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06/19/2008
Bohuslav Martinu : Symphonie n° 4, H. 305 – Estampes, H. 369 – Le Départ, extrait des «Trois souhaits», H. 175A

Orchestre national de Belgique, Walter Weller (direction)
Enregistré à Bruxelles (juillet 2007) – 61’44
Fuga libera ACD2 2339 (distribué par harmonia mundi)





Après un disque Glazounov (voir ici), le partenariat entre Fuga libera et l’Orchestre national de Belgique, avec son nouveau directeur musical, Walter Weller, se poursuit par un programme Martinu. Et la réussite est à nouveau au rendez-vous, dans trois œuvres se rattachant chacune à une période différente de la vie du compositeur tchèque et allant de l’inédit au (presque) grand répertoire, ou en tout cas à ce qui devrait l’être.


L’inédit, c’est l’interlude symphonique pour Les Trois souhaits (1929), un «opéra-film» en trois actes qui ne fut créé que douze ans après la mort du compositeur. L’enregistrement réalisé en 1990 pour Supraphon avait renoncé aux pages pour lesquelles l’aspect visuel paraissait un complément indispensable à la musique, notamment un interlude purement orchestral intitulé «Le Départ», correspondant au moment où, au dernier acte, les personnages traversent l’Atlantique pour se rendre à New York – un chemin d’exil que Martinu devait lui-même emprunter en 1940. Il s’agit ici d’une découverte captivante. Comme le souligne en effet fort justement Harry Halbreich dans une notice d’une exhaustivité et d’une érudition exemplaires (en néerlandais, français et anglais), ces onze minutes de musique s’inscrivent dans la lignée de trois précédentes pièces symphoniques de même format et, surtout, de même portée – Half-Time, La Bagarre et La Rhapsodie – et, à ce titre, méritaient impérativement d’être redécouvertes.


A l’opposé de cette époque marquée par le surréalisme, sacrifiant à l’irrésistible motorisme néoclassique, le dernier Martinu atteint une décantation et une sérénité que traduisent notamment les trois grands triptyques orchestraux de 1955-1958, éludant la dénomination de «symphonie» auquel il avait déjà préféré, pour la Sixième, celui de Fantaisies symphoniques. Venues après Les Fresques de Piero della Francesca et les Paraboles, les Estampes (1958) ont sans doute quelque peu souffert de cet imposant voisinage mais n’en constituent pas moins son testament orchestral: une dimension que quatre mois avant sa disparition, l’enregistrement vif et coloré de l’Orchestre de Louisville et Robert Whitney (repris par First edition), commanditaires de l’œuvre, ne pouvait ou ne voulait prendre en compte, à la différence de celui, plus précis et plus elliptique, de la Philharmonie tchèque et Jiri Belohlavek (1987, Supraphon). L’Orchestre national de Belgique et Walter Weller n’ont rien à envier à ces deux versions, même s’ils se situent sans doute plus près de la fougue de la première, notamment dans le mouvement final.


Tardivement venu au genre, comme Brahms, Martinu n’en a pas moins écrit ses cinq premières Symphonies coup sur coup, aux Etats-Unis, à raison d’une par an: le climat essentiellement radieux de la Quatrième (1945), à l’exception d’un poignant Largo comme un regard rétrospectif sur la tragédie qui venait de s’achever, correspond à l’espoir d’un retour en Europe, mais il dut rapidement déchanter face aux événements politiques et se résoudre à ne plus revoir sa patrie. Seule symphonie dont Ancerl n’a semble-t-il laissé aucun témoignage, cette Quatrième a déjà été bien servie au disque, sans compter les intégrales (Neumann, Rojdestvenski, Järvi, Flor, Thomson, Fagen, Valek), et ce de manière à la fois aussi différente que précoce: dès 1948, par Kubelik, avec la Philharmonie tchèque (IMG), qui l’enregistra ensuite avec Turnovsky (1965, Supraphon repris par Apex) et, à deux reprises, avec Belohlavek (1992, Chandos, puis 2003, Supraphon), tandis qu’Ansermet en laissa un témoignage en concert avec son Orchestre de la Suisse romande (1967, Cascavelle) et Weller lui-même avec l’Orchestre royal philharmonique de Liverpool (1979, EMI).


Ici, contrairement aux deux précédentes pages, la concurrence est donc rude. Cette interprétation n’en prend pas moins aisément sa place parmi les meilleures. Sans certes atteindre les références que demeurent Turnovsky et Belohlavek 1992, Weller s’impose, malgré une prise de son assez réverbérée qui met par ailleurs le piano très en avant, par un souci du détail qui ne nuit ni à l’ampleur du geste ni à la qualité du phrasé (Poco moderato, Largo). Mais ce qui domine dans la vision de l’ancien Konzertmeister de la Philharmonie de Vienne, c’est la façon dont il rend justice à l’élan qui caractérise la partition, que ce soit dans le trait acéré du Scherzo ou dans l’énergie, l’urgence presque fébrile qu’il imprime aux sections rapides (Poco allegro) du premier mouvement ou au finale.


Alors que la façon dont la France marquera, en 2009, le cinquantième anniversaire de la disparition de Martinu ne s’annonce pas digne du pays qui l’a accueilli entre 1923 et 1940 et dont son épouse était originaire, il faut en revanche saluer le splendide hommage à son talent que lui dédie ainsi la Belgique.


Le site de Fuga libera


Simon Corley

 

 

 

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