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06/05/2008
Gustav Mahler : Symphonie n° 6
London symphony orchestra, Valery Gergiev (direction)
Enregistré au Barbican Center, Londres (22 novembre 2007) – 77’11
Notice trilingue (anglais, français, allemand) de Stephen Johnson
Un SACD hybride LSO Live LSO0661 (distribué par Harmonia mundi)





A l’image d’une Première Symphonie publiée dans la même série et enregistrée deux mois plus tôt – au même endroit, avec la même formation (voir ici) –, ce nouvel enregistrement sur le vif de la Sixième symphonie de Mahler impressionne par la tenue franchement sensationnelle des musiciens londoniens, portés par la battue très cohérente d’un chef concentré et débordant d’énergie. On évitera la liste des superlatifs (que méritent, à l’écoute de ce disque fort bien capté, les musiciens d’un Orchestre symphonique de Londres irréprochable) pour en venir à l’essentiel : l’interprétation, plutôt que l’exécution.


Sans apporter rien de vraiment nouveau à la compréhension d’un chef-d’œuvre déjà bien servi par le disque, la conception à la fois tendue et limpide de Valery Gergiev souligne intelligemment l’originalité des phrasés, la radicalité du discours, la cohérence de la ligne musicale aussi. Traitée de la sorte, dans une veine plus énergique que métaphysique, la symphonie «Tragique» devient une sorte d’Oiseau de feu tout-électrique, à l’image d’une pochette figurant la foudre en train de s’abattre violemment sur un chiffre six, éclairé en lampe néon.


Cette approche trouvera certainement ses défenseurs, qui y découvriront de légitimes raisons de s’enthousiasmer. Tournant un peu en rond, certains passages laissent pourtant indifférents et finiraient même par décevoir tant la dynamique instrumentale semble prendre le pas sur le contenu mélodique. Filant à toute allure devant les panneaux moderato et ma non troppo, le bolide Gergiev néglige l’approfondissement des transitions, se situant donc aux antipodes de la vision d’un Bernard Haitink ou d’un Pierre Boulez. Ainsi l’Andante moderato, placé en seconde position (choix sur lequel on pourrait disserter des heures durant), est parfois «terre-à-terre», en mal d’inspiration par moments. Au tempo plus retenu et aux traits marqués de façon souvent spectaculaire, le Scherzo: Wuchtig, trop marcato peut-être, intéresse par son prosaïsme grinçant et assumé. Grand galop symphonique qui semble s’emballer sans fin, le Finale : Allegro moderato apparaît aussi explosif que mécanique voire lisse, et ce malgré (ou à cause de) la confondante perfection instrumentale offerte par la formation britannique, la cavalcade orchestrale n’empêchant pas d’occasionnelles chutes de tension.


Ces nuances sont à la fois légères et fondamentales. Elles doivent être rapportées à la conception que chacun peut s’être forgée d’une œuvre aussi difficile d’approche que la Sixième Symphonie de Mahler, dont Valery Gergiev et les musiciens de l’Orchestre symphonique de Londres offrent une interprétation virtuose et lumineuse : trop belle pour être vraie, trop brillante pour durer.


Gilles d’Heyres

 

 

 

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