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05/03/2008
Franz Schubert : Wanderer Fantasie, D. 760– Der Doppelgänger (extrait de «Schwanengesang»), D. 957 n° 13, et Die Nebensonnen (extrait de «Winterreise»), D. 911 n° 23 (transcriptions Liszt)
Franz Liszt : Après une lecture de Dante (extrait de la deuxième «Année de pèlerinage»)
Richard Wagner : Ouverture de «Tannhäuser» (transcription Liszt)

Ferenc Vizi (piano)
Enregistré au Théâtre de Cambrai (juin 2007) – 64’01
Satirino SR071 (distribué par Harmonia mundi)



Né en 1974, le pianiste roumain Ferenc Vizi fait partie de ces jeunes talents qui commencent à jouir, dans les milieux musicaux, d’une réputation flatteuse mais encore très confidentielle. On forme le souhait que sa carrière touche le public le plus vaste, tant cet album donne le sentiment d’un pianiste doté d’une riche personnalité et d’une sensibilité artistique teintée de réflexion et de culture. Belle occasion de découvrir Ferenc Vizi, ce disque n’en constitue pourtant pas le meilleur support, principalement en raison d’une prise de son très terne qui étouffe un Steinway ne demandant qu’à chanter et résonner plus naturellement. Cette captation si pâle est d’autant plus regrettable que l’éditeur prend soin de présenter un bel objet assorti d’un livret de grande qualité.


Banale mais féconde, l’association «Schubert/Liszt» offre toujours d’infinies possibilités de combinaisons et d’associations, celle consistant à développer le thème du voyage – plus singulièrement celui de l’errance du voyageur – n’étant pas la moins pertinente. Titre de l’album, le «Voyage» auquel nous convie Ferenc Vizi parcourt tout à la fois les lieder schubertiens, l’enfer dantesque et le Venusberg wagnérien: le pianiste roumain bâtit ainsi un programme pour le moins exigeant qu’il envisage ouvertement comme «une œuvre théâtrale en cinq tableaux», constituant en quelque sorte les étapes d’une «quête mystique, à la recherche de réponses dont on ne connaît même pas les questions», «imaginant un personnage avec une main légèrement levée, interrogative, et le regard qui monte lentement mais inéluctablement vers le ciel».


Pouvant prêter à sourire, la candeur des mots disparaît devant l’évidence des gestes et des phrasés. Doté d’un belle technique, Ferenc Vizi réussit à décanter brillamment des pièces aussi fréquentées que la Wanderer Fantasie ou Après une lecture de Dante en leur appliquant un traitement dynamique, que l’on pourra néanmoins juger un peu brutal ou heurté par moments. Si l’on aimerait que la ligne musicale soit parfois plus fluide, la transcription lisztienne de l’ouverture de Tannhäuser est bien conduite et débouche sur une Bacchanale assez captivante, de la même manière que la Wanderer Fantasie monte en puissance jusqu’à un Allegro emballant (davantage con fuoco qu’au début).


Mais là où le jeune pianiste se révèle le plus convaincant, c’est finalement dans les pages les moins fréquentées (Schubert/Liszt), où son jeu poétique réussit à rendre magnifique et triste la transcription du Doppelgänger du Chant du cygne – peut-être le sommet de ce disque – et à figurer des «soleils fantômes» calmes mais pas vraiment apaisants, comme noyés dans les larmes d’un Wanderer poursuivant un bonheur toujours en fuite. Tout cela achève de convaincre que Ferenc Vizi nous entraîne, d’abord et avant tout, dans un voyage intérieur.


Le site de Ferenc Vizi
Le site de Satirino


Gilles d’Heyres

 

 

 

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