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05/19/2008
Sofia Goubaïdoulina : Passion und Auferstehung Jesu Christi nach Johannes : I Johannes-Passion, II Johannes-Ostern

Julia Sukmanova (soprano), Corby Welch (ténor), Bernd Valentin (baryton), Nicholas Isherwood (basse), Gächinger Kantorei Stuttgart, Kammerchor der Musikhochschule Trossingen, Radio-Sinfonieorchester Stuttgart des SWR, Helmuth Rilling (direction)
Enregistré à la Liederhalle de Stuttgart, Beethovensaal (16 et 18 février 2007) – 121’36
Deux disques Hänssler Classic CD 98.289 (distribués par Intégral) – Notice de présentation contenant les deux livrets en allemand et en anglais





Commande de l’Internationale Bachakademie de Stuttgart dans le cadre de l’Année Bach qui célébrait le deux cent cinquantième anniversaire de la mort du compositeur, la Passion selon saint Jean de Sofia Goubaïdoulina (née en 1931) fut créée à Stuttgart dans sa première version en russe en septembre 2000. La compositrice avait déjà formé le projet de l’oratorio Pâques selon saint Jean en tant que seconde partie d’une même œuvre, et la première version en russe de l’ensemble eut lieu à Hambourg en mars 2002. La version captée ici est la version «revisitée» (2006) des deux parties adaptées en langue allemande, donnée sous la direction de Helmuth Rilling à Stuttgart quelques jours après la création à Dresde en février 2007. Johannes-Passion et Johannes-Ostern sont réunis sous le titre Passion und Auferstehung Jesu Christi nach Johannes.


Pour les textes de la Passion selon saint Jean, sombre, sismique ou délicatement émouvante, et du plus lumineux mais toujours redoutable Pâques selon saint Jean, Sofia Goubaïdoulina elle-même a choisi et juxtaposé des extraits de la Bible, principalement de l’Evangile selon saint Jean et de l’Apocalypse. Ils constituent le récit de la Passion et de la Résurrection doublé de son expansion mystique et traversé d’alléluias et de trois courtes phrases, noèmes essentiels repris comme des antiennes, citations de saint Jean, de l’Apocalypse et de la liturgie orthodoxe. C’est à Hans-Ulrich Duffek que l’on doit l’adaptation de ces textes en allemand.


L’ensemble, pour quatre solistes (soprano, ténor, baryton, basse) et deux chœurs, demande des forces orchestrales très importantes (bois par quatre, cuivres, dont des «Wagner-Tuben», par trois) avec piano amplifié, orgue et une section de percussion nécessitant de six à huit (pour la seconde partie) percussionnistes. La compositrice a recours aux tutti aux moments les plus dramatiques mais la richesse de la composition repose davantage sur les effets de tension et les multiples nuances de couleur, fortes ou délicates, qu’offrent les timbres de groupes instrumentaux savamment composés, plus ou moins importants ou restreints. L’orchestre devient ainsi le métatexte des livrets, suggérant un sens profond au-delà des paroles.


Bien qu’elle n’attribue pas de rôles précis aux participants, la composition, voix et orchestre, reste une puissante dramatisation non seulement des faits mais de pensées et d’images visionnaires. On peut trembler confronté aux foudres cataclysmiques du tutti, s’émouvoir du doux solo de violon, introduction de Pâques selon Saint Jean, s’effrayer des vociférations et clameurs de la foule condamnant Jésus, se joindre aux antiennes lancinantes du chœur, s’étourdir des chorals de «Wagner-Tuben», goûter les mondes sonores des percussions, ire, menace, carillon ou arc-en-ciel, ou encore se délecter de la splendeur des chœurs, psalmodiant ou créant une polyphonie souvent complexe, les pupitres divisés, tuilés et en contrepoint des solistes et de l’orchestre. On peut éventuellement trouver que certains effets semblent grossis ou trop attendus mais ce serait passer à côté du sublime de cette œuvre monumentale qui appelle une adhésion de tout instant à la musique et au texte. La direction cohésive et enflammée de Helmuth Rilling aide en cela tout comme les qualités et l’engagement des deux chœurs et des musiciens de l’Orchestre radio-symphonique de Stuttgart. Pour la première partie, on peut préférer la version de Gergiev (Hänssler, 2001), plus russe, les cloches plus liturgiques s’intégrant davantage à la texture orchestrale, mais la version de Rilling est inspirée.


Le récit est le plus souvent mené par un récitatif de basso profundo dont l’importance en taille prédomine de loin les parties confiées aux solistes. Privée de la résonance sombrement veloutée des basses russes telle celle de Gennadi Bezzubenkov, soliste de la version russe de la Passion selon saint Jean, on peut, dans la durée, trouver un peu lassante la prestation plutôt sèche de Nicholas Isherwood, tellement plus à l’aise dès que la partition fait appel au medium de son registre. En rehaut slave du récitatif, la voix de ténor agréablement léger de Corby Welch, en est le contrepoint stylistique, troublant et sensible. Johannes-Ostern demande plus à la soprano que Johannes-Passion et les interventions de Julia Sukmanova frappent par leur caractère excessif qui ajoute au terrible des visions apocalyptiques au style plus libre qui, lors des deux parties, échoient en majorité à la voix de baryton riche et expressive de Bernd Valentin.


En plus de la force et de l’intensité de son inspiration musicale, Sofia Goubaïdoulina exprime ici toute la profondeur de sa foi et l’importance capitale qu’elle accorde au domaine spirituel – on n’oublie pas les anciennes contraintes qui lui imposaient une expression plus oblique.


Sofia Goubaïdoulina sur le site de l’IRCAM
Le site de Helmuth Rilling


Christine Labroche

 

 

 

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