heurté, aux accents bien marqués, jouant sur l’alternance rapide entre tension et détente: en un mot, on ne peut plus beethovénien.


Cette remise en cause des habitudes étonne sans doute encore davantage dans la Cinquième: des risques et des choix sans nul doute contestables, mais réussissant le pari de faire entendre du nouveau, à commencer par des détails qu’on n’imaginait plus découvrir dans une partition aussi connue. Le travail sur les phrasés et les sonorités, à l’image de celle des cors, n’est pas en reste, grâce à la précision, à la transparence et à la finesse des musiciens brêmois: quelle formidable clarté des basses dans les deux derniers mouvements!


Järvi ne traîne pas en chemin, va droit à l’essentiel: une direction «coup de poing», d’une urgence impérieuse, jamais lourde ou pompeuse, que ce soit dans l’Andante con moto, vraiment Andante et vraiment con moto, ou dans l’Allegro final, joyeux et conquérant. Une Cinquième au-delà du mythe que l’Histoire a créé autour d’elle, ou plutôt en amont de la naissance de ce mythe: le Beethoven qui a saisi le jeune Berlioz, s’imposant par l’élan et le sens de la conquête plus que par la masse. La Cinquième devient ainsi un avatar de l’Héroïque, «symphonie de révolution» plutôt que «symphonie du destin», pour reprendre la distinction opérée par la notice (en anglais, en allemand et – assez maladroitement traduite – en français, et où l’on apprendra par ailleurs que P. Järvi deviendra le «septième Music Director [sic] de l’Orchestre de Paris»).


Un disque dont l’excellence suscite en même temps une déception, tenant à sa brièveté, alors même qu’il aurait été aisé de le compléter par exemple avec des Ouvertures.


Simon Corley

 

 

 

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