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05/03/2008
Johann Sebastian Bach : Concerto pour clavecin et orchestre en ré mineur, BWV 1059
Carl Philip Emanuel Bach : Concerto pour violoncelle et orchestre en la majeur, Wq. 172 – Symphonie en ut majeur, Wq. 182/3
Wilhelm Friedemann Bach : Concerto pour flûte traversière et orchestre en ré majeur, BR WFB C 15

Atsushi Sakaï (violoncelle), Jocelyn Daubigney (flûte), Les Talens lyriques, Christophe Rousset (clavecin et direction)
Enregistré au Temple Saint-Pierre, Paris (janvier 2007) – 61’24
Ambroisie AM 125 (distribué par Naïve) – Notice bilingue (français, anglais) de Gilles Cantagrel



Peut-on être compositeur en ayant un père qui s’appelle Jean-Sébastien Bach ? La question se pose depuis 1750 et n’a toujours pas trouvé de réponse définitive. Au-delà des disques (de plus en plus nombreux) consacrés à tel ou tel fils du Cantor de Leipzig, plusieurs ont déjà réhabilité, si besoin était, l’ensemble de la famille Bach : signalons notamment les «Double concertos by Bach’s sons» réalisés sous la double houlette de Nikolaus Harnoncourt et Gustav Leonhardt (Teldec), les deux albums «Bachiana» gravés par Reinhard Goebel et son ensemble Musica Antiqua Köln (Archiv) ainsi que les «Motets et cantates de la famille Bach» dirigés notamment par Philippe Herreweghe (Ricercar). Christophe Rousset et Les Talens lyriques apportent leur jalon dans un disque réunissant ici des œuvres de Wilhelm Friedemann et Carl Philipp Emanuel Bach.


Cette nouvelle anthologie débute pourtant par le Concerto pour clavecin et orchestre en ré mineur BWV 1059 du père, Jean-Sébastien, preuve qu’il est difficile de parler des fils sans faire référence à la figure tutélaire. Présenté dans l’excellente notice de Gilles Cantagrel comme étant à l’origine un concerto pour violon, hautbois et cordes, d’autres études y voient plutôt l’avatar d’un concerto pour hautbois, également en ré mineur, remontant à l’époque où Bach était musicien à la Cour de Weimar (1708–1717). Composé vraisemblablement en 1739, il comporte deux mouvements rapides liés entre eux par une brève et lente transition. Même s’il est beaucoup moins célèbre que les concerti BWV 1052 à 1056, il mérite une oreille attentive en raison notamment d’un deuxième mouvement psalmodique très justement interprété par Christophe Rousset (qui dirige à cette occasion du clavier).


Carl Philipp Emanuel Bach (1714–1788) est sûrement le fils le plus connu et le plus talentueux du grand compositeur. Il composa une cinquantaine de concerti pour clavier dont certains furent transcrits pour d’autres instruments, notamment le violoncelle. Le Concerto en la majeur Wq. 172 fait ainsi partie d’un ensemble de trois concerti pour clavecin composés en 1750. Si le jeu du violoncelliste Atsushi Sakaï est à la fois vif et convaincant dans les mouvements rapides, on regrette qu’il cède à un certain pathos dans le Largo, contrairement à la retenue dont peut faire par exemple preuve Anner Bylsma (Virgin). La Symphonie en ut majeur Wq 182/3 fait, quant à elle, partie d’un ensemble de six symphonies pour cordes et continuo, parfois appelées Symphonies hambourgeoises, composées en 1773 à la demande du Baron van Swieten (l’auditeur curieux pourra d’ailleurs écouter l’intégrale de ces symphonies dans la version gravée par Hartmut Haenchen et le Kammerorchester Carl Philipp Emanuel Bach chez Capriccio). Les Talens lyriques, conduits avec précision par Christophe Rousset, s’y montrent d’une grande virtuosité, mettant notamment en exergue les nombreux traits d’humour et les délicates ruptures exigés par le compositeur.


Wilhelm Friedemann Bach (1710–1784), fils aîné de Jean-Sébastien Bach, organiste génial, est le troisième compositeur auquel ce disque rend hommage. Son Concerto pour flûte traversière et orchestre en ré majeur BR WFB C 15 daterait des années 1775. De grande dimension (ce concerto durant plus de vingt-deux minutes), il est superbement interprété par Jocelyn Daubigney qui mêle avec un grand naturel virtuosité et musicalité, épaulé par des musiciens aux petits soins, irradiés il est vrai par la formidable énergie que leur insuffle Christophe Rousset. Au total, ce disque constitue une belle réussite qui devrait inciter les mélomanes à s’engager davantage dans la découverte des compositions, moins anecdotiques qu’on veut bien le croire, des fils de Jean-Sébastien Bach.


Sébastien Gauthier

 

 

 

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