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05/12/2008
Aubert Lemeland : L’Automne et ses envols d’étourneaux..., opus 144 – L’Hiver qui vient..., opus 140 – American Epitaph, opus 147 (*) – Concertino grosso, opus 127 – Hommage à Jean Rivier, opus 134
Solange Chefson (harpe), Jean-Louis Homs (cor anglais), Claude Roubichou (flûte), Alexandre Kapchiev (violon), François Jeandet (alto), Pascal Gessi (violoncelle), Chœur de femmes de l’Ensemble vocal Francine Bessac, Francine Bessac (chef de chœur), Ensemble instrumental de Grenoble, Marc Tardue (direction)
Enregistré à la Salle Olivier Messiaen, Grenoble (mars 1991) et en direct au Grand Auditorium de Radio France (mars 1991) (*) – 63’29
Skarbo SK 3913 12 20.56 (distribué par Intégral) – Notice de présentation en français, anglais et allemand
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Les cinq œuvres recueillies ici sont pénétrées de la mélancolie des brumes d’automne, de la nostalgie des joies de saisons passées et des regrets pour les amis disparus. Elles sont issues de la collaboration fructueuse établie entre Aubert Lemeland (né en 1932), compositeur en résidence, et Marc Tardue, chef américain d’origine franco-italienne, chef principal de l’Ensemble instrumental de Grenoble entre 1985 et 1995. Composées ou créées entre 1987 et 1991, ces pièces sont toutes pour orchestre à cordes à pupitres souvent divisés et ont en commun un ancrage tonal et un choix de tempi à dominance modérée ou lente. L’une d’entre elles, hommage à Aaron Copland, témoigne en même temps de l’admiration que Lemeland porte aux compositeurs américains des générations d’Ives à Schuman et de l’influence qu’ils ont eue sur lui, compositeur atypique ouvert à la modalité mais fermé aux aventures sérielles de son époque.
Les jeunes solistes concertants, membres de l’Ensemble instrumental ou de l’Orchestre national du Capitole de Toulouse, mènent avec intelligence et sensibilité leur rôle en contrepoint de l’orchestre ou en fusion lors de quatre œuvres de la sélection qui associent aux cordes jusqu’à quatre instruments concertants – émaux du vermeil orchestral. Le Concertino grosso est presque un concerto pour flûte en trois mouvements mais les volutes d’un violon et de deux altos se mêlent à celles de la flûte en élaboration du tissu diapré des cordes. La voix troublante du cor anglais rend plus désolé encore le climat de L’automne et ses envols d’étourneaux..., la harpe marquetant les glissements de cordes. Lors de L’Hiver qui vient..., cantate pour voix de femmes, deux hautbois, harpe et orchestre à cordes, d’emblée les hautbois dessinent plus nettement encore que la harpe les nervures vives de la mélopée méditative des voix et cordes éplorées, l’ensemble tout à fait dans la note du poème de Jules Laforgue. Le chœur de voix de femmes de l’Ensemble vocal Francine Bessac, distant et diaphane, accentue la dimension irréelle de la pâleur hivernale.
American Epitaph, écrite à la mémoire d’Aaron Copland, est une œuvre pour violon, alto, violoncelle et orchestre à cordes. L’ensemble reste aux cordes comme Lemeland l’a voulu aussi pour le puissant Hommage à Jean Rivier, pour orchestre à cordes sans autre indication, et c’est peut-être lors de ces deux œuvres que l’heureuse complexité de son écriture modale pour cordes transparaît avec le plus de force. On pense parfois à Hindemith, Barber, Schuman, Britten, on pense aux cordes baltes, mais, d’une grande densité musicale, ces deux œuvres ont leur caractère propre, l’hommage à Copland, poignant, aux balancements nostalgiques et tristes, l’éloquent hommage à Rivier, tendu, les intenses frémissements des cordes l’expression d’un profond regret.
Marc Tardue et les musiciens de l’Ensemble instrumental de Grenoble, convaincus et convaincants, livrent une interprétation loyale à l’articulation soignée, privilégiant peut-être la douceur à la force, mais non sans veiller à la clarté des textures orchestrales.
Christine Labroche
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