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07/14/2008
Giuseppe Verdi : Messa da Requiem

Sharon Sweet (soprano), Florence Quivar (mezzo-soprano), Vinson Cole (ténor), Simon Estes (basse), Ernst-Senff-Chor, Berliner Philharmoniker, Carlo Maria Giulini (direction)
Enregistré à la Jesus-Christus-Kirche de Berlin (avril 1989) – 96’55
Deux disques Deutsche Grammophon 00289 477 7584 (distribués par Universal) – Notice trilingue (anglais, allemand, français) de James Hepokoski, Markus Engelhardt et Sylviane Falcinelli






A la fin du mois de janvier 1998, Carlo Maria Giulini donnait, à la tête de l’Orchestre de Paris, trois concerts qui devaient être ses derniers en France avec un programme unique : le Requiem de Verdi (lire
ici). Tous ceux qui ont eu la chance d’assister à ce moment exceptionnel se souviendront longtemps encore du Libera me déclamé par Julia Varady, guidée par la ferme gestique d’un chef qui connaissait intimement cette œuvre et pour qui le qualificatif de « religieux » avait une véritable traduction musicale…


Le chef italien a, en effet, toujours entretenu une profonde révérence à l’égard de cette composition majeure de Giuseppe Verdi (1813-1901) qu’il a officiellement enregistrée à quatre reprises. Ainsi, on compte trois versions gravées avec l’Orchestre Philharmonia : la première en concert le 5 août 1963 au Royal Albert Hall, la deuxième étant la célèbre version produite par Walter Legge, enregistrée en 1963 – 1964 (EMI Classics « Great Recordings of the Century »), et la dernière ayant également été prise en concert, le 26 avril 1964, au Royal Festival Hall de Londres.


Ce qui frappe en premier lieu dans la quatrième version qui nous est ici présentée, c’est la conception adoptée par Carlo Maria Giulini. La sauvagerie intense dont il avait précédemment pu faire preuve (la troisième version précédemment citée étant particulièrement illustrative à cet égard) a laissé place à une appréhension sage et humble, presque désolée. Ce changement passe notamment par des tempi larges, beaucoup plus retenus que lors de ses précédents témoignages : ainsi, le chœur du Dies Irae dure 2’30’’ alors qu’il ne faisait que 2’09’’ dans la version en concert de 1963. De même, le Lacrymosa fait-il ici 6’58’’ soit plus d’une minute de plus que dans le concert de 1964 ! Même si, naturellement, on ne le voit pas diriger, on sent la totale maîtrise dont fait preuve Giulini. Sachant varier les climats tout en veillant à la cohérence du discours musical, on admire tour à tour son sens des transitions, sa manière de faire ressortir certains traits instrumentaux (le basson au début de l’Offertorio) et, surtout, la grande noblesse qu’il insuffle à l’ensemble des protagonistes.


S’il n’y a pas lieu de s’étendre sur les évidentes qualités des musiciens (l’Orchestre philharmonique de Berlin étant ici à son meilleur), on ne peut passer sous silence la splendide contribution du Ersnt-Senff-Chor, qui réenregistrera l’œuvre sous la direction de Claudio Abbado trois ans plus tard avec l’Orchestre philharmonique de Vienne. Dès le Requiem introductif, on ne peut qu’admirer la délicatesse de la prononciation du « Et lux » ou du « Rex tremandae majestis » dans le Dies irae. Au diapason de l’orchestre, il manifeste une cohésion et une attention aux moindres inflexions de l’œuvre qui forcent l’admiration de bout en bout.


A l’instar du chef, les solistes sont des habitués du Requiem de Verdi. Ainsi, Florence Quivar et Vinson Cole avaient-ils donné l’œuvre quelques mois auparavant, en septembre 1988, sous la direction de Herbert von Karajan dans le cadre du Festival de Berlin (Vinson Cole l’ayant, en outre, déjà enregistré sous la direction du maître autrichien aussi bien pour le disque que pour la vidéo). La tenue des voix est ici admirable, la simplicité de la déclamation l’emportant sur l’excessive théâtralité que certains chanteurs adoptent parfois à mauvais escient. A qui souhaiterait être convaincu, il suffit d’écouter l’Offertorio, moment absolument sublime où l’émotion emplit la moindre note émise par chacun des quatre solistes…


Carlo Maria Giulini signe là une des plus grandes et, assurément, l’une des plus humaines versions du Requiem de Giuseppe Verdi. Bref, une acquisition à laquelle tout mélomane devrait se plier sans la moindre hésitation.


Sébastien Gauthier

 

 

 

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